Quel mécanisme ?
Le diagnostic est clinique.1, 3 L’interrogatoire recherche des antécédents de calvitie du côté des hommes (père, frère, oncle) et des femmes. Signes principaux : l’affinement des cheveux et leur diminution en nombre. Leur diamètre est réduit, révélant progressivement le cuir chevelu sous-jacent. L’atteinte touche principalement la zone fronto-temporale, les régions temporales et occipitales étant le plus souvent épargnées (
Éliminer une cause hormonale
Si des signes cliniques d’hyperandrogénie sont associés – acné, séborrhée, hirsutisme et troubles des règles – des examens complémentaires et un avis spécialisé sont judicieux afin d’éliminer un syndrome des ovaires polykystiques, une hyperplasie congénitale des sur- rénales ou une tumeur ovarienne androgénosécrétante, très rare.
Attention à certaines contraceptions qui, créant un climat d’hyperandrogénie iatrogène, peuvent aggraver ou déclencher une AAG : pilules avec progestatif ou progestatives pures de 1re ou de 2e génération ; stérilet à la progestérone ; implants progestatifs.
Quel bilan ?
En cas d’apparition brutale chez une femme ménopausée avec phénotype masculin (golfes temporaux), un dosage de la testostérone totale suffit pour ne pas méconnaître une tumeur androgénosécrétante de l’ovaire ou des surrénales.
Prise en charge 5
Les inhibiteurs de la 5-α réductase ne sont pas recommandés. Leur prescription (hors AMM) doit être réservée aux spécialistes, en l’absence de contre-indication et dans les formes sévères.
Les traitements hormonaux ne sont indiqués qu’en cas de signes d’hyper- androgénie. Toutefois, leur efficacité reste faible. On peut proposer l’acétate de cyprotérone per os, en association à une pilule estroprogestative, ou la spironolactone pour son action anti-androgénique. Leur prescription requiert un avis spécialisé. Les applications locales d’estrogènes ou de progestatifs ne sont pas efficaces.
Dans les cas sévères et/ou stabilisés, des microgreffes capillaires, par bandelettes ou par extraction d’unités folliculaires (plus longue et plus coûteuse), sont envisageables, en association aux médicaments.
De nombreux compléments alimentaires – acides aminés soufrés, vitamine B5, biotine B6 et pyridoxine, extraits de plantes et oligo-éléments – peuvent être utiles ponctuellement pour lutter contre un effluvium télogène mais ils n’auraient pas d’effet sur l’évolution de l’AAG.
Les autres traitements locaux (RTH 16, – extrait de Ruscus aculeatus – aminexil, stémoxydine, acétyl tétrapeptide) auraient une légère efficacité, bien inférieure à celle du minoxidil (mais études cliniques de faible niveau de preuve).
De nombreuses lotions formulées à partir de plantes ou de vitamines revendiquent une action contre la chute de cheveux, mais aucune étude robuste n’a démontré leur intérêt.
Dans certains cas, l’application de poudres densifiantes colorées (HairMaker, Hair Fiber...), sur un cuir chevelu dégarni masque l’alopécie.
Dans les formes très sévères (grade 3), une prothèse capillaire peut être prescrite par le dermatologue (forfait de remboursement de la Sécurité sociale : 350 € maximum, renouvelable tous les 12 mois).
Enfin, selon la gravité et l’impact sur la qualité de vie, un soutien psychologique peut être également proposé.
Diagnostics différentiels
Effluvium télogène chronique (ETC) : alopécie chronique, d’évolution favorable mais lente. Principales causes : dysthyroïdies, carence martiale, déficit en folates, zinc et vitamine D, malnutrition. À la différence de l’AAG, le diamètre des cheveux reste homogène. Les 2 affections sont parfois associées.
Alopécies iatrogènes : elles sont fréquentes. Pour qu’un médicament soit suspecté, le délai d’apparition doit être compatible (environ 3 mois en moyenne). Certaines chimiothérapies sont fréquemment alopéciantes (taxotère ++).
Affections générales : anémie, dysthyroïdie, pathologies auto-immunes (vascularites, connectivites), lymphomes, syphilis secondaire peuvent engendrer une chute chronique. Pas de miniaturisation.
Pelade diffuse : plutôt rare et de diagnostic difficile, elle se manifeste par une alopécie diffuse et symétrique. Le duvet peut alors simuler une miniaturisation pilaire. On recherche à l’examen d’autres signes caractéristiques (cheveux en point d’exclamation, atteinte ophiasique [part de l'occiput et s’étend progressivement vers les parties latérales en remontant au-dessus des oreilles] et rétro-auriculaire).
2. Redler S, Messenger AG, Betz RC. Genetics and other factors in the aetiology of female pattern hair loss. Exp Dermatol 2017;26:510-7.
3. Blume-Peytavi U, Blumeyer A, Tosti A, et al. S1 guideline for diagnostic evaluation in androgenetic alopecia in men, women and adolescents. Br J Dermatol 2011;164:5-15.
4. Kanti V, Messenger A, Dobos G, et al. Evidence-based (S3) guideline for the treatment of androgenetic alopecia in women and in men - short version. J Eur Acad Dermatol Venereol 2018;32:11-22.