Un Français sur deux est aujourd’hui en surpoids, un sur six est obèse. Et si la prévalence de l’obésité (17 % chez les adultes) est inférieure en France à celle des pays de l’OCDE (23,3 % en moyenne), elle est bien supérieure à celle de l’Italie (9,8 %), de la Suède, de la Suisse ou de la Norvège. Depuis 2005, le nombre d’obèses s’est stabilisé. Mais les inégalités sociales et territoriales se sont aggravées (notamment dans les départements d’outre-mer).
« Les politiques de prévention et de lutte contre l’obésité sont volontaristes,en particulier les campagnes d’information et de communication, mais elles souffrent d’un manque de lisibilité et de coordination, et leurs effets sont, par ailleurs, difficiles à mesurer, analyse la Cour des comptes dans un rapport récent. 1 La prise en charge médicale des patients est encore insuffisante malgré les efforts engagés, notamment pour les enfants, dont le suivi s’est amélioré grâce aux réseaux pédiatriques de prévention et de soins et aux centres spécialisés de l’obésité. »
C’est là un sujet où le politique et l’économique le disputent au sanitaire. Ne serait-ce que parce que la régulation de l’offre et de la demande alimentaire est, pour l’essentiel, dans les mains des dirigeants de la grande distribution et de l’agro-alimentaire. « Cette situation favorise les mauvais comportements alimentaires des populations les plus vulnérables et en particulier des enfants, soumis à un marketing intensif à la télévision et sur d’autres supports, soulignent les magistrats de la Cour des comptes. Même le Nutri-Score, instrument utile à la bonne information des consommateurs et qui devrait être rendu obligatoire dans le droit européen pour être pleinement efficace, se heurte encore à l’opposition d’une partie des industriels du secteur de l’agro-alimentaire – en particulier des nombreuses entreprises multinationales produisant des boissons ou aliments très sucrés et/ou gras. »
Une action politique coordonnée pourrait certes se fondersur les conséquences médico-économiques de l’obésité. Or on ne dispose pas d’étude récente, faute notamment du manque de données produites sur ce sujet par la Caisse nationale d’Assurance maladie. « L’unique référence disponible est une étude réalisée par la direction générale du Trésor en 2016, à partir de données de l’année 2012, observe la Cour des comptes. Elle faisait état d’un coût social de la surcharge pondérale avoisinant… 20 milliards d’euros, soit 1 % du produit intérieur brut. »
On pourrait aussi recourir à l’outil fiscal, dont les effets sont largement démontrés dans le cas du tabac. Ainsi la taxe sur les boissons sucrées a prouvé son intérêt dans plusieurs pays. Mais plus généralement, pour les magistrats de la Cour des comptes, l’action devrait porter, de manière volontariste, sur la généralisation rapide de parcours de soins intégrant des interventions pluridisciplinaires et adaptés aux enfants à risque. « Leur prise en charge par l’Assurance maladie permettrait une meilleure prévention de l’obésité et de ses conséquences morbides, financières et économiques, ajoutent-ils. Et le coût pour l’Assurance maladie devrait être mis en regard des bénéfices attendus pour les populations concernées et du coût indirect de l’obésité et de ses comorbidités. »
Ajoutons que les espoirs sont bien minces de voir émerger à court terme de nouveaux médicaments « anti-obésité ». 2 On ne peut, au-delà des recommandations techniques de la Cour des comptes, que souhaiter le développement d’une action politique d’une toute autre ampleur. Une action qui, imposant d’autorité l’étiquetage par le Nutri-Score des aliments de la grande distribution, inclurait une véritable éducation du goût et des choix alimentaires dans les espaces scolaires.
« Les politiques de prévention et de lutte contre l’obésité sont volontaristes,en particulier les campagnes d’information et de communication, mais elles souffrent d’un manque de lisibilité et de coordination, et leurs effets sont, par ailleurs, difficiles à mesurer,
C’est là un sujet où le politique et l’économique le disputent au sanitaire.
Une action politique coordonnée pourrait certes se fonder
On pourrait aussi recourir à l’outil fiscal,
Ajoutons que les espoirs sont bien minces
Références
1. Cour des comptes. La prévention et la prise en charge de l’obésité . Rapport. 11 décembre 2019.
https://bit.ly/36G70su
2. Clément K. A-t-on espoir de voir changer la prise en charge pharmaceutique de l’obésité ? Médecine/Sciences (sous presse).
https://bit.ly/36G70su
2. Clément K. A-t-on espoir de voir changer la prise en charge pharmaceutique de l’obésité ? Médecine/Sciences (sous presse).