a Santé 2022 », actuellement en discussion à l’Assemblée nationale,
se donne pour objectif principal d’améliorer voire de révolutionner l’offre de soins ! Parmi les actions prioritaires, on note l’aide à la création de 4 000 assistants médicaux qui auraient une double mission : alléger le temps administratif des cabinets et réaliser des gestes médicaux simples. Le gouvernement souhaite améliorer la coordination des soins par la création d’au moins 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Il veut aussi faciliter le déploiement d’infirmiers ou d’infirmières en pratique avancée (IPA) qui pourraient intervenir même en dehors des parcours de soins coordonnés, en particulier en zones sous-dotées ! Ces différentes propositions sont loin de faire consensus dans la profession, même s’il est certain que l’offre de soins mérite d’être adaptée aux nouvelles réalités de terrain.
Les assistants auraient démontré leur utilité dans d’autres pays comme l’Allemagne, reste à définir leurs missions, formations et responsabilités. Ce qui interroge vraiment est l’autonomie que pourrait avoir les IPA, même si leur formation (master) autorise une telle pratique. L’idée n’est pas de déléguer des tâches professionnelles mais de partager des compétences pour apporter plus de complémentarité et de valeur ajoutée aux soins proposés. Déléguer, c’est un peu abandonner alors que partager est fédérateur.
C’est dans ce sens qu’est née, en 2004, l’expérimentation Asalée (Action de santé libérale en équipe ; qui concerne aujourd’hui 700 infirmières et 3 000 médecins). L’idée de ses promoteurs, ardents défenseurs de la médecine générale, était d’améliorer la qualité des prises en charge des pathologies chroniques et libérer du temps médecin en confiant certaines missions aux infirmières (ECG, spirométrie, prescription d’examens biologiques, éducation thérapeutique) en fonction de protocoles de coopération conçus et validés par l’ensemble des acteurs.
Quinze ans plus tard, que penser de ce mode de collaboration ?L’Irdes a analysé une typologie de ces binômes (MG-infirmière) selon l’intensité de l’activité, l’ancienneté de l’expérimentation, la perception de ses apports et la nature et la qualité des échanges. 2 Plus les « couples » sont à maturité, plus leur activité commune est intense et mieux coordonnée. Les échanges interprofessionnels sont fréquents et fructueux, et l’intégration dans la vie des cabinets est largement facilitée. Si les binômes plus récents perçoivent moins bien l’impact positif du dispositif, l’espoir est qu’ils progressent très vite dans son déploiement et en ressentent rapidement les mêmes avantages que les premiers expérimentateurs ! Quelle que soit l’antériorité de l’engagement, Asalée a peu ou pas d’impact sur le temps médical, mais il apporte à tous les binômes beaucoup de satisfaction, de confort de pratique et d’enrichissement intellectuel, un véritable remède au burn out !
Il serait bien qu’avant de légiférer sur la future offre de soins nos politiques s’inspirent des enseignements fournis par cette expérimentation. Si l’urgence est peut-être de répondre aux besoins de la population, surtout dans les régions déficitaires, en inventant de nouveaux métiers sanitaires, il ne faut pas que cela soit au détriment de la coopération interprofessionnelle…
se donne pour objectif principal d’améliorer voire de révolutionner l’offre de soins ! Parmi les actions prioritaires, on note l’aide à la création de 4 000 assistants médicaux qui auraient une double mission : alléger le temps administratif des cabinets et réaliser des gestes médicaux simples. Le gouvernement souhaite améliorer la coordination des soins par la création d’au moins 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Il veut aussi faciliter le déploiement d’infirmiers ou d’infirmières en pratique avancée (IPA) qui pourraient intervenir même en dehors des parcours de soins coordonnés, en particulier en zones sous-dotées ! Ces différentes propositions sont loin de faire consensus dans la profession, même s’il est certain que l’offre de soins mérite d’être adaptée aux nouvelles réalités de terrain.
Les assistants auraient démontré leur utilité dans d’autres pays
C’est dans ce sens qu’est née, en 2004, l’expérimentation Asalée
Quinze ans plus tard, que penser de ce mode de collaboration ?
Il serait bien qu’avant de légiférer sur la future offre de soins
1. Ministère des Solidarités et de la Santé. Ma santé 2022 : mise en œuvre. Février 2019. https://bit.ly/2UWLb20
2. Afrite A, Franc C, Mousquès J. Des organisations et des pratiques coopératives diverses entre médecins et infirmières dans le dispositif Asalée : une typologie de binômes. Irdes, Questions d’économie de la santé, n° 239, février 2019. https://bit.ly/2udH46y
2. Afrite A, Franc C, Mousquès J. Des organisations et des pratiques coopératives diverses entre médecins et infirmières dans le dispositif Asalée : une typologie de binômes. Irdes, Questions d’économie de la santé, n° 239, février 2019. https://bit.ly/2udH46y