En France, en 2020, l’Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple a recensé 125 victimes d’homicide conjugal, ce qui représentait 17 % des homicides non crapuleux et des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il ressort de cette étude qu’un homicide a été commis au sein du couple tous les trois jours environ, avec une grande majorité de victimes féminines (82 %). Il existe souvent une continuité entre la violence conjugale et l’homicide, mais il est constaté que la séparation conjugale tient une place particulière dans ce crime. L’isolement, la précarité sociale et l’addiction à l’alcool sont des caractéristiques fréquemment associées. Les auteurs de crimes conjugaux sont généralement reconnus responsables de leurs actes et jugés, aucune abolition du discernement n’ayant été retrouvée lors de l’expertise psychiatrique. Lorsque la maladie mentale est présente, la dimension dépressive est majoritaire avec parfois des idéations suicidaires ; la dimension psychotique est exceptionnelle dans ce type d’homicide intrafamilial. Les politiques de prévention étant de plus en plus centrées sur la lutte contre les violences faites aux femmes, de nouvelles mesures de protection ont vu le jour ces dernières années et de nombreuses réflexions nationales sont en cours à la suite du Grenelle sur les violences conjugales. Trois principales mesures sont ainsi applicables dans notre pays : l’ordonnance de protection, le téléphone grave danger et le bracelet antirapprochement. Les professions médicales et paramédicales sont en première ligne pour repérer les situations conjugales pathologiques, violentes, pour alerter les partenaires et la justice, pour aider à la mise en place de ces mesures de protection.
Alexia Delbreil, service de médecine légale, CHU de Poitiers, France
31 mai 2022