Plusieurs cas de réactivation des virus de l’herpès et en particulier du VVZ (varicelle-zona) après une vaccination anti-Covid ont été rapportés depuis le début de la campagne dans de nombreux pays. Que disent les dernières données de pharmacovigilance ? Quelles sont les caractéristiques de ces réactions ? Les traitements immunosuppresseurs peuvent-ils les favoriser ?

 

Ces cas de réactivation herpétique concernent majoritairement les vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna), pour lesquels d’autres réactions cutanées sont également connues (en particulier, le « bras Covid » après Moderna).

En France, le zona après une vaccination anti-Covid fait partie des « signaux potentiels » sous surveillancepar l’ANSM pour les vaccins Pfizer, Moderna et Janssen, mais le lien avec les vaccins n’est pas formellement établi.

Pour Comirnaty (Pfizer), les derniers rapports de pharmacovigilance répertorient 528 cas de zona parmi les événements indésirables graves, depuis le début de la campagne et jusqu’en novembre 2021. Parmi eux, 40 ont fait l’objet d’une hospitalisation et 1 a été suivi d’un décès. Pour la dose de rappel spécifiquement : 47 cas ont été rapportés au total (Focus mensuel n° 5, données jusqu’au 3 février).

Chez les enfants 5-11, 1 cas de zona au niveau cervical et du cuir chevelu à J2 après vaccination a été noté chez un garçon (un délai de survenue qui serait peu en faveur du rôle du vaccin, d’après le CRPV).

Concernant Spikevax (Moderna), depuis le début de la campagne vaccinale et jusqu’en février 2022, 69 cas de zona ont été répertoriés parmi les cas graves ; après la dose de rappel, 7 cas ont été rapportés (Focus mensuel n° 5, données au 3 février 2022).

Quatre cas français (survenus en primovaccination) ont été récemment détaillés dans les Annales de dermatologie et de vénéréologie :

– Une femme de 39 ans a eu un érythème cutané au niveau du visage avec œdème périorbitaire après sa 1re dose de Pfizer, évoluant pendant 5 jours ; elle avait comme antécédent un psoriasis traité par guselkumab (dont la dernière injection datait de 5 semaines avant le vaccin). Traitée par valaciclovir, l’éruption disparut en 3-4 jours ; la PCR cutanée était négative pour le VVZ, mais positive pour le virus herpès simplex 1 (HSV-1).

– Un homme de 70 ans avec un myélome sous traitement, déjà suivi pour une dermatite eczémateuse traitée par corticostéroïdes topiques, a développé un zona sur le bras droit (présence de VVZ confirmée par PCR) 10 jours après vaccination par Pfizer, traité efficacement par valaciclovir.

– Une femme de 63 ans avec un antécédent de varicelle dans l’enfance et ayant une arthrite rhumatoïde traitée par étanercept depuis 10 ans a développé un zona sur l’abdomen 1 jour après la 1re dose d’AstraZeneca ; l’éruption s’est résolue spontanément en 7 jours.

– Une femme de 51 ans avec des antécédents d’herpès palatin récidivant a eu un zona sur le cuir chevelu suivi d’une douleur au visage 2-3 semaines après la 1re dose de Pfizer.

Les auteurs pointent un possible effet immunomodulateur des vaccins anti-Covid sur la réactivation des virus de l’herpès.

Un effet immunosuppresseur concomitant de certaines biothérapies pourrait également être en cause (comme dans deux des cas cliniques décrits) : c’est pourquoi les auteurs recommandent, lorsque l’initiation d’une biothérapie et la vaccination sont prévues simultanément ou de façon rapprochée, de faire (dans la mesure du possible) d’abord le vaccin (ou au moins la dose initiale, si primovaccination), puis de commencer la biothérapie.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

Kluger N, Klimenko T, Bosonnet S. Herpes simplex, herpes zoster and periorbital eythema flares after SARS-CoV-2 vaccination: 4 cases.Ann Dermatol Vénéréol 2022;149(1):58-60.

ANSM. COVID-19 – Suivi des cas d’effets indésirables des vaccins. Données de pharmacovigilance, période du 28/01/2022 au 10/02/2022. 18 février 2022.