Petits tubes creux (« yoyos ») maintenant ouvert un orifice dans la membrane tympanique, ils équilibrent les pressions entre l’oreille moyenne et l’extérieur lorsqu’un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache installe une dépression dans la caisse du tympan, provoquant une réaction muqueuse avec sécrétion liquidienne ; d’où hypoacousie et, chez les jeunes enfants, répétition des otites moyennes aiguës (OMA) infectieuses.
à Otite séro-muqueuse (OSM)
Indication principale d’un ATT.
Très fréquente avant 6 ans, particulièrement à la saison froide, elle touche la moitié des enfants (bilatérale dans 85 % des cas).
Retentissement variable sur l’audition qui impose un audiogramme. Pour une même perte auditive, certains enfants ne sont pas du tout gênés (compensation centrale) alors que d’autres développent un retard de parole/langage ou ont des difficultés scolaires.
Guérison spontanée ou sous médicament.1 Le diagnostic otoscopique ne suffit pas pour proposer un traitement, encore moins un ATT : prendre en compte la perte auditive (audiogramme) et la gêne occasionnée. La HAS recommande la pose d’un ATT lors d’une baisse d’audition supérieure à 25 dB.
Pose d’ATT1 bilatéraux si :
– OSM bilatérales ayant résisté à un traitement médicamenteux et associées à une hypoacousie d’au moins 30 dB HL (décibel Hearing Level en audiométrie tonale) à la meilleure oreille. Vérifier l’audition 1 à 2 mois après pour s’assurer qu’elle s’est bien normalisée et que l’OSM ne masquait pas une surdité de transmission (blocage de la chaîne ossiculaire) ou une surdité de perception sous-jacente ;
– OSM avec une hypoacousie moins importante (d’au moins 10 dB HL) chez les enfants avec un retard de langage d’une autre origine (surdité de perception, retard global des acquisitions).
Indications plus rares :
– OMA à répétition (au moins 3 épisodes sur 6 mois ou au moins 4 épisodes en 1 an) chez l’enfant de moins de 3 ans qui garde un épanchement rétrotympanique entre les épisodes infectieux ;2
– rétractions postéro-supérieures de la membrane tympanique avec épanchement dans la caisse du tympan (en général chez des enfants de plus de 6 ans). Consécutives à l’OSM. Responsables de surdité, vertiges, infections loco-régionales. Peuvent évoluer vers un état instable précholestéatomateux.
La pose se fait sous anesthésie générale, en ambulatoire (sauf comorbidités le contre-indiquant : drépanocytose). L’enfant peut retourner à la crèche ou à l’école le lendemain. Avec certains ATT, éviter la pénétration d’eau dans l’oreille, faire attention lors de la toilette et des sports nautiques. Ce point est à discuter avec l’ORL avant l’intervention.
Efficacité thérapeutique : normalise l’audition si l’aérateur en place est perméable. Réduit la fréquence des otites moyennes aiguës avant 3 ans et prévient le cholestéatome. Empêche la réapparition de l’OSM, après sa chute ou son retrait, mais pas l’atrophie tympanique.
à Complications à court terme
Otorrhée purulente uni- ou bilatérale précoce (jours qui suivent la pose) : à traiter par instillations auriculaires comportant des antibiotiques non ototoxiques.3
Otorrhée ou otorragie secondaire à la présence de l’aérateur (semaines ou mois après). Le saignement provient d’un granulome à la base de l’ATT, dû à l’infection. Traitement probabiliste par gouttes auriculaires actives sur Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus (ofloxacine, ciprofloxacine) pendant 5 à 7 jours.4 Prélèvement microbiologique nécessaire seulement en cas d’échec. Cet écoulement peut boucher l’aérateur, facilitant son expulsion.
Expulsion. Les ATT courts (type Shepard, fig. 1) s’expulsent spontanément dans 90 % des cas dans les 9 premiers mois.2 Il n’y a rien à faire, sauf si l’OSM récidive. Les ATT longs (type T-tube, fig. 2) ne s’éliminent spontanément que dans 10 % des cas. L’ORL décide quand les enlever : en consultation, sous microscope, idéalement avec anesthésie inhalée au MEOPA.
à Complications à long terme
Myringosclérose (plaque calcaire blanche opaque) : sans conséquence clinique. Elle survient aussi chez des enfants qui n’ont jamais eu d’ATT mais ont fait beaucoup d’OMA.
Perforation tympanique résiduelle due à l’atrophie de la membrane tympanique par l’OSM.5 Une myringoplastie est proposée dans certains cas.
Cholestéatome (fig. 3) résultant lui aussi de la pathologie otitique sous-jacente. Il nécessite de surveiller les oreilles 1 à 2 ans après guérison.
Références
1. Société française d’ORL. Prise en charge thérapeutique des otites séro-muqueuses de l’enfant. 2016. www.sforl.org.

2. Majer J, Drouillard M, Perrot C, et al. Évaluation rétrospective de l’efficacité des aérateurs transtympaniques courts en cas d’OMA récidivantes chez le nourrisson. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord) 2014;135:33-9.

3. Société française d’ORL. Utilisation des poudres et gouttes à usage auriculaire. Octobre 2001. www.sforl.org.

4. François M, Mariani-Kurkjian P, Doit C, et al. Otorrhée sur aérateur transtympanique. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 2001;118:278-82.

5. O’Connell Ferster AP, Tanner AM, Karikari K, et al. Factors related to persisting perforations after ventilation tube insertion. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2016;81: 29-32.