Environ 3 000 nouveaux cas de cancers en France seraient liés à l’inactivité physique (données 2015).2
Cette baisse d’incidence grâce à l’activité physique serait due à une diminution de l’insulinorésistance, de l’inflammation chronique, de l’adiposité et des taux circulants d’estrogènes et à un renforcement de l’immunité. Des mécanismes d’action qui restent à élucider.
Réduction du risque de cancer du sein
Seuil d’efficacité : au moins 2 h 30 de marche rapide par semaine. Réponse proportionnelle à la durée de l’exercice physique.
Le plus efficace, une activité physique, de loisir particulièrement, tout au long de sa vie.
Effets sur la fatigue pendant et après les traitements :
– plainte fréquente au cours et décours de la prise en charge médicamenteuse, ressentie par 60 à 100 % des patientes ;
– l’efficacité de l’activité physique est maximale quand elle est pratiquée dès le début des traitements.4
Effets sur la qualité de vie
– en plus de la diminution de la fatigue, amélioration des symptômes dépressifs et de l’anxiété, des troubles du sommeil et de la qualité de vie appréciée par des échelles validées ;5
– l’activité physique adaptée est faisable pendant la chimiothérapie adjuvante. Elle a des effets positifs sur les capacités physiques, le sommeil, allège les douleurs, les symptômes endocriniens et la fatigue ;
– sous hormonothérapie et notamment sous inhibiteurs de l’aromatase aux nombreux effets indésirables, amélioration significative de la qualité de vie, du fonctionnement corporel, de la vitalité ; atténuation de la fatigue et des douleurs.6
Après les traitements :
– bénéfice significatif en termes de qualité de vie, d’aptitudes physiques, d’état émotionnel, de relations sociales et de composition corporelle ;
– pas d’effet sur le sommeil, les douleurs et la sexualité, mais les études sont hétérogènes…7
Activité physique et lymphœdème
D’après une revue de 10 études randomisées, on note, en cas d’activité physique (aquagym, natation, yoga…), une diminution significative du volume du bras pour 4 d’entre elles ; pour les 6 autres, une amélioration des symptômes (douleur, lourdeur, faiblesse) et, pour toutes, jamais d’effet délétère.8
La pratique du « dragon boat » (sport nautique de pagayage intense), qui ne produit pas d’élévation de l’incidence du lymphœdème, conforte ces données.
Activité physique, cancer du sein et rechute
Diminution de mortalité à 10 ans de l’ordre de 6 %.
Comment faire en pratique ? 10
– Toutes peuvent bénéficier de l’activité physique. Elles doivent être en ALD.
– En situation de métastases, il est recommandé de prendre contact avec l’oncologue référent afin de discuter de ce qui est possible ou non.
– Quel sport ? S’il n’y en a pas à privilégier, les activités de groupe et la présence physique d’un(e) coach sont à favoriser.
Prescrire l’activité physique
– L’ordonnance est adaptée (à la condition physique, à l’état de santé) et individualisée en prenant en compte les préférences de la patiente.
– Elle comprend idéalement des conseils sur l’augmentation de l’exercice de la vie quotidienne (déplacements actifs) et sur la réduction du temps passé à des comportements sédentaires.
– L’objectif est de l’amener progressivement vers un style de vie physiquement plus actif sur le long terme (toute sa vie).
Suivre la prescription
– Des temps d’échanges peuvent être instaurés afin d’évaluer l’adhésion à l’activité prescrite et de renforcer la motivation.
– à cet égard, il est important de valoriser l’ensemble des progrès obtenus.
Des effets bénéfiques
Sur le risque de développer un cancer du sein.
Sur la fatigue liée au traitement et la qualité de vie en général.
Sur la survie et le risque de rechute.
L’essentiel
• L’activité physique réduit le risque de survenue d’un cancer du sein, améliore la qualité de vie, diminue la fatigue. Elle permet une meilleure tolérance des traitements et même un allongement de la survie.
• Sa poursuite au long cours peut être aléatoire. L’effet activité de groupe est indéniable et l’encadrement par des professeurs formés indispensable.
• Le décret n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 précise les conditions de dispensation de l’activité physique adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients atteints d’une affection longue durée, aujourd’hui non remboursée.
2. CIRC. Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine. Lyon: International Agency for Research on Cancer; 2018.
3. McTiernan A, Friedenreich CM, Katzmarzyk PT, et al. Physical Activity in Cancer Prevention and Survival: A Systematic Review. Med Sci Sports Exerc 2019;51:1252‑61.
4. Dennett AM, Peiris CL, Shields N, Prendergast LA, Taylor NF. Moderate-intensity exercise reduces fatigue and improves mobility in cancer survivors: a systematic review and meta-regression. J Physiother 2016;62:68‑82.
5. Furmaniak AC, Menig M, Markes MH. Exercise for women receiving adjuvant therapy for breast cancer. Cochrane Database Syst Rev 2016;9:CD005001.
6. Baglia ML, Lin IH, Cartmel B, et al. Endocrine-related quality of life in a randomized trial of exercise on aromatase inhibitor-induced arthralgias in breast cancer survivors. Cancer 2019;125:2262‑71.
7. Lahart IM, Metsios GS, Nevill AM, Carmichael AR. Physical activity for women with breast cancer after adjuvant therapy. Cochrane Database Syst Rev 2018;1:CD011292.
8. Baumann FT, Reike A, Reimer V, et al. Effects of physical exercise on breast cancer-related secondary lymphedema: a systematic review. Breast Cancer Res Treat 2018;170:1‑13.
9. Friedenreich CM, Neilson HK, Farris MS, Courneya KS. Physical Activity and Cancer Outcomes: A Precision Medicine Approach. Clin Cancer Res 2016;22:4766‑75.
10. HAS. Guide de promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique et sportive pour la santé chez les adultes. Organisation des parcours. Juillet 2019. https://bit.ly/3jfAxPN