L’observance des traitements à long terme, définie par l’adéquation entre les comportements des patients et les prescriptions médicales, peut être analysée du point de vue de l’intentionnalité, c’est-à-dire du rôle de la formation d’une intention dans la décision d’accomplir un geste thérapeutique, comme celui de prendre un comprimé. La non-observance peut être intentionnelle, conséquence d’une décision active du patient (l’intention étant de ne pas prendre le comprimé), ou non intentionnelle, phénomène passif qui ne dépend pas de sa volonté : simple oubli, mauvaise compréhension, difficulté d’accès aux médicaments, sans sous-estimer le rôle de l’irrationalité tel le déni relevant de la duperie de soi ou le phénomène de faiblesse de la volonté. Inversement, l’observance est le plus souvent intentionnelle, le but étant d’éviter les complications de la maladie. Mais elle peut aussi ne pas être précédée par la formation d’une intention et être accomplie par habitude, conduisant à proposer le concept d’observance non intentionnelle, associé à la confiance dans le médecin et à une information suffisante sur la maladie et son traitement. Cette réflexion sur la place de l’intentionnalité dans l’observance a des implications pratiques et éthiques : rectifier de fausses croyances, surmonter l’oubli grâce à la boîte de médicaments ou à l’utilisation d’alarmes, s’appuyer sur les quatre principes de l’éthique médicale : bienfaisance, non-malfaisance, justice, respect de l’autonomie des patients.

Gérard Reach, Laboratoire éducations et promotion de la santé, EA 3412, université Sorbonne Paris Nord

7 décembre 2021

Une question, un commentaire ?