Cette réforme de la 4e année est-elle déjà prévue pour la rentrée prochaine ?
Théoriquement oui, car elle a été actée par le PLFSS 2023. Pourtant, à ce jour, aucun texte d’application n’est paru : les futurs internes, qui devront choisir leur spécialité cet été après avoir passé les ECN, n’ont donc aucune visibilité. Nous réclamons a minima un report de cette réforme, pour en définir les modalités précises, sans précipitation et en réelle concertation avec tous les acteurs.
Quelles sont les questions à clarifier ?
Tout d’abord, la redéfinition de la maquette, qui change avec l’introduction de cette 4e année.
Le stage de la phase d’approfondissement en gynéco-pédiatrie devrait être couplé sur un semestre (3 mois/3 mois) afin de dégager un stage libre. Ce dernier, qui correspond à une revendication de longue date des internes de médecine générale, devrait permettre de parfaire leur parcours professionnel dans un domaine qui les intéresse, et dont le champ n’est pas couvert par la maquette. Or, selon les déclarations du ministre, ce stage n’est pas totalement libre mais fléché vers 4 spécialités : la santé de la femme, la santé de l’enfant, la gériatrie et la psychiatrie. Or ces spécialités sont déjà couvertes par la maquette, notamment par le stage de médecine adulte polyvalente pour la gériatrie et la psychiatrie.
Autres éléments qui vont à l’encontre de ce que revendiquent les internes : la 4e année se composera de deux stages de 6 mois, en ambulatoire, dans un cabinet médical, avec l’annonce d’une règle générale de passer 12 mois dans le même cabinet (6 mois reconduits quasi tacitement, et non deux stages de 6 mois qui permettraient aux étudiants de multiplier les terrains de stage). On anticipe dès lors les difficultés pratiques à faire valoir le droit de changer de terrain de stage à mi année.
Enfin, nous nous inquiétons fortement du plafond annoncé de 30 consultations par jour lors de ce stage de 4e année : c’est un chiffre démesuré, déconnecté de la réalité et d’autant plus dans un contexte de souffrance psychologique des internes ! Cela revient à pousser les jeunes médecins à effectuer des consultations de 15 minutes, ce qui est incompatible avec un cadre serein et sécurisant pour la bonne prise en charge des patients. Sans compter que les Départements de médecine générale n’auront pas les moyens humains d’encadrer les thèses (qui devront désormais être passées en 3 ans, au lieu de 6 ans) et de recruter assez de Maîtres de stages universitaires suffisamment formés à l’encadrement sur une période de mise en œuvre si courte.
Quelles seraient les conséquences d’une telle réforme ?
Son caractère précipitée, trop contraignant et déconnecté de la diversité du métier et des carrières risque inévitablement d’entraîner une démotivation des futurs internes et des jeunes médecins.
Il est particulièrement regrettable de contraindre les internes à un seul mode d’exercice, alors que la 4e année devrait leur permettre de découvrir des milieux différents pour mieux se projeter dans leur pratique future et la riche diversité qu’offre la médecine générale.
Cette réforme reflète une vision à court terme : elle n’est pas adoptée initialement avec une vocation pédagogique (allonger les études pour mieux former les futurs médecins) mais pour répondre à un besoin de santé : trouver une main d’œuvre facilement mobilisable et à laquelle on peut imposer certaines contraintes. On s’inquiète d’ores et déjà les dérives d’un remplacement déguisé et sous-payé !
De plus, ces mesures mettraient à mal l’attractivité de la médecine générale pour les jeunes étudiants en 2nd cycle, alors qu’il s’agit d’une spécialité très riche, précisément par la pluralité et la flexibilité de ce qu’elle offre comme modes d’exercice, comme champs médicaux de pratique, comme opportunités de carrières. Toute cette richesse serait fortement réduite par cette réforme…
Lettre ouverte au gouvernement
Au nom du Syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale, Cédric Cardoso a rédigé une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé et de la Prévention, à la première ministre et au président de la République : « La nouvelle maquette envisagée pour le DES de médecine générale en 4 ans ne répond ni aux aspirations des internes, ni pleinement aux besoins de santé » (ci-dessous).