Que disent les dernières recommandations sur la prise en charge des dyslipidémies en prévention primaire ?
Si l’évaluation du risque reste fondée sur le diagramme SCORE (Systematic COronary Risk Evaluation) les nouvelles recommandations de l’European Society of Cardiology publiées en 2019 insistent sur l’importance de l’escalade thérapeutique afin d’atteindre la cible de LDL-cholestérol (LDLc). Par ailleurs, elles fixent de nouvelles cibles de LDLc et rappellent l’importance de l’imagerie pour estimer le risque (échocardiographie doppler carotidienne et/ou fémorale, et mesure du score calcique coronaire au scanner) chez les patients à risque bas à intermédiaire.
À titre d’exemple, pour une femme fumeuse de 40 ans sans autre facteur de risque cardiovasculaire, la cible de LDLc était < 1,90 g/L selon les recommandations ESC 2016 et à présent < 1,16 g/L ; autres cas de figure : un homme de 60 ans fumeur et hypertendu équilibré sous traitement (ayant donc un risque modéré) a toujours la même cible de LDLc à < 1 g/L, mais un homme de 35 ans sans facteur de risque cardiovasculaire mais un LDLc > 1,90 g/L doit bénéficier d’emblée d’un traitement anticholestérol par statine en 1re intention en plus des règles hygiéno-diététiques.
Quelles sont les dernières avancées concernant les statines ?
Le projet européen METACARDIS, coordonné par le Pr Karine Clément à l’Inserm, a évalué le rôle potentiel du microbiote intestinal dans les maladies cardiométaboliques. L’étude, sur une cohorte de 2 000 patients, a montré une prévalence plus élevée de bactérioïdes du microbiote intestinal – « mauvaises bactéries » associées à une inflammation systémique importante – chez les obèses par rapport aux patients ne l’étant pas. Après les analyses en sous-groupes (selon les traitements pris par les volontaires), il a été constaté que, chez les patients obèses sous statines, la prévalence de ces bactérioïdes était plus proche de celle des sujets non obèses.
Les statines pourraient-elles avoir une action bénéfique sur le microbiote intestinal ?
C’est la question à laquelle tente de répondre l’essai clinique METASTATINE promu par la Société française de cardiologie que nous menons actuellement dans notre service. Cette étude vise à comparer en double aveugle l’action de l’atorvastatine contre placebo, à l’introduction du traitement puis 6 semaines plus tard chez des patients de 18 à 75 ans pour lesquels un traitement anticholestérol est indiqué en prévention primaire.
Pour recruter vos patients : contacter le Centre d’investigation clinique de la Pitié-Salpêtrière au 01 42 17 85 33 ou par email : bruno.pinna@aphp.fr; paul.gougis@aphp.fr
https://www.aphp.fr/actualite/lessai-clinique-metastatine-recrute-100-patients
Propos recueillis par Cinzia Nobile, La Revue du Praticien