Vaccin à vecteur viral (adénovirus du chimpanzé exprimant la protéine Spike), le vaccin ChAdOx1 nCoV-19 (AZD1222) développé par AstraZeneca et Oxford est entré le 2 février dans la stratégie vaccinale française. En parallèle, des résultats complémentaires de l’essai de phase II/III viennent d’être soumis au Lancet ; s’ils n’ont pas encore été revus par les pairs, ils complètent les analyses intermédiaires publiées début décembre dans ce même journal avec des données encourageantes, concernant notamment l’effet du vaccin sur la transmission… 

 

La Haute Autorité de santé recommande l’utilisation de ce vaccin en priorité chez professionnels du secteur de la santé et du médico-social de moins de 65 ans, et chez les personnes âgées de 50 à 64 ans avec des comorbidités, considérant que les données actuelles ne permettent pas d’apprécier son niveau d’efficacité chez les sujets de plus de 65 ans. Les résultats intermédiaires, que nous avons précédemment analysés, concernaient en effet en majorité des participants âgés de 18 à 55 ans. Mais cette recommandation pourra être réexaminée quand de nouvelles données seront disponibles.

Les analyses intermédiaires menées sur plus de 11 000 sujets (au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud) avaient montré une efficacité de 62 % contre le développement d’une Covid symptomatique dans le groupe ayant reçu deux doses standard (5 × 1010 particules virales) à des intervalles qui ont varié entre 4 et 12 semaines. Les résultats complémentaires, incluant plus de 17 000 participants et soumis début février au Lancet, confirment cette efficacité et apportent deux informations supplémentaires d’importance.

La première : l’efficacité pourrait augmenter quand le délai entre les deux doses est plus grand. Ainsi, quand l’intervalle entre deux doses standard est inférieur à 6 semaines, l’efficacité après la 2e dose serait de 55 %, mais elle s’élèverait à 82 % avec un intervalle de plus de 12 semaines. La protection serait également élevée jusqu’à 90 jours après une seule dose (76 %) : si cela ne dispense en aucun cas d’administrer la 2e dose, c’est une donnée rassurante face à un allongement du délai en pratique. La HAS a donc recommandé un espacement de 9 à 12 semaines, même si l’autorisation de mise sur le marché (AMM) prévoit 4 à 12 semaines, et a bien précisé que l’administration de la 2e dose était nécessaire.

La seconde : le vaccin pourrait diminuer aussi la transmission du virus. Bien que l’étude des cas asymptomatiques n’ait pas été menée sur l’ensemble de la cohorte, elle l’a été sur le sous-groupe du Royaume-Uni : ces 8 948 participants étaient testés toutes les semaines par PCR sur des auto-prélèvements nasopharyngés ou oropharyngés, et l’analyse a permis de constater une réduction des cas dans le groupe vacciné. De plus, de façon générale (cas symptomatiques et asymptomatiques), une réduction de 67 % des PCR positives aurait été observée jusqu’à 90 jours après la 1e dose. Ces données sont encourageantes, mais pas suffisamment robustes à ce stade, et seront à confirmer par d’autres études – c’est pourquoi la HAS a insisté sur la nécessité de maintenir l’ensemble des gestes barrières et les mesures de distanciation sociale.

L’avantage majeur de ce vaccin, sa facilité de stockage (stable à -20 °C, il se conserve au réfrigérateur 48 heures après la première injection prélevée et jusqu’à 6 mois avant l’ouverture du flacon), rend son utilisation possible en ambulatoire : la HAS a donc recommandé que les sages-femmes et que les pharmaciens déjà formés à la vaccination (et ayant déclaré une activité de vaccination, pendant la campagne vaccinale contre la grippe notamment) puissent prescrire et administrer le vaccin AstraZeneca. Elle a toutefois rappelé que les patients avec des comorbidités ou dans une situation particulière (grossesse, allaitement, allergies...), ou ayant déjà été atteints par la Covid-19, doivent échanger avec leur médecin sur la vaccination.

Pour en savoir plus

HAS. Stratégie de vaccination contre la Covid-19 – Place du Covid-19 Vaccine AstraZeneca. 2 février 2021.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien