L’alprazolam est un anxiolytique d’action rapide de la famille des benzodiazépines.
À la suite de différents rapports de mésusage de cette spécialité durant la pandémie de Covid, les données provenant de divers outils d’addictovigilance français sur la période 2011-2020 – déclarations spontanées, Oppidum (données des centres d’addictologie), Osiap (données sur les prescriptions falsifiées), Drames (décès en relation avec l’abus de médicaments) – ont été analysées et récemment publiées dans un article paru dans la revue Therapies.
Sur cette période, 675 déclarations spontanées de mésusage de l’alprazolam ont été enregistrées (dont 61,3 % de cas graves). L’âge médian de ces cas était 39 ans, il y avait 51,7 % de femmes. Les effets recherchés étaient l’intensification de l’effet anxiolytique, un effet euphorique et la gestion du sevrage de substances psychoactives. Plus précisément, la dépendance, le mésusage et l’abus concernaient respectivement 55 %, 44 % et 10 % des patients.
Dans 40 % des cas, l’alprazolam était pris concomitamment avec au moins une autre benzodiazépine ou un hypnotique tel que le zopiclone ou le zolpidem. De plus, l’analyse des déclarations spontanées et des données d’Oppidum ont montré une augmentation de l’usage de l’alprazolam depuis 2016, et en particulier de l’association alprazolam-opioïdes. Sur les 11 décès enregistrés dans Drames liés à l’alprazolam, 10 étaient des cas en association avec un opioïde.
Au total, l’analyse a montré que, en France, l’alprazolam est davantage associé à un risque de mésusage et dépendance que les autres benzodiazépines (OR = 1,43 [IC95% : 1,04-1,95] pour le mésusage, et 1,97 [IC95% : 1,50-2,59] pour la dépendance).
Les auteurs alertent ainsi sur le risque élevé d’abus, d’autant plus que cette molécule est la benzodiazépine la plus prescrite en France.
Univadis. L’alprazolam dans le collimateur du réseau d’addictovigilance français. Medscape 9 mars 2023.