Le 23 mars dernier, le préfet de l’Aisne décrétait l’interdiction de la vente de boissons alcooliques. Objectif : prévenir les troubles et les violences, notamment, intrafamiliales. Certains virent là une mesure de bon sens et la volonté de réduire les risques inhérents au confinement. Quelques jours plus tard, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, affirmait que les violences conjugales avaient augmenté de 32 % en zone gendarmerie en une semaine et de 36 % dans celle de la préfecture de police de Paris. Et précisait que pour permettre aux femmes victimes d’alerter les forces de l’ordre, un dispositif serait mis en place au sein des pharmacies.
Paradoxalement, la décision préfectorale fut contestée par des spécialistes de la prise en charge de la dépendance à l’alcool. « Cette décision, qui part de l’affichage d’une bonne intention, n’est pourtant pas aussi pertinente qu’on pourrait le penser a priori, expliquait pour sa part l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).1 En effet, si l’alcool est souvent impliqué dans la survenue de violences familiales, comme facteur favorisant ou causal, cela ne justifie pas l’interdiction totale à l’ensemble de la population. Interdire la vente d’alcool entraînerait chez certains buveurs dépendants des phénomènes de sevrage aigu, pouvant aller jusqu’au delirium tremens, dont les conséquences peuvent être plus sérieuses que le maintien de la consommation, même excessive».
Sensible à ces arguments, le préfet de l’Aisne a décidé d’annuler l’interdiction. La quasi-totalité des spécialistes avaient approuvé sans réserve le maintien des commerces de tabac et de boissons alcooliques, nombre d’entre eux regrettant que la France n’ait toujours pas progressé quant à la régulation du cannabis. Plusieurs associations ont demandé la réouverture des boutiques spécialisées dans le vapotage ; requête rapidement accordée par la DGS. Il en fut de même pour la facilitation de la délivrance des traitements de substitution aux opiacés (TSO) et de certaines spécialités pharmaceutiques.
Mais on a aussi vu réactivé le mythe du « ce n’est qu’une histoire de volonté » et celui de la prohibition décrétée comme solution unique et définitive. « Le confinement deviendrait une sorte d’abstinence obligée grâce à une claustration salvatrice », observent les auteurs d’une tribune publiée par la Fédération Addiction.2« Or c’est l’inverse qui nous semble être nécessaire : il faut assurer une garantie absolue d’approvisionnement en produits de dépendance, pour pouvoir ensuite aider ceux qui le souhaiteront à réduire ou à arrêter… Il est tout aussi important d’accentuer et de garantir l’accès aux différentes aides. »
« Le domicile est un espace de liberté où les tentations peuvent être plus nombreuses tandis que les contraintes sociales sont moins fortes, résume pour sa part l’ANPAA. L’absence d’un cadre contraignant auquel s’ajoute le climat anxiogène lié à une crise sanitaire exceptionnelle peuvent engendrer une surconsommation. Ce contexte particulier peut inciter les personnes fragiles et sensibles au stress à consommer davantage de médicaments, notamment des anxiolytiques ou des antidépresseurs. Le travail peut aussi créer des situations de stress tout au long de la journée et conduire à une accumulation d’émotions qu’il faut savoir réguler. C’est particulièrement vrai lorsque l’on travaille dans des conditions qui ne sont pas optimales, ou nouvelles, comme à domicile, et lorsque la frontière bureau/maison s’estompe ».
Enfin, il nous faut aussi compter avec celles et ceux qui cumulent addictions et grande précarité. Si l’on veut que ces malades se protègent de l’épidémie dans des centres d’hébergement spécialisés, il faut leur garantir l’approvisionnement en tabac, alcool, benzodiazépines, TSO, etc. C’est, pour la Fédération Addiction, une condition sine qua non pour que ces personnes fragiles acceptent d’y rester, et pour que leurs troubles du comportement soient limités. Une forme paradoxale de réduction des risques.
Paradoxalement, la décision préfectorale fut contestée par des spécialistes de la prise en charge de la dépendance à l’alcool. « Cette décision, qui part de l’affichage d’une bonne intention, n’est pourtant pas aussi pertinente qu’on pourrait le penser a priori, expliquait pour sa part l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).1 En effet, si l’alcool est souvent impliqué dans la survenue de violences familiales, comme facteur favorisant ou causal, cela ne justifie pas l’interdiction totale à l’ensemble de la population. Interdire la vente d’alcool entraînerait chez certains buveurs dépendants des phénomènes de sevrage aigu, pouvant aller jusqu’au delirium tremens, dont les conséquences peuvent être plus sérieuses que le maintien de la consommation, même excessive».
Sensible à ces arguments, le préfet de l’Aisne a décidé d’annuler l’interdiction. La quasi-totalité des spécialistes avaient approuvé sans réserve le maintien des commerces de tabac et de boissons alcooliques, nombre d’entre eux regrettant que la France n’ait toujours pas progressé quant à la régulation du cannabis. Plusieurs associations ont demandé la réouverture des boutiques spécialisées dans le vapotage ; requête rapidement accordée par la DGS. Il en fut de même pour la facilitation de la délivrance des traitements de substitution aux opiacés (TSO) et de certaines spécialités pharmaceutiques.
Mais on a aussi vu réactivé le mythe du « ce n’est qu’une histoire de volonté » et celui de la prohibition décrétée comme solution unique et définitive. « Le confinement deviendrait une sorte d’abstinence obligée grâce à une claustration salvatrice », observent les auteurs d’une tribune publiée par la Fédération Addiction.2« Or c’est l’inverse qui nous semble être nécessaire : il faut assurer une garantie absolue d’approvisionnement en produits de dépendance, pour pouvoir ensuite aider ceux qui le souhaiteront à réduire ou à arrêter… Il est tout aussi important d’accentuer et de garantir l’accès aux différentes aides. »
« Le domicile est un espace de liberté où les tentations peuvent être plus nombreuses tandis que les contraintes sociales sont moins fortes, résume pour sa part l’ANPAA. L’absence d’un cadre contraignant auquel s’ajoute le climat anxiogène lié à une crise sanitaire exceptionnelle peuvent engendrer une surconsommation. Ce contexte particulier peut inciter les personnes fragiles et sensibles au stress à consommer davantage de médicaments, notamment des anxiolytiques ou des antidépresseurs. Le travail peut aussi créer des situations de stress tout au long de la journée et conduire à une accumulation d’émotions qu’il faut savoir réguler. C’est particulièrement vrai lorsque l’on travaille dans des conditions qui ne sont pas optimales, ou nouvelles, comme à domicile, et lorsque la frontière bureau/maison s’estompe ».
Enfin, il nous faut aussi compter avec celles et ceux qui cumulent addictions et grande précarité. Si l’on veut que ces malades se protègent de l’épidémie dans des centres d’hébergement spécialisés, il faut leur garantir l’approvisionnement en tabac, alcool, benzodiazépines, TSO, etc. C’est, pour la Fédération Addiction, une condition sine qua non pour que ces personnes fragiles acceptent d’y rester, et pour que leurs troubles du comportement soient limités. Une forme paradoxale de réduction des risques.
Références
1. ANPAA. Interdiction de la vente d’alcool dans l’Aisne : une fausse bonne idée. 24 mars 2020. https://bit.ly/3431iRG
2. Delile JM, Couteron JP, Andréo C. Usages et Addictions en temps de confinement. Fédération Addiction, 25 mars 2020. https://bit.ly/2Ut4wui
2. Delile JM, Couteron JP, Andréo C. Usages et Addictions en temps de confinement. Fédération Addiction, 25 mars 2020. https://bit.ly/2Ut4wui