Les données de « vraie vie » sur l’efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) de l’infection par le VIH à la demande viennent d’être présentées à la Conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes. Le suivi à 3 ans dans le cadre de l’étude ANRS Prévenir, démarrée en 2017 et menée par l’AP-HP en partenariat avec la fondation Aides, a validé son efficacité et sa bonne tolérance.

 

L’étude a inclus plus de 3 000 personnes en Île-de-France ayant des facteurs de risque d’infection par le VIH (âge moyen : 36 ans ; 98,5 % hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ; 56 % utilisant déjà la PrEP avant d’entrer dans l’étude). La combinaison proposée était l’association en un comprimé de deux molécules antirétrovirales, l’emtricitabine et le fumarate de ténofovir disoproxil, prise sous forme de génériques par plus de 90 % des participants de l’étude. Près de la moitié (49,5 %) a choisi de prendre la PrEP à la demande, c’est-à-dire avant et après les rapports sexuels, tandis que l’autre moitié prenait la PrEP de façon continue (1 cp tous les jours). 

L’incidence du VIH dans la cohorte était de 1,1 pour 1 000 participants par année (suivi moyen de 22 mois), que ce soit dans le groupe « à la demande » ou dans le groupe « continu », ce qui correspondrait à 361 infections évitées, en se rapportant à l’incidence de 6,6 % observée dans le bras placebo de l’essai ANRS Ipergay.

Dans les deux groupes, la tolérance de la PrEP était très satisfaisante : aucun patient n’a dû l’interrompre pour une toxicité rénale, et seules 3 personnes l’ont interrompue pour des problèmes digestifs (nausées ou diarrhées), qui sont les effets indésirables les plus fréquents.

Chez les participants utilisant peu ou pas les préservatifs (82 %), les chercheurs ont observé une incidence relativement élevée de l’hépatite C (0,7 % participants/année) et surtout des infections sexuellement transmissibles bactériennes (75,5 % participants/année, une incidence qui a cependant chuté à 32 % pendant la période du premier confinement). Globalement, en termes de comportements sexuels, une diminution du nombre moyen de partenaires a été observée, mais une augmentation du nombre de rapports sexuels et de rapports sexuels sans préservatif a été notée, surtout chez les participants qui ne prenaient pas de PrEP avant d’entrer dans l’étude.

Afin de réduire l’incidence des infections sexuellement transmissibles observées, deux sous-études sont actuellement en cours dans ce même projet ANRS Prévenir : la première vise l’élimination de l’hépatite C par une stratégie de test and treat ; la seconde, Doxyvac, évalue l’intérêt d’une prophylaxie post-exposition par la doxycycline et d’une vaccination contre le méningocoque B pour essayer de prévenir les infections à Chlamydia, syphilis et gonocoque.

L.M.A., La Revue du Praticien

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