Quels médicaments exposent à une toxicité grave en cas de consommation de pamplemousse ?
Exercez-vous aux ECN avec les dossiers progressifs et les LCA de La Revue du Praticien
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L’absorption intestinale de certains médicaments est régulée dans les entérocytes par la présence d’une enzyme, le CYP3A4, couplée à un transporteur d’efflux, la P-glycoprotéine (P-gp). Le CYP3A4 métabolise directement ces médicaments dans l’entérocyte, alors que la P-gp favorise leur rejet dans la lumière intestinale. Par leur effet inhibiteur puissant du CYP3A4, certaines substances (la bergamottine et la 6,7 dihydroxybergamottine), présentes dans le pamplemousse, entrent en compétition avec ce système, ce qui augmente l’absorption intestinale des médicaments substrats du CYP3A4. Les conséquences sont une majoration de leurs effets indésirables dose-dépendants, équivalant à un surdosage.
Les médicaments particulièrement à risque sont ceux qui ont un index thérapeutique étroit. Il s’agit de :
- la simvastatine, et dans une moindre mesure, l’atorvastatine. Pour la simvastatine, la biodisponibilité peut être multipliée d’un facteur 15, ce qui revient à prendre en une fois la dose de deux semaines. Elle double pour l’atorvastatine. Des cas de rhabdomyolyse, attribuée à une interaction entre la simvastatine et le jus de pamplemousse, ont été publiés ;
- les immunosuppresseurs (tacrolimus, ciclosporine…), avec risque accru de néphrotoxicité ;
- le cisapride, avec un risque de torsades de pointes.
D’après : Ansm. Recommandations pour les médicaments. 22 juin 2022.