Une hémorragie intracérébrale (HIC) peut survenir lors d’un traitement thrombolytique prescrit pour une pathologie coronaire. Dans les thrombolyses pour ischémie cérébrale, une HIC sur 50 survient en dehors du territoire ischémié. Le mécanisme de ces hémorragies à distance (HIC-d) pourrait se rapprocher de celui des HIC observées en pathologie coronaire. L’hypothèse a été testée selon laquelle une HIC-d se développe à partir d’une lésion sous-jacente identifiable sur l’IRM initiale. Toutes les thrombolyses par activateur recombinant du plasminogène tissulaire (rt-PA) pour ischémie cérébrale, effectuées sur une période de 9ans, ont été colligées chez des patients majeurs et consentants.
Une HIC-d (41cas) a été identifiée chez 24 (2,5 %) des 944patients. L’hémorragie était lobaire chez 14patients (58,3 %), profonde chez 7 (29,2 %) et mixte chez 3 (12,5 %). Dans 24 des 41 HIC-d (58,5 %) aucune lésion préalable n’a été identifiée ; 17 HIC-d (41,5 %) s’étaient développées sur une lésion préalable : 6 microsaignements, 6 infarctus cérébraux anciens et 1 récent, et 4 anomalies de la substance blanche. Les facteurs indépendamment associés aux HIC-d étaient un âge plus élevé, la présence d’au moins 5 microsaignements et le siège lobaire des microsaignements.
Toutes les lésions préexistantes identifiées sont de nature vasculaire, mais dans la moitié des cas l’hémorragie intracérébrale reste inexpliquée. Des IRM à plus haut champ (3 teslas), avec des coupes fines et des séquences plus sensibles, pourraient permettre d’identifier la cause des cas inexpliqués.
Didier Leys, hôpital Roger Salengro, CHU de Lille
12 novembre 2020