M. A., 78 ans, consulte pour une gêne oculaire bilatérale, avec paupières gonflées, persistant depuis trois semaines. Il n’a pas remarqué de modification de sa vision. Il a pensé qu’il s’agissait d’une conjonctivite et a instillé un antiseptique en collyre depuis une semaine. Les choses se sont aggravées. Comme antécédent, il est traité depuis plusieurs années par un collyre antiglaucomateux aux deux yeux, que son ophtalmologiste aurait modifié il y a plusieurs semaines.
Vous recommandez (plusieurs réponses possibles) :
L’antiseptique aggrave l’allergie locale.
Le nouveau collyre hypotonisant introduit récemment est probablement en cause. Les conjonctives, déjà irritées par de nombreuses années de traitement local préalable, sont plus sensibilisées à l’allergisation topique. De plus, le récent changement de collyre antiglaucomateux a été motivé par une évolution clinique que l’on ignore : peut-être déjà une intolérance ?
Un glaucome avéré doit être équilibré. Il ne peut pas rester non traité du fait d’une allergie à une molécule. De nombreuses alternatives existent. Il faut en effet recommander le changement du traitement local à l’origine de la iatrogénie, mais le concours de l’ophtalmologiste est indispensable pour cela.
Il n’y a aucune indication à un antibiotique, qui risque d’ajouter à la sensibilisation allergique. Le corticoïde pourrait être utile mais n’est pas indispensable, d’autant qu’ici, il risque d’augmenter une pression intraoculaire déjà pathologique.
L’œdème palpébral cutané disparaîtra en quelques jours à l’éviction de l’allergène. Un avis spécialisé dermatologique ne s’impose pas.
Il s’agit d’une blépharoconjonctivite allergique. Elle n’est pas toujours prurigineuse chez le sujet âgé. L’histoire est typique. L’aspect clinique est très évocateur avec un œdème des parties molles palpébrales en contact avec l’allergène local. Le chlorure de benzalkonium est régulièrement incriminé. Il n’est pas utile, dans ce cas très fréquent, de procéder à des tests allergologiques. Un test d’éviction suffit.