Au début de la pandémie, le ministère de la Santé avait déconseillé l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en cas d’infection par le SARS-CoV-2 – déclarant que, en cas de fièvre, l’utilisation du paracétamol était préférable –, sur la base de données non publiées qui reportaient une aggravation de la Covid possiblement liée à la prise de cette classe thérapeutique, chez certains sujets sans facteur de risque notable. Un an après, que sait-on de cette association ? Que dire à vos patients ?

 

Une large étude prospective récemment publiée dans The Lancet Rheumatology montre que, contrairement à ce que faisaient craindre ces données initiales, la prise d’AINS ne semble pas associée à une augmentation de la mortalité ou à une aggravation de la maladie chez les patients hospitalisés pour Covid-19.

Plus de 70 000 personnes hospitalisées entre janvier et août 2020 ont été recrutées dans 255 centres au Royaume-Uni (56 % d’hommes), ce qui correspond à environ 60 % de l’ensemble des personnes hospitalisées pour Covid dans le pays sur cette période. Parmi eux, 5,8 % ont reporté une prise d’AINS dans les 14 jours précédant l’admission à l’hôpital (majoritairement des femmes et des patients ayant une pathologie rhumatologique).

Le médicament le plus utilisé était l’ibuprofène, suivi d’autres AINS, tels que le diclofénac, le kétorolac, le naproxène, des dérivés de l’oxicam et des inhibiteurs de la cyclo-oxygénase 2. Les auteurs ont analysé le lien entre l’exposition à ces spécialités et la mortalité, l’admission en soins intensifs, le besoin de ventilation invasive ou d’oxygène et les lésions rénales aiguës : aucun de ses critères n’était significativement associé à la prise d’AINSdans les 2 semaines précédant l’hospitalisation. Par ailleurs, aucune différence significative dans la mortalité n’a été retrouvée entre les groupes ayant pris différents types d’AINS.

Toutefois, aucune information sur les indications, la durée d’utilisation ou le dosage de ces médicaments n’était disponible ; ni sur l’arrêt ou la poursuite de la prise d’AINS après l’admission à l’hôpital : un effet nocif potentiel pourrait donc être masqué par l’arrêt du traitement pendant l’hospitalisation, les faibles doses ou la courte durée du traitement.

Malgré ces limites, l’étude vient compléter des données de plus en plus documentées dans la littérature sur l’absence d’association entre les AINS et le risque de développer une forme grave de Covid-19, et étayent les déclarations de l’Organisation mondiale de la santé et l’Agence européenne du médicament sur l’absence d’effets nocifs de leur utilisation dans l’infection par le SARS-CoV-2. Une bonne nouvelle aussi pour les patients qui comptent sur ces spécialités pour soulager des douleurs chroniques…

LMA, La Revue du Praticien