La Haute Autorité de santé vient de recommander, le 12 février 2021, que les personnes immunocompétentes ayant fait une infection datée par le SARS-CoV-2 (symptomatique ou non), prouvée par une PCR ou test antigénique, soient vaccinées au minimum après 3 mois et de préférence autour de 6 mois après infection, et ce avec une seule dose de vaccin.

Elle précise également que la réalisation d’une sérologie prévaccinale n’est pas pertinente ; cependant, en cas de sérologie positive réalisée antérieurement, sans que l’infection ne soit datée, la période de 3 mois à 6 mois débute à la date de la sérologie. 

 

Chez les patients précédemment infectés, une dose unique de vaccin serait en effet suffisante, compte tenu de la durée de la protection post-infection, et des résultats de 4 études preprint récentes menées en Italie et aux États-Unis, majoritairement chez des professionnels de santé, sur des effectifs variant d’une cinquantaine à une centaine de personnes.

 

Dans la première étude, conduite chez 109 individus, dont 42 étaient séropositifs pour le SARS-CoV-2, ces derniers ont développé des taux élevés d’anticorps anti-Spike dès la 1e dose et après la 2e, au total 10 à 20 fois plus élevés que chez les personnes qui n’avaient pas été infectés auparavant. De plus, après la 1e dose, le développement d’anticorps était plus rapide. Le même constat est observé dans l’étude italienne (n = 124, dont 57 avec une histoire de Covid) : une réponse plus robuste après la 1e dose que chez les sujets naïfs et une rapidité de la réponse immune (augmentation exponentielle des anticorps anti-Spike dans les 7 à 15 jours après la 1e dose). Cette étude suggère également qu’une Covid symptomatique est liée à un taux d’anticorps plus élevé, mais ce n’est pas le cas dans l’étude américaine ayant aussi évalué ce critère. 

 

Cette dernière étude, qui portait sur 59 volontaires, trouva, chez les personnes infectées, une réponse immune après une 1e dose semblable à celle chez des personnes non infectées recevant une 2e dose, à savoir un pic d’anticorps à J7 et des taux d’anticorps supérieurs à ceux des patients Covid+ convalescents, ce qui pour les auteurs permet de considérer cette 1e dose comme l’équivalent d’un « booster ». 

 

Une dernière étude relevant les taux d’anticorps 3 semaines après la 1e dose chez 36 sujets ayant eu une histoire d’infection 30 à 60 jours avant la vaccination et chez 152 sujets sans histoire connue d’infection trouva qu’après la 1e dose, les individus Covid+ avaient des taux significativement plus élevés que les Covid-.

 

Ces études suggèrent donc qu’une seule dose de vaccin est suffisante pour induire une réponse immune robuste chez les sujets précédemment infectés par le SARS-CoV-2. De plus, certains auteurs estiment qu’une double dose pourrait être contre-productive, en induisant une sur-réaction voire un « épuisement » du système immunitaire – pouvant diminuer ainsi l’efficacité de la réponse vaccinale.

 

Il est à noter, cependant, que ces résultats ne permettent pas de cerner l’effet de l’âge dans cette immunogénicité, car ce critère n’a pas été indiqué dans les deux premières études, et les personnes de plus de 60 ans étaient peu représentées dans les deux dernières. Par ailleurs, si ces études portent exclusivement sur les vaccins à ARNm, la HAS ne définit pas clairement si cette recommandation se limite à ceux-ci.

 

Attention : cette préconisation exclut les patients immunodéprimés, qui doivent recevoir les 2 doses après un délai de 3 mois suivant l’infection par le SARS-CoV-2, et les personnes qui, après avoir reçu la 1e dose du vaccin, ont été infectés (dans ce cas, la 2e dose ne doit pas être administrée dans les délais habituels, mais 3 à 6 mois après l’infection).

 

 

 

Pour en savoir plus

HAS. Une seule dose de vaccin pour les personnes ayant déjà été infectées par le SARS-CoV-2. Communiqué de presse du 12 février 2021.

 

L.M.A., La Revue du Praticien