Une patiente de 41 ans prend rendez-vous chez son dentiste pour une tuméfaction non douloureuse, non inflammatoire, sans douleur dentaire associée, évoluant lentement depuis quelques semaines en regard des dents 42 et 43 (deuxième incisive et canine de la semi-arcade inférieure droite). Quelques jours avant le rendez-vous, elle constate une mobilité dentaire des dents 42 et 43. Elle consulte son médecin traitant qui prescrit une radiographie panoramique dentaire (orthopantomo-gramme) montrant une image ostéoclaire de 14 mm en regard des racines des dents 42 et 43 (fig. 1).
Le chirurgien-dentiste observe effectivement une mobilité de ces deux dents avec insensibilité totale au froid. La patiente indique un antécédent d’avancée mandibulaire avec génioplastie pour luxation méniscale des deux articulations temporo-mandibulaires en 2013. Un cone beam confirme une volumineuse ostéolyse parasymphysaire droite cerclée et expansive, en regard des apex des dents 42 et 43, à cheval sur un matériel métallique (fig. 2).
La prise en charge chirurgicale, réalisée après endodontie, comblement et remise en place d’une contention, consiste en une exérèse du kyste mandibulaire parasymphysaire droit avec ablation des vis de génioplastie droite. Les suites opératoires sont simples.
La pièce envoyée en anatomopathologie mesure 21 × 12 × 13 mm, et son analyse met en évidence un aspect histologique d’améloblastome de type malpighien s’étendant jusqu’aux limites de l’exérèse.
L’améloblastome est la tumeur épithéliale odontogène bénigne la plus courante, avec une invasion locale et une récidive fréquentes, survenant généralement au niveau des os de la mâchoire.
Histologiquement bénin, il a un comportement malin par son pouvoir invasif et déformant local.
Bien que fréquent parmi les tumeurs odontogéniques, il ne représente que 1 % des tumeurs osseuses de la machoires1 et 25 à 59 % des tumeurs odontogéniques bénignes.1-2
La distribution géographique de l’améloblastome varie en fonction du pays d’origine et de l’ethnie. Cette tumeur se manifeste principalement entre la troisième et la quatrième décennie, avec une légère prédisposition pour les individus âgés de 20 à 35 ans. Le sex-ratio est égal à 1.3-4
L’amélobastome affecte principalement la mandibule, dans 80% des cas. Le risque de récidive est maximal au cours des trois premières années mais certaines peuvent survenir entre 15 et 30 ans après le traitement initial, soulignant l’importance d’une surveillance prolongée sur le plan clinique et radiologique.
Références
1. Soluk-Tekkesin M, Wright JM The world health organization classification of odontogenic lesions: A summary of the changes of the 2022 (5th) edition. Turk J Pathol 2022;38:168-84.
2. Effiom OA, Ogundana OM, Akinshipo AO, Akintoye SO. Ameloblastoma: Current etiopathological concepts and management. Oral Dis 2018;24:307-16.
3. Singh T, Wiesenfeld D, Clement J, Chandu A, Nastri A. Ameloblastoma: Demographic data and treatment outcomes from Melbourne, Australia. Aust Dent J 2015;60:24-9.
4. Laborde A, Nicot R, Wojcik T, Ferri J, Raoul G. Ameloblastoma of the jaws: Management and recurrence rate. Eu. Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis 2017;134:7-11.
5. McClary AC, West RB, Pollack JR, Fischbein NJ, Hosinger CG, Sunwoo J, Colevas AD, Sirjani D. Ameloblastoma: A clinical review and trends in management. Eur Arch Otorhinolaryngol 2016;273:1649-61.

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