Elle avait déjà préconisé que les conséquences chez les soignants contaminés par le SARS-CoV-2 dans l’exercice de leur métier soient prises en charge au titre des accidents du travail ou, à plus long terme, au titre des maladies professionnelles indemnisables – ce qui été acté fin avril par le ministre des Solidarités et de la Santé. Elle réaffirme aujourd’hui la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de cette disposition (notamment en cas de décès laissant certaines familles dans une situation matérielle difficile), étant donné qu’elle se réfère à un tableau de maladies professionnelles qui n’est pas encore paru au Journal officiel.
Par ailleurs, rappelant le climat d’angoisse dans lequel médecins, infirmiers et aides-soignants ont dû exercer (sous la menace permanente d’un manque de lits, de locaux, de médicaments, de professionnels qualifiés et de dispositifs de protection pour les malades aussi bien que pour le personnel soignant ; répercussion du nombre important de décès sur leur moral), l’Académie souligne que des troubles psychologiques se manifestent chez de nombreux soignants, en particulier une fois la crise passée, au moment de la décompression : hyperémotivité, niveau d’anxiété élevé, insomnies, voire syndrome de stress post-traumatique avec une incoercible répétition diurne et nocturne (cauchemars) des souvenirs les plus pénibles et une angoisse de mort. Méconnaître cette complication ferait le lit de troubles psychiques ultérieurs, entraînant l’incapacité à rester dans une profession de soins.
Enfin, dans la phase actuelle de fin d’épidémie, une attention particulière doit être portée à l’accompagnement des soignants confrontés au Covid-19 en soins intensifs, après les semaines au cours desquelles leurs capacités de résilience ont été durement mises à l’épreuve.
Dans cette perspective, l’Académie recommande :
– un examen médical systématique par les médecins de prévention, à renouveler pendant 3 ans, pour identifier d’éventuels symptômes psychiques apparus après la phase aiguë de la crise sanitaire et proposer une prise en charge adaptée ;
– la prescription, aussi souvent que justifié, de mesures thérapeutiques telles que des aménagements transitoires des conditions de travail ;
– que l’employeur, à l’issue de la crise, manifeste son attention aux besoins de soutien de ces personnes, en mettant en place des outils de promotion de la santé mentale tels que les groupes de paroles et les activités physiques ;
– que l’organisation et les conditions de travail dans les structures de soins intensifs soient réévaluées et améliorées ;
– une prise en charge rapide au titre des accidents imputables au service pour les agents de l’État ou au titre des accidents du travail pour les autres salariés ou indépendants.
Pour en savoir plus
Suivi des soignants impliqués dans la prise en charge de la Covid-19, communiqué de l’Académie nationale de médecine, 8 juin 2020.
L. M. A., La Revue du Praticien