Les tests sanguins basés sur le dosage des immunoglobulines IgG dirigées spécifiquement contre certains aliments, proposés actuellement pour dépister une « allergie ou intolérance alimentaire », ne doivent plus être prescrits, alerte la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE). Explications.

De quoi parle-t-on ?

Plusieurs fabricants ont mis à disposition des tests sanguins pour doser les IgG anti-aliments. Les conditionnements varient du simple test d’orientation détectant les IgG vis-à-vis d’un nombre restreint d’aliments courants (5 à 20) aux tests permettant de doser les IgG contre un large panel d’aliments (40 à 270). Selon les fabricants, une réactivité inférieure à un seuil fixé correspond à une absence d’intolérance ; à l’inverse, pour un aliment donné, plus le taux est élevé, plus le degré d’intolérance est élevé. Ils peuvent être prescrits par les médecins (dans le bilan d’une allergie alimentaire) ou être commandés directement par les patients sur internet, moyennant un prix de 250 à 500 euros. De nombreux patients atteints de syndrome de l’intestin irritable, notant une corrélation entre la prise de certains aliments (FODMAPS notamment) et les douleurs abdominales, en sont demandeurs, dans l’objectif de comprendre s’il s’agit d’une « intolérance à IgG » à ces aliments.

Que penser de ces tests ?

La présence d’IgG anti-aliments est habituelle chez la grande majorité des sujets sains et chez les allergiques : c’est un phénomène fréquent qui peut être expliqué par différents facteurs. En effet, l’organisme, en permanence exposé à des stimuli de l’environnement, peut développer des réponses immunes à IgG. Les aliments n’échappent pas à cette règle et peuvent provoquer la synthèse d’IgG anti-aliments. De plus, les IgG peuvent aussi être détectées en raison d’une allergie croisée entre un aliment et un allergène respiratoire. Ainsi, leur présence témoigne d’une exposition, sans pathologie associée.

« Ces dosages manquent de standardisation et leur interprétation est très délicate, le seuil variant d’une personne à l’autre et selon les aliments », souligne le Pr Stéphane Nancey, gastroentérologue aux Hospices Civils de Lyon, « il n’y a donc pas de corrélation fiable entre les taux d’IgG dirigées contre un ou plusieurs aliments et la présence d’une allergie ou sa sévérité  ». Ces tests n’ont donc aucun intérêt ni diagnostique, ni pronostique, ni aucune utilité pour guider la thérapeutique, alerte la SNFGE dans un communiqué de presse du 12 septembre 2023, en accord avec la Société française d’allergologie et les recommandations internationales.

Quels dangers ?

D’une part, l’utilisation de ces tests risque de retarder le diagnostic d’une véritable pathologie (MICI, maladie cœliaque) et donc une prise en charge adéquate. D’autre part, la détection d’IgG anti-aliments conduit trop souvent à des régimes alimentaires d’éviction inappropriés et abusifs, avec de potentielles conséquences nutritionnelles et pouvant affecter significativement la qualité de vie des patients.

Quels sont les tests à pratiquer en cas de suspicion d’une allergie alimentaire ?

Si le dosage des anticorps IgG n’a pas de place actuellement dans la démarche diagnostique de l’allergie alimentaire, les dosages des IgE peuvent être utiles dans certains contextes cliniques, et peuvent être prescrits par les généralistes, comme nous en avons précédemment parlé ici : https ://www.larevuedupraticien.fr/article/allergies-quel-bilan-biologique-prescrire-en-mg

Au moindre doute, il faut adresser le patient chez l’allergologue pour un bilan complet.

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