Alors que vendredi dernier (28 janvier), le vaccin AstraZeneca (vaccin à adénovirus) est devenu le troisième vaccin autorisé par l’Union européenne, les industriels américains Johnson & Johnson et Novavax ont annoncé les résultats préliminaires des leurs. S’ils ne sont pas aussi spectaculaires que ceux des deux vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna), ils restent satisfaisants. Des questions se posent toutefois par rapport aux variants… 

 

Le vaccin de Novavax, contenant la protéine Spike obtenue par technologie recombinante nanoparticulaire (produite en laboratoire dans des cellules d’insecte à partir de la séquence génétique correspondante) et un adjuvant à base de saponine, est administré en deux doses à 21 jours d’intervalle – à noter qu’il est stable à température positive (2 à 8 °C). 

Selon des résultats préliminaires de phase III annoncés par l’industriel mais non encore publiés dans une revue scientifique, il aurait une efficacité de près de 90 % contre le développement d’une Covid symptomatique, y compris face au variant anglaisB.1.1.7 : sur les 15 000 volontaires au Royaume-Uni, 62 cas de maladie symptomatique ont été observés, dont 56 dans le bras placebo ; 1 patient du groupe placebo a développé une Covid sévère, contre aucun dans le groupe vacciné.

En revanche, le vaccin serait moins efficace (49 %) contre le variant sud-africain B.1.351 : sur 4 400 participants en Afrique du Sud, il y a eu 29 cas symptomatiques dans le bras placebo et 15 dans le groupe vacciné – la plupart dus au variant en question, étant donné qu’il est responsable aujourd’hui de plus de 90 % des de cas Covid dans ce pays. Cependant, cette efficacité monterait à 60 % chez les patients non immunodéprimés (6 % des volontaires étaient séropositifs pour le VIH). Des résultats à ne pas surinterpréter, étant donné le nombre plus faible de sujets...

Novavax a donc annoncé travailler sur une nouvelle version pour les variants, qui pourrait fonctionner comme une dose booster pour les personnes déjà inoculées, mais dont les essais cliniques ne sont pas prévus avant le deuxième trimestre 2021. 

S’il a informé que son objectif est de produire 2 milliards de doses en 2021, le calendrier des autorisations est encore en suspens. Une autorisation d’urgence sera demandée dans les mois à venir au Royaume-Uni, une fois que les résultats complets de l’essai qui s’y déroule seront disponibles. Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) attendra-t-elle, elle aussi, les résultats des essais en cours sur son territoire (et au Mexique), pilotés par le gouvernement américain ?

En ce qui concerne le vaccin de J&J, à vecteur viral non réplicatif, exprimant la protéine Spike (adénovirus humain Ad26 inactivé, responsable normalement de rhumes communs), administré en une seule dose, les résultats intermédiaires non encore publiés auraient montré une efficacité de 66 % dans la prévention d’une Covid modérée à sévère (85 % en prenant en compte seulement les cas sévères), 28 jours après la vaccination. L’essai est conduit sur 44 325 volontaires, parmi lesquels 468 cas de Covid symptomatiques ont été décelés. Si les résultats affichaient des différences considérables selon la région où se déroulent les essais, ils seraient tous au-dessus du seuil d’efficacité requis par la FDA : 72 % aux États-Unis (où résidaient 44 % des volontaires) ; 66 % en Amérique latine (où résidaient 41 % des participants) ; finalement, 57 % en Afrique du Sud (15 % des participants). 

Cette diminution de l’efficacité dans des pays où circulent des variants, comme pour Novavax, n’est pas rare, ces vaccins utilisant la protéine Spike comme épitope, tout comme ceux qui sont déjà sur le marché et dont l’efficacité pourrait aussi descendre à 50-60 % face au variant B.1.351, selon des chiffres préliminaires. 

Son plus grand avantage, outre le schéma à une dose, est la facilité de stockage (le vaccin est stable pendant 2 ans à -20 °C et 3 mois à température positive (2 à 8 °C). Aux États-Unis, l’autorisation d’utilisation sera demandée, en principe, dès début février à la FDA.

Deuxième bonne nouvelle : les résultats du vaccin J&J seraient comparables dans tous les sous-groupes de patients, donc indépendamment de l’âge, de l’ethnicité et des comorbidités (diabète, obésité, hypertension, infection par le VIH). 

Un autre essai est en cours sur 30 000 volontaires, pour tester l’efficacité du vaccin quand deux doses sont administrées à 57 jours d’intervalle. Les résultats sont attendus pour l’été ou l’automne 2021. Cette phase se déroulera aussi en France, via la plateforme Covireivac, chez 1 175 volontaires adultes dans 8 centres (2 en Île-de-France, à l’hôpital Cochin et à l’hôpital Saint-Antoine, 3 en Occitanie, 1 en Nouvelle-Aquitaine, 1 en Auvergne-Rhône-Alpes et 1 dans le Grand-Est).

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

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