Bruyante, la toux conduit à éviter certaines situations de vie (spectacles, restaurants, lieux de culte, etc). Ses répercussions sociales sont le déterminant majeur de l’altération de la qualité de vie. La pandémie a aggravé la situation, en particulier lors de la première vague, où tousser dans un lieu public était vu d’un mauvais œil. Peu importe s’il s’agissait d’une simple rhinite allergique !

 

Toux chronique et virus respiratoires : un tandem habituel

La toux chronique, en particulier sèche (non productive, sans expectoration) émaille volontiers l’évolution d’une infection virale des voies respiratoires supérieures. La sensibilité du réflexe de toux serait exacerbée pendant un à plusieurs mois. Véhiculé par les nerfs crâniens vague (voie afférente), phrénique et rachidien (voie efférente), cet arc réflexe a pour point de départ l’épithélium respiratoire (récepteurs à l'irritation et fibres C)1.

L’infection par le SARS-CoV-2 sera-t-elle responsable d’une épidémie de toux chronique, à l’instar des picornavirus, metapneumovirus humain (HMPV), parainfluenza, influenza A&B ou encore du virus respiratoire syncitial ? La question se pose d’autant plus que le SARS-CoV était associé à un risque de lésion pulmonaire persistante plus de 15 ans après l’infection.

Covid persistant : la toux n’est pas au rendez-vous ?

En Europe, nous n’avons pas suffisamment de recul pour affirmer ou infirmer cette hypothèse. Toutefois, la toux chronique post-Covid-19 ne serait pas un tournant à craindre selon les directeurs des 17 centres spécialisés dans la toux à travers le monde (États-Unis, Canada, Chine, Allemagne, Italie, Japon et Corée du Sud). Si la question du « Covid persistant » et des formes longues de la maladie se pose, la toux n’est, a priori, pas le problème. Fatigue, dyspnée, douleurs thoraciques et articulaires post-Covid sont au premier plan lorsque la maladie persiste. La toux concernerait au maximum 16 % des patients selon une étude en Italie ; 7 et 11,6 % des sujets, respectivement, dans deux études anglaises. Un risque qui contraste avec celui de séquelles cardiaques, dont le dépistage via ECG et échographie cardiaque 2 à 6 mois après guérison est discuté.

Quel mécanisme ?

L’innervation et les réflexes associés aux voies respiratoires larges (larynx, trachée, bronches principales) sont très différents de ceux des voies inférieures et des alvéoles. Les modèles animaux objectivent des sous-types de fibres C différents, avec des effets sur la toux potentiellement opposés (activation/inhibition). Or, les fibres C associées aux voies respiratoires hautes seraient impliquées dans la transmission de l’influx à l’origine du réflexe de toux, le bronchospasme et la sécrétion de mucus. À l’inverse, celles innervant les voies respiratoires distales et les alvéoles seraient responsables de la dyspnée et pourraient inhiber la toux. Une explication qu’il faut toutefois étayer par des études physiologiques supplémentaires, en particulier chez l’homme.

Justine Diehl, La Revue du Praticien

 

À lire sur ce sujet 

Guilleminault L, Brouquières D. Dossier – Toux chronique de l’adulte. Rev Prat Med Gen 2020;34:777-81.


 

1. Delacourt C, Physiopathologie de la toux, Archives de Pédiatrie, Volume 8, Supplement 3, August 2001, Pages 600-602.