Après une méta-analyse qui lui a permis de confirmer la bonne sensibilité des tests PCR sur prélèvement salivaire, la Haute Autorité de santé élargit leurs indications. Auparavant réservés aux patients symptomatiques pour qui le prélèvement nasopharyngé ne serait pas possible, ils sont désormais utilisables aussi chez les cas contact (comme pour les patients symptomatiques, en seconde intention, soit pour les patients chez qui le prélèvement nasopharyngé n’est pas envisageable), et en première intention pour les dépistages ciblés à large échelle, en particulier lorsqu’ils sont amenés à être régulièrement répétés (écoles, universités, établissements de santé, Ehpad…). 

 

Les premières opérations de ce type ont déjà démarré : par exemple, l’AP-HP réalise le 11 et 12 février des opérations pilote de dépistage avec tests salivaires dans les établissements scolaires de Paris, Vincennes et Vitry-sur-Seine, à la demande de l’Agence régionale de santé Île-de-France. Le but est de construire des protocoles de dépistage qui pourront être généralisés, comme l’indique la HAS, à d’autres établissements scolaires et universitaires et aux établissements de santé. Ces opérations apporteront également des informations sur les taux de participation, qui pourraient être beaucoup plus élevés que pour des dépistages reposant sur le prélèvement nasopharyngé, plus désagréable.

La HAS recommande aussi d’explorer l’utilisation de cette technique pour des tests « poolés », surtout dans le contexte de ces dépistages itératifs de grande échelle.

La sensibilité de la PCR sur prélèvement salivaire a été estimée à 85 %. Si elle demeure légèrement inférieure (3 à 11 %) à celle de la PCR sur prélèvement nasopharyngé, elle est tout de même supérieure au seul fixé par la HAS. ; ce à quoi s’ajoute une meilleure acceptabilité pour les patients – son plus grand avantage par rapport au nasopharyngé.

De fait, les restrictions initiales étaient basées sur une erreur d’interprétation, comme l’avait souligné l’épidémiologiste Catherine Hill dans nos colonnes au mois de décembre : l’idée que le résultat du test sur prélèvement nasopharyngé était la référence absolue avait conduit à considérer que la valeur prédictive positive de la salive était mauvaise, car les résultats positifs sur la salive et négatifs sur le prélèvement nasopharyngé étaient considérés comme de faux positifs. Revenant sur cette idée, la HAS considère désormais la sensibilité de la PCR acceptable aussi bien en population symptomatique qu’asymptomatique.

Le prélèvement salivaire peut être réaliséde manière assistée ou en auto-prélèvement au laboratoire de biologie médicale, au domicile ou sur un site de dépistage. S’il est difficile pour le patient de cracher (par exemple pour les très jeunes enfants), la salive peut être prélevée sous la langue à l’aide d’une pipette.

Le prélèvement doit être réalisé 30 minutes après la dernière prise de boisson, d’aliment, de cigarette ou e-cigarette, d’un brossage des dents ou d’un rinçage bucco-dentaire. L’échantillon recueilli doit être conservé dans un flacon sec et stérile à température ambiante.

En cas d’auto-prélèvement, il est indispensable que le patient ait reçu une information claire sur les conditions de sa réalisation et éventuellement de sa conservation. Un matériel adapté doit alors être fourni sur le lieu de dépistage ou par le laboratoire de ville.

L’échantillon de salive recueillie dans ces conditions doit être analysé dans les 24 heures. Il n’est pas recommandé de faire un prétraitement, sauf si la salive est visqueuse ou si la notice du kit le précise explicitement.

Du fait de la grande hétérogénéité entre les kits utilisés, la HAS recommande de s’en tenir à ceux qui ont au moins deux cibles moléculaires et une sensibilité minimale de 80 %. La liste des kits est disponible sur ce lien : https://covid-19.sante.gouv.fr/tests

L.M.A., La Revue du Praticien