Les mesures barrières visant à contrôler la diffusion du SARS-CoV-2 et les actions recommandées dans le Plan canicule ne sont pas incompatibles et doivent s’appliquer simultanément. Le contexte de l’épidémie impose cependant que ces dernières soient adaptées dans certains cas. Il convient tout particulièrement d’être vigilant sur les modalités du diagnostic et la prévention des complications liées à certains traitements.
Établissement du diagnostic
Les vagues de chaleur pourraient aggraver la déshydratation déjà associée au Covid-19 (fièvre, pertes digestives), surtout chez les patients dont le système sudoripare est défaillant (sujets âgés, insuffisants cardiaques, personnes souffrant de pathologies du système nerveux central, de diabète et/ou prenant des psychotropes).
Néanmoins, il est possible que le patient ne soit atteint que par une seule de ces pathologies : l’établissement du bon diagnostic est donc fondamental pour éviter toute perte de chance de prise en charge rapide du fait :
– de thérapeutiques disponibles dans les pathologies liées à la chaleur, d’autant plus efficaces que précocement mises en œuvre ;
– d’un pronostic (impactant potentiellement la décision de transfert ou non en réanimation) différent en fonction de la présence ou non d’une infection par le SARS-CoV-2, notamment chez les plus vulnérables.
Or les problématiques suivantes peuvent compliquer le diagnostic :
– si la sécheresse jugale et les éléments biologiques permettent rapidement d’identifier une déshydratation, le diagnostic différentiel entre coup de chaleur et Covid-19 n’est pas évident du fait de signes cliniques communs, en particulier chez les sujets âgés ;
–en cas d’alerte pollution concomitante à une vague de chaleur, le diagnostic différentiel entre Covid-19 et déclenchement ou aggravation d’une atteinte respiratoire liée à la pollution peut s’avérer complexe ;
– le scanner thoracique injecté, potentiellement nécessaire dans la démarche diagnostique d’une complication thrombotique liée à l’infection par le SARS-CoV-2 (embolie pulmonaire, notamment) peut se compliquer d’une insuffisance rénale aiguë en cas de déshydratation non préalablement diagnostiquée et corrigée.
Compte tenu de ces éléments, il est recommandé que la démarche diagnostique du Covid-19 ne retarde pas la mise en œuvre de la prise en charge de la pathologie liée à la chaleur qui reste le diagnostic à considérer jusqu’à preuve du contraire. Cette prise en charge doit se faire dans le respect des mesures barrières. Par ailleurs, les dispositifs d’aide au diagnostic et à la prise en charge des personnes vulnérables (hotlines gériatriques, centres ressources maladies rares, plateformes handicap, ...) créés ou renforcés depuis l’épidémie de Covid-19 doivent être maintenus et leur appui étendu à la prévention et la prise en charge des pathologies liées à la chaleur.
Prévention des complications liées à certains traitements
Utilisé à visée symptomatique dans l’infection par le Covid-19, le paracétamol est contre-indiqué en cas de coup de chaleur, car inefficace et potentiellement délétère (aggravation de l’atteinte hépatique/des troubles de la coagulation). À ce titre, il est recommandé de proscrire toute automédication par paracétamol en cas de fièvre et de contexte de vague de chaleur (la prise de paracétamol doit être validée par un professionnel de santé).
Il faut, par ailleurs, favoriser autant que possible la prise en charge des patients Covid-19 dans des chambres climatisées en vue de faciliter le respect du port des équipements de protections par les professionnels.
Dispositions relatives au lieu de vie de la personne
Il recommandé de veiller au renouvellement de l’air dans tous les lieux de vie, quels qu’ils soient. Dans le contexte de Covid-19 et en période de forte chaleur, l’aération des milieux confinés, au minimum pendant 10 à 15 minutes 2 fois par jour, doit être réalisée dès lors que la température extérieure est inférieure à la température intérieure. Ces préconisations restent valides même en cas de pic de pollution associé. L’utilisation d’un ventilateur est préconisée, y compris en association avec une brumisation, si, et seulement si, il n’y a qu’une personne dans la pièce ; dans les espaces collectifs de petit volume (notamment salles de classe, établissements pour personnes âgées, etc.), clos ou incomplètement ouverts, l’utilisation de ventilateur à visée de brassage/rafraîchissement de l’air est contre-indiquée dès lors que plusieurs personnes, même porteuses de masques, sont présentes dans cet espace.
Pour télécharger la fiche
Ministère des Solidarités et de la Santé, Recommandations relatives à la prise en charge des patients en cas de forte chaleur dans le contexte de l’épidémie Covid-19, 25 mai 2020.
L. M. A., La Revue du Praticien