Dans le cadre du programme de prévention visant à réduire l’exposition au valproate au cours de la grossesse, l’Ansm a élaboré un nouveau guide à destination des professionnels de santé, qui fournit une information à jour sur les risques de malformations congénitales et de troubles neuro-développementaux chez les enfants exposés in utero à cet antiépileptique.

 

Destiné aussi bien aux psychiatres, neurologues et pédiatres qu’aux généralistes, ainsi qu’aux gynécologues, sages-femmes, pharmaciens et centres de PMI, ce guide doit faire l’objet d’une lecture attentive avant toute prescription d’un médicament contenant du valproate (Dépakine, Dépakine Chrono, Micropakine, Dépakote ou Dépamide, et génériques à base de valproate de sodium) aux patientes en âge de procréer, et les documents éducationnels qui l’accompagnent (brochure d’information, formulaire annuel d’accord de soins et carte patiente) doivent obligatoirement leur être fournis.

Prescrit pour traiter l’épilepsie et les épisodes maniaques des troubles bipolaires, le valproate et ses dérivés (acide valproïque, valpromide et divalproate) sont en effet associés à un risque de malformations congénitales dans 10,7 % des cas et à un risque de troubles du développement dans 30 à 40 % des cas, lorsqu’ils sont administrés pendant la grossesse. C’est pourquoi ce médicament, tératogène et fœto-toxique, est contre-indiqué :

– pendant la grossesse, sauf si, dans le cas de l’épilepsie, il n’existe pas d’alternative thérapeutique appropriée ;

– chez filles et femmes en âge de procréer, sauf si les autres traitements sont inefficaces ou mal tolérés et que toutes les conditions du programme de prévention des grossesses chez les patientes traitées par valproate sont remplies (dont la nécessité d’une contraception efficace et la réalisation de tests de grossesse à intervalles réguliers).

Pour rappel, un traitement par valproate doit uniquement être initié par un médecin spécialiste et, pour les patientes de sexe féminin, uniquement si aucun autre traitement n’est efficace ou toléré. Le renouvellement peut être effectué par un médecin généraliste pendant 1 an, mais le traitement doit être réévalué régulièrement (au moins 1 fois par an) par un spécialiste.

L’utilisation d’une contraception efficace sans interruption pendant toute la durée du traitement et jusqu’à 1 mois après son arrêt est obligatoire (dès l’apparition des premières règles, quand la patiente n’est pas encore pubère). Il est recommandé de réaliser un test de grossesse plasmatique ou urinaire d’une sensibilité minimale de 25 mUI/mL tous les mois.

Étant donné qu’un traitement antiépileptique ne doit jamais être arrêté brutalement :

– lorsque la patiente envisage une grossesse : procéder à l’arrêt progressif du valproate et le remplacer par une alternative thérapeutique appropriée (sauf situations exceptionnelles d’épilepsie résistance aux autres traitements), expliquer à la patiente que le changement peut prendre du temps et que la contraception doit uniquement être arrêtée 1 mois après l’arrêt complet du valproate ;

– en cas de grossesse non planifiée : organiser une consultation en urgence et expliquer à la patiente pourquoi elle doit poursuivre le traitement jusqu’à la date du rendez-vous, puis organiser l’arrêt du valproate (dans les situations exceptionnelles d’épilepsie résistante où son maintien est indispensable, une surveillance multidisciplinaire doit être mise en œuvre).

[Lire notre article : Quand et comment arrêter un antiépileptique ?]

Enfin, il est important de rappeler à chaque consultation les risques associés à l’exposition à ce médicament pendant une grossesse, et de s’assurer que la patiente (et, le cas échéant, son représentant) les aient compris, qu’ils aient reçu la brochure d’information et signé le formulaire d’accord de soins qui doit être conservé dans le dossier médical (une copie est à remettre à la patiente et une à transmettre au médecin traitant).

Pour télécharger les différents documents

ANSM. Valproate et dérivés. Mis à jour le 27/10/2020.

L.M.A., La Revue du Praticien