Les populations les plus exposées sont les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH), nés à l’étranger ou en France (~ 40 % des cas non diagnostiqués), les personnes nées en Afrique subsaharienne (~ 30 %) et les usagers de drogues injectables.
Si, selon les dernières données de Santé publique France, l’augmentation de l’activité de dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes, observée depuis plusieurs années, se poursuit (+ 6 % entre 2018 et 2019), la pandémie de SARS-CoV-2 risque d’inverser cette tendance : une diminution du nombre de ces dépistages de près de 60 % a été observée entre février et avril 2020.
Le délai entre contamination et diagnostic est encore trop long : plus de 3 ans dans 50 % des cas. Un quart des découvertes de séropositivité (26 %) déclarées entre janvier 2019 et septembre 2020 sont des diagnostics à un stade avancé de l’infection.
Ce retard est une perte de chance pour l’individu, mais aussi collective, car la chaîne de transmission aux partenaires sexuels n’est pas interrompue.
Qui dépister ?
Selon les nouvelles recommandations de la HAS, il faut augmenter la fréquence des tests dans les populations à risque :
– tous les 3 mois chez les HSH ;
– tous les ans chez les usagers de drogues injectables et les sujets originaires de zones de forte prévalence de l’infection, notamment d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes.
Dans la population générale, il est recommandé de proposer aux personnes de 15 à 70 ans un dépistage au moins une fois au cours de la vie, en fonction de la prévalence de l’infection dans certaines régions (Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, départements français d’Amérique) et surtout chez les hommes, qui ont un moindre recours au système de soins que les femmes.
Par ailleurs, un test est systématiquement proposé en cas de : découverte d’une IST, d’une hépatite B ou C, d’une tuberculose, d’une grossesse ou d’un projet de grossesse, d’un viol, d’une prescription d’une contraception ou d’IVG, d’une incarcération.
Avec quels tests ?
Trois modalités de dépistage sont disponibles en France.
Le test Elisa, dit de 4e génération, réalisé en laboratoire, détecte les anticorps anti-VIH et l’antigène P24, qui est un marqueur d’infection récente.
Le test rapide d’orientation diagnostique (TROD), effectué par une tierce personne, professionnel de santé ou non, recherche les anticorps anti-VIH ; résultat en moins de 3 ou 30 minutes selon le type.
L’autotest VIH sanguin, vendu en pharmacie et fait par la personne elle-même à partir d’une goutte de sang prélevée au bout du doigt, détecte les anticorps anti-VIH en moins de 30 minutes. Son prix varie de 10 à plus de 20 euros selon le fabricant.
La performance est jugée globalement équivalente, sauf en cas d’exposition récente (< 3 mois) où il faut privilégier la méthode Elisa.
À quel pourcentage de tests positifs s’attendre ?
La proportion de tests positifs varie en fonction des régions : entre moins de 3 pour 10 000 pour la Basse-Normandie, l’Auvergne, la Lorraine et le Nord à plus de 13 pour 10 000 pour l’Île-de-France et les départements français d’Amérique, avec des valeurs intermédiaires pour les autres régions.
Les taux sont plus élevés chez les hommes que les femmes. Ils varient selon les populations : ~ 3 % parmi les HSH, ~ 1 % parmi les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et les usagers de drogues injectables.
Attention : la notification des nouveaux cas est obligatoire. Elle doit désormais être faite par voie électronique.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
À lire sur le sujet
Maitrepierre F, Rey D. Focus Item 362 – Prévention de la transmission du VIH. Rev Prat 2020;70:e247.
Grivois JP, Laylavoix F. VIH : quel suivi ambulatoire ? Rev Prat Med Gen 2017;31:405-6.
Supervie V. VIH : le diagnostic est trop tardif ! Rev Prat Med Gen 2019;33:796-98.
Bourdillon F. VIH : prévention et dépistage. Rev Prat Med Gen 2015;29:141-2.
Bertolotti A. IST : toujours d’actualité ! 2020;34:405-6.