Comme le vaccin Moderna, BNT162b2 est un vaccin à ARN sans adjuvant, constitué de fragments d’ARN messager codant la protéine Spike du SARS-CoV-2, encapsulés dans des nanoparticules lipidiques pour pouvoir pénétrer dans les cellules après injection intramusculaire. Après lecture par les ribosomes et synthèse de la protéine S par les cellules ayant capturé les nanoparticules, l’ARN est détruit et éliminé.
Dans cette étude de phase II/III publiée dans le NEJM, incluant 43 448 personnes recrutées dans 6 pays, le vaccin a montré un taux de protection de 95 % pour prévenir les formes symptomatiques légères à modérées de Covid-19. Ce taux était déjà de 52,4 % dès la première injection (donc supérieur à la limite inférieure fixée préalablement par la FDA).
Concernant les effets indésirables post-injection, une première analyse a été effectuée sur un groupe de 8 183 participants qui devaient remplir un journal électronique pendant 7 jours après chaque dose. Parmi les réactions locales, la douleur au site d’injection était l’effet le plus fréquent (83 % après la 1re dose et 78 % après la 2e chez les sujets de 16-55 ans), mais elle était dans la grande majorité des cas modérée, disparaissant en 1 ou 2 jours (sévère chez moins de 1 % des sujets).
Quant aux effets systémiques, ils étaient plus fréquents chez les personnes plus jeunes (16-55 ans) par rapport aux plus de 55 ans, ainsi qu’après la 2e injection.
Plus en détail, après la 2e injection, les principaux effets indésirables étaient :
– fatigue : 59 % des moins de 55 ans (versus 23 % pour le placebo) et 51 % des plus de 55 ans (versus 17 %) ;
– maux de tête : 52 % (versus 24 %) et 39 % (versus 14 %) respectivement ;
– courbatures : 37,3 % (versus 8 %) et 29 % (versus 5 %).
Une fièvre (≥ 38 °C) a concerné 16 % des participants jeunes et 11 % des plus âgés (comprise entre 38,9 et 40 °C chez 0,2 % des participants après la 1re dose et 0,8 % après la 2e). Deux participants (un dans le bras « vaccin », l’autre dans le groupe contrôle) ont eu une fièvre > 40,0 °C.
Ces évènements systémiques (y compris la fièvre) ont été observés 1 ou 2 jours après l’injection et se sont résolus rapidement.
45 % des patients de moins de 55 ans et 38 % des plus de 55 ans ont eu recours au paracétamol (versus 13 % et 10 % dans le groupe placebo).
Les évènements systémiques sévères ont concerné moins de 2 % des personnes après l’une ou l’autre dose du vaccin, sauf pour la fatigue et les maux de tête (3,8 % et 2,0 % respectivement, après la 2e dose).
Attention : les taux de certains effets indésirables pourraient être artificiellement augmentés dans cette analyse par le fait que les participants étaient invités à être particulièrement attentifs à leur état (dispositif de journal à remplir), ce qui expliquerait également les pourcentages élevés associés au placebo…
En effet, lorsqu’on examine les pourcentages d’effets indésirables chez tous les sujets inclus, c’est-à-dire les 43 252 participants qui ont reçu au moins une dose de vaccin, indépendamment de la période de suivi, les chiffres ne sont pas les mêmes : 27 % ont rapporté (spontanément donc) un effet indésirable, versus 12 % dans le groupe placebo (20,7 % vs 5,1 % si on considère les effets indésirables jugés liés au vaccin par l’investigateur). L’étude ne donne pas des détails sur les types d’effets, mais selon le rapport de la FDA (analyse sur 37 586 participants avec un temps médian de suivi de 2 mois après la 2e dose) : 6,1 % ont signalé de la fièvre, 5,3 % des frissons, 5,5 % de la fatigue, 5,2 % des maux de tête et 4,8 % des courbatures ; 64 cas de lymphadénopathies ont été observés dans le groupe « vaccin » (0,3 %) contre 6 dans le bras placebo (< 0,1 %).
L’incidence des effets indésirables sévères était similaire dans les deux groupes (0,6 % et 0,5 %).
Quatre événements graves ont été signalés chez les patients vaccinés : une blessure de l’épaule à la suite des injections, une arythmie ventriculaire chez un patient ayant des antécédents de maladie cardiaque, une lymphadénopathie axillaire droite et une paresthésie de la jambe droite.
Six décès ont été enregistrés au total : 2 chez les sujets vaccinés (accidents cardiovasculaires), 4 dans le bras placebo, mais leur mort n’a pas été considérée en lien avec la vaccination.
Le 10 décembre 2020, 2 cas de réactions d’hypersensibilité ont été rapportés en Angleterre chez des soignants fraichement vaccinés avec BNT162b2, qui avaient des antécédents d’allergie justifiant la possession d’un stylo injecteur d’adrénaline. Ces évènements n’ont pas été observés dans cette étude, mais les sujets ayant des antécédents d’anaphylaxie étaient exclus.
Malgré ces données rassurantesen termes de toxicité, plusieurs questions restent en suspens. Avec environ 19 000 participants par groupe et un temps de suivi médian de 2 mois après la deuxième dose, l’étude a une probabilité de plus de 83 % de détecter au moins un événement indésirable si son incidence réelle est de 0,01 %, mais elle n’est pas assez large pour repérer ceux ayant une incidence plus faible ni ceux qui pourraient survenir à plus long terme. De plus, il n’y a pas de données sur la toxicité chez les moins de 16 ans, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes immunodéprimées…
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien