Définir un accident du travail, une maladie professionnelle, une incapacité permanente, une consolidation.
Rédiger un certificat médical initial.
Décrire les procédures de reconnaissance.
Expliquer les enjeux médicaux et sociaux de la reconnaissance et d’un suivi post-professionnel.
Pour l’examen classant national, seules les informations relatives au régime général de la Sécurité sociale seront traitées.
Accident du travail
Fait accidentel
Lésion
Lien entre fait accidentel et travail Présomption d’imputabilité
Si l’employeur ou la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) contestent l’accident du travail, c’est à ces derniers de faire la preuve de l’absence de lien. L’employeur doit démontrer que la victime se livrait lors de l’accident du travail à une activité totalement étrangère au travail ou la CPAM doit apporter la preuve que la lésion est totalement étrangère au travail.
Accident de trajet
- sa résidence (principale ou secondaire, avec un critère de stabilité) ou tout autre lieu où il se rend de façon habituelle pour des raisons familiales ;
- le lieu où il prend habituellement ses repas et dans la mesure où le parcours n’a pas été interrompu ou détourné pour un motif personnel ou indépendant de l’emploi.
Statistiques
Ces statistiques incluent uniquement les accidents du travail du RGSS (et non pas le régime agricole, les fonctions publiques et les régimes particuliers). Les travailleurs les plus fréquemment affectés sont les jeunes, les sujets peu ou pas qualifiés et les travailleurs temporaires, moins bien informés sur les risques professionnels.
Les lésions des accidents du travail concernent le plus souvent les mains, les pieds, les yeux et le tronc (rachis). Les lésions de la tête sont moins fréquentes mais plus graves.
Les secteurs d’activité professionnelle les plus concernés en 2016 sont, selon ces statistiques, par ordre de fréquence décroissant : les activités de service (manutention), l’industrie alimentaire, les transports, le bâtiment et les travaux publics, la métallurgie, l’industrie du bois, puis celle de la chimie.
Maladie professionnelle
Notion de la présomption d’origine
Tableaux de maladies professionnelles
Chaque tableau a un titre et 3 colonnes (exemple du tableau n° 98 du RGSS en
Le titre fait généralement mention d’un agent pathogène, d’un agent chimique ou physique et/ou de la pathologie, et précise parfois le mécanisme à l’origine de la maladie.
La colonne de gauche, intitulée « Désignation des maladies et/ou des symptômes », est une liste limitative exigeant parfois la positivité d’examens complémentaires (par exemple : exploration fonctionnelle respiratoire, imagerie, dosage biologique…). Plusieurs catégories de maladies sont inscrites sur les tableaux de maladies professionnelles : intoxications professionnelles subaiguës ou chroniques (oxyde de carbone, plomb ou solvants organiques, par exemple), maladies infectieuses (tuberculose, hépatite virale), cancers, pathologies allergiques, maladies relatives à une ambiance de travail (bruit, vibrations, hyperbarie) ou à des gestes et postures.
La colonne du milieu, intitulée « Délai de prise en charge », est le délai maximal écoulé entre la fin de l’exposition au risque et la première constatation médicale de l’affection. Très variable, ce délai peut aller de quelques jours (pour les affections aiguës) à plusieurs dizaines d’années (pour les cancers). Dans certains tableaux, cette colonne peut également comporter une durée minimale d’exposition au risque, condition obligatoire.
La colonne de droite est, selon les tableaux, la liste limitative ou indicative « des travaux susceptibles de provoquer ces maladies » que le salarié doit avoir exécutés pour que sa pathologie soit reconnue. Elle comporte divers métiers ou circonstances d’exposition professionnelle. Si la liste est limitative, la pathologie d’un salarié effectuant des travaux non mentionnés à cette liste ne bénéficie pas de la présomption d’origine. Si elle est indicative, la maladie figurant au tableau peut bénéficier de la présomption d’origine même si l’activité professionnelle du salarié n’y figure pas.
Système complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles (ou reconnaissance « hors tableau »)
- alinéa 3 (de l’article L.461-1 du code de la Sécurité sociale) : lorsque la maladie qu’ils présentent est inscrite dans un tableau de maladie professionnelle mais qu’une ou plusieurs conditions requises ne sont pas remplies (délai de prise en charge et/ou durée d’exposition (colonne du milieu), liste limitative des travaux (colonne de droite). Dans ce cas, il faut que la maladie soit directement causée par le travail habituel de la victime ;
- alinéa 4 (de l’article L.461-1 du code de la Sécurité sociale) : lorsque la maladie n’est pas désignée dans un tableau et qu’elle entraîne le décès ou un taux d’incapacité permanente estimée à au moins 25 %. Dans ce cas, il faut que le lien entre la nuisance incriminée et la pathologie soit direct et essentiel.
- un médecin-conseil régional du régime de Sécurité sociale concerné ;
- un médecin inspecteur du travail (MIT) ;
- un professeur d’université-praticien hospitalier (PU-PH) ou un praticien hospitalier « particulièrement qualifié en matière de pathologie professionnelle ».
Maladie à caractère professionnel
Statistiques
Notons qu’il existe en France, comme dans d’autres pays, une sous-déclaration des maladies professionnelles liée à plusieurs facteurs : réparation jugée peu satisfaisante, crainte de perdre son emploi, procédure de déclaration mal connue de la part du praticien et du patient. En outre, les statistiques de déclaration des maladies professionnelles indemnisables ne portent que sur la population active du régime général de la Sécurité sociale et du régime agricole.
Procédures de déclaration d’accident du travail et de maladie professionnelle
Déclaration en accident du travail
- la victime doit signaler l’accident de travail à son employeur dans les 24 heures après sa survenue, sauf cas de force majeure ;
- l’employeur a l’obligation formelle de déclarer l’accident de travail à la CPAM sous 48 heures sur un document spécifique CERFA (sinon, la victime a deux ans pour le faire en cas de carence de l’employeur) même s’il réfute la réalité de l’accident de travail. Dans ce cas, il pourra le contester ultérieurement auprès de la CPAM. Il doit également délivrer à la victime une feuille de soins accident du travail-maladie professionnelle qui permet au patient la prise en charge des soins et des traitements sans avoir à en faire l’avance de frais ;
- le médecin consulté par la victime :
. note ses actes sur la feuille de soins accident du travail/maladie professionnelle délivrée par l’employeur ;
. adresse au moins un exemplaire du formulaire au médecin- conseil de la CPAM et en remet un autre à la victime ;
. rédigera à la fin des soins un certificat médical final (CMF) descriptif attestant de la guérison ou décrivant les séquelles éventuelles en cas de consolidation. Ce certificat permettra au médecin-conseil de fixer un taux d’incapacité permanente en cas de consolidation avec séquelles et donc une indemnisation ;
- la CPAM vérifie dans tous les cas la matérialité de l’accident par le service administratif et la réalité des lésions physiques imputables à l’accident du travail par le médecin-conseil.
Déclaration en maladie professionnelle
- la victime déclare elle-même la maladie professionnelle à la CPAM en lui adressant :
. une attestation de salaire (fournie par le dernier employeur) s’il y a arrêt de travail.
Cette déclaration doit être faite idéalement dans les 15 jours qui suivent l’arrêt du travail ou la date de la première constatation médicale pour permettre le versement des indemnités journalières (IJ) en cas d’arrêt. Néanmoins, le patient dispose d’un délai de 2 ans pour faire valoir ses droits ;
- l’employeur remet au salarié qui en fait la demande une attestation de salaire qui permettra le calcul des indemnités journalières ;
- le médecin, librement choisi par l’assuré, établit un CMI en 4 exemplaires : 2 destinés à la caisse, 1 à conserver par le malade, le 4e pourra être adressé par la victime à l’employeur en cas d’arrêt. Il est important de mentionner la date de la première constatation médicale de la maladie, date de référence pour déterminer le délai de prise en charge mais aussi pour débuter le versement des indemnités journalières. Elle peut être antérieure à la date de rédaction du certificat. Le médecin établira en temps voulu le certificat médical final descriptif ;
- la CPAM instruit le dossier, en informe l’employeur et l’inspecteur du travail. Elle fait procéder à une enquête administrative afin de contrôler la réalité de l’exposition au risque. C’est le service médical qui reconnaît ou non la conformité des symptômes avec ceux mentionnés sur les tableaux.
Réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles
Prestations temporaires
- prestations en nature : l’exonération du ticket modérateur et le tiers payant (gratuité des soins).
- prestations en espèces : indemnités journalières versées en cas d’arrêt. En cas d’accident du travail, le jour où s’est produit l’accident du travail reste rémunéré par l’employeur, les indemnités journalières ne commençant que le jour suivant ; la date de la première consultation médicale est assimilée au jour de l’accident. En cas de maladie professionnelle, il n’existe pas de délai de carence et les indemnités journalières commencent à la date de première constatation médicale. L’indemnité journalière est égale à 60 % du salaire journalier de base pendant 28 jours, puis à 80 % à partir du 29e.
Prestations définitives
La guérison est l’absence de toutes séquelles. Elle peut n’être qu’apparente et laisser place à une rechute.
La consolidation correspond à la date à laquelle l’état de la victime n’est plus susceptible d’évolution (à court ou moyen terme). Elle implique la fin des soins actifs (et non ceux destinés à éviter une aggravation), la fin du versement des indeminités journalières et n’implique pas de facto la reprise du travail.
Il persiste alors des séquelles entraînant une incapacité permanente au travail. Ces séquelles, décrites sur le certificat médical final, se traduisent par un taux d’incapacité permanente fixé par le médecin-conseil de la CPAM sur la base d’un barème indicatif.
En l’absence de certificat médical final, le médecin-conseil propose une date de consolidation que le patient peut contester.
La rechute se caractérise, après la guérison apparente ou consolidation, par l’apparition d’un fait médical nouveau directement en rapport avec l’accident initial (ou la maladie professionnelle). Ce peut être l’aggravation de l’état séquellaire à l’accident ou l’apparition d’une nouvelle lésion également imputable à l’accident et nécessitant à nouveau des soins actifs avec ou sans arrêt de travail. La victime ne bénéficie plus de la présomption d’imputabilité ou d’origine et elle doit donc apporter la preuve du lien de causalité entre l’accident initial et la rechute invoquée.
Les prestations définitives sont versées à partir du lendemain de la date de consolidation s’il y a des séquelles. Le taux d’incapacité permanente prend en compte la perte de capacité fonctionnelle, de travail ou de gain appelée « préjudice patrimonial ».
Les autres préjudices (esthétique, d’agrément, souffrances endurées ou pretium doloris) dont l’ensemble constitue le préjudice extra-patrimonial ne sont pas pris en compte ni réparés par la législation accident du travail-maladie prodfessionnelle qui est forfaitaire.
La victime peut toutefois aller au tribunal pour faire reconnaître la faute inexcusable de son employeur et ainsi se voir octroyer une réparation plus complète de son incapacité permanente ainsi qu’une réparation du préjudice extra-patrimonial. Il existe notamment des dispositions spécifiques pour les maladies liées à l’amiante : indemnisation par le fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante et la possibilité d’une cessation anticipée d’activité (décrites dans « points particuliers à connaître »).
En cas de taux d’incapacité permanente inférieur à 10 %, l’indemnisation de la victime s’effectue sous forme de capital perçu en une seule fois. En cas de taux d’incapacité permanente supérieure ou égale à 10 %, l’indemnisation s’effectue sous forme d’une rente à vie proportionnelle au salaire antérieur et au taux d’incapacité permanente. En cas de décès de l’assuré, les ayants droit (conjoint, enfants à charge) peuvent bénéficier d’une rente de réversion partielle. Toute modification de l’état de santé de la victime peut donner lieu à une réévaluation de l’incapacité permanente (augmentation ou diminution) après rédaction par le praticien d’un certificat médical de demande de réévaluation du taux d’incapacité permanente. Les prestations en espèces sont désormais partiellement imposées (pour 50 % de leur montant).
Protection de l’emploi
Depuis octobre 2018, il est prévu qu’une attestation de reconnaissance en qualité de travailleur handicapé soit délivrée automatiquement aux victimes d’accident du travail ou de maladie professionnelle leur permettant de bénéficier de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés.
Litiges
Les contestations de l’employeur relevant du contentieux général sont, par exemple, les suivantes :
- la matérialité de l’accident ou de la lésion ;
- le caractère professionnel de l’accident ou de la maladie ;
- l’imputation de l’état de rechute à un précédent accident ;
- le bien-fondé d’une prolongation de soins ou d’un arrêt de travail ;
- la date de consolidation fixée par le médecin traitant ;
- la reconnaissance d’une faute inexcusable.
Suivi post-professionnel
Les enjeux sont de maintenir un suivi médical lorsque le risque d’apparition de la maladie subsiste et de dépister des pathologies à un stade précoce plus facilement curable.
Son organisation est définie par le code de Sécurité sociale. Il existe une liste précise des agents concernés cancérogènes (amiante, certaines amines aromatiques, benzène, chrome, poussières de bois, rayonnements ionisants…) mais aussi des agents responsables de pneumoconioses (silice, fer, charbon). Sur cette liste sont précisées les modalités (nature, fréquence) des examens médicaux correspondant au type de risque auquel le salarié a été exposé.
Cette surveillance médicale est réalisée par le médecin de son choix. Les dépenses sont prises en charge par le fonds national des accidents du travail. L’accès à ce suivi nécessite une attestation d’exposition remplie par l’ancien employeur. Cette attestation est complétée par le médecin du travail pour les données médicales. En pratique, c’est le salarié qui demande à sa CPAM de bénéficier de cette surveillance ; il doit pour cela produire l’attestation d’exposition qui lui a été remise à son départ de l’entreprise.•
Accidents du travail et maladies professionnelles :
L’AT survient à un moment précis sur le lieu de travail et pendant le temps de travail. La présomption d’imputabilité implique que le salarié n’a pas à établir la preuve du lien entre le travail et la survenue de la lésion.
L’employeur déclare l’AT sans préjuger des faits ou de l’authenticité de l’accident.
L’accident de trajet peut être reconnu en AT mais le salarié ne bénéficie pas de la présomption d’imputabilité.
Les MP sont le résultat d’une exposition habituelle à un risque professionnel, souvent prolongée. Elles sont inscrites dans des tableaux précisant leurs natures, leurs délais de prise en charge et la liste (indicative ou limitative) des travaux impliqués.
Lorsque la maladie figure à un tableau de MP en répondant à tous ses critères, le salarié n’a pas à établir la preuve du lien entre l’exposition professionnelle et la survenue de la maladie. C’est la présomption d’origine.
Lorsque la maladie ne remplit pas les critères d’un tableau ou qu’elle n’y est pas inscrite, l’avis d’un comité spécialisé (CRRMP) est requis.
permet de bénéficier du remboursement des soins à 100 % et, en cas d’arrêt maladie, d’indemnités journalières supérieures à celles d’un arrêt ordinaire. En cas d’incapacité permanente, une rente ou un capital peut être attribué.