Face à l’augmentation de la circulation des variants du SARS-CoV-2 (selon Santé publique France, on suspecterait la présence d’un des 3 variants dans 14,6 % des PCR, et spécifiquement du variant britannique dans 14 %), le ministère des Solidarités et de la Santé a annoncé le 7 février une nouvelle stratégie, avec des changements notables dans les modalités de dépistage et d’isolement, chez les sujets contaminés comme chez les cas contact ; ce à quoi s’ajoutent des règles plus strictes pour la fermetures des classes… 

 

Nouvelles modalités de dépistage

Un test PCR de criblage sera désormais proposé à l’ensemble des patients positifs pour le SARS-CoV-2 (qu’ils aient été testés par PCR ou test antigénique), dans un délai ne dépassant pas les 36 heures.

Si le premier test réalisé était une PCR, il sera automatiquement envoyé pour criblage à l’une des plateformes nationales adaptées (Eurofins, Cerba ou autres indiquées par l’Agence régionale de santé [ARS]), mais seuls les échantillons positifs avec un CT < 33 peuvent être adressés.

Si le premier test réalisé était antigénique, le patient sera prélevé une deuxième fois pour la PCR de criblage. Lorsque ce second prélèvement peut être réalisé en même temps que celui destiné au test antigénique, il doit être privilégié. Dans le cas contraire, le patient doit être adressé à un laboratoire de biologie médicale pour le réaliser ou bénéficier d’un prélèvement réalisé à domicile par un professionnel de santé.

Cette identification passera par les kits ayant 2 cibles, dont au moins la mutation N501Y (commune aux 3 variants) et permettant de distinguer le 20I/501Y.V1, d’une part, des variants 20H/501Y.V2 et 20J/501Y.V3 d’autre part. Une liste de ces kits est disponible sur le site https://covid-19.sante.gouv.fr/tests.

Le ministère a annoncé que des travaux sont en cours, qui permettent d’envisager l’utilisation en première intention de ces kits, et que d’autres, en mesure d’identifier la mutation 484K (responsable du risque d’échappement immunitaire), seront bientôt déployés.

Cette nouvelle stratégie vise à détecter un maximum de porteurs des variants d’intérêt, à savoir le 20I/501Y.V1 (dit « britannique »), 20H/501Y.V2 (dit « sud-africain ») et 20J/501Y.V3 (dit « brésilien »), afin de renforcer le contact-tracing et les mesures d’isolement.

Des mesures renforcées pour les porteurs des variants 

Les laboratoires réalisant les tests de criblage doivent en transmettre les résultats aux laboratoires ayant réalisé le test de première intention, qui à leur tour le signaleront à la personne contaminée et aux correspondants médicaux. Cette information sera ensuite confirmée par le traceur de l’Assurance maladie en charge du contact-tracing. À noter, cependant, que le résultat du 1er test à visée diagnostique aura été saisi dans la base SI-DEP sans attendre le résultat du test de criblage, pour que les mesures classiques de traçage et isolement soient mises en œuvre rapidement. Elles seront ensuite renforcées si le patient est porteur d’un des variants, en particulier :

– visites à domicile réalisées par des infirmières libérales ;

– proposition d’une offre spécifique d’hébergement pour les patients dont la situation personnelle laisse présager un fort risque de propagation (vivant en famille, notamment avec des proches à risque, etc.).

À partir du 18 février, la durée de l’isolement est portée à 10 jours pour toutes les personnes contaminées (variant ou pas) ; il ne peut être levé qu’en l’absence de fièvre depuis plus de 48 heures.

Mais, spécifiquement pour les porteurs des variants 20H/501Y.V2 et 20J/501Y.V3, plus contagieux, un test de sortie d’isolement doit être systématiquement réalisé ; s’il revient positif, l’isolement est prolongé de 7 jours.

Et, en ce qui concerne les écoles, la fermeture de la classe est automatiquement prononcée lorsque, à la suite d’une investigation de l’ARS, l’un des cas suivants est confirmé :

– 1 enfant Covid+ contaminé par l’un de ces 2 variants ;

– 1 enfant cas-contact d’un parent ou membre de la fratrie contaminé par l’un de ces 2 variants.

L’ensemble des élèves, ainsi que le ou les professeurs, seront testés et les cas contacts identifiés, à J0 et J7 par RT-PCR.

Des mesures renforcées pour les cas contact

Les personnes contact des sujets contaminés par l’un des 3 variants reçoivent un SMS ou un mail les orientant sur le site de l’Assurance maladie qui leur est dédié (https://declare.ameli.fr/sms/), avec des consignes spécifiques. Lorsqu’elles ont été en contact avec un sujet contaminé par les variants 20H/501Y.V2 et 20J/501Y.V3, elles doivent réaliser untest PCR à J0 (dès leur identification) et :

– s’il est positif : démarrage immédiat du contact-tracing et criblage par une PCR de seconde intention ;

– s’il est négatif : quarantaine de 7 jours depuis le dernier contact à risque et réalisation d’une deuxième PCR à J7, à l’issue de cette période.

Dans tous les cas, les ARS mettent en place une investigation de niveau 3, qui implique une recherche plus exhaustive des contacts, notion interprétée de manière large (en cas de doute dans l’évaluation du niveau de risque d’un contact, celui-ci est considéré comme à risque). De surcroît, il est demandé à l’ensemble de ces contacts de prévenir eux-mêmes les personnes avec qui elles ont été en contact depuis leur dernière exposition à risque avec le cas index (contacts de seconde génération). Pour celles-ci les recommandations suivantes seront proposées : 

– renforcer l’application des mesures barrières, notamment le port du masque grand public de filtration supérieure à 90 % ou du masque chirurgical en présence d’autres personnes ;

– télétravailler quand cela est possible ;

– réduire volontairement leurs contacts sociaux durant les 7 jours suivants ;

– réaliser un test diagnostic sans délai au 1er symptôme.

Pour en savoir plus

Ministère des Solidarités et de la santé. Stratégie nationale de lutte contre l’émergence des variantes d’intérêt du SARS-CoV-2. 7 février 2021.

L.M.A., La Revue du Praticien