L’annonce d’une mauvaise nouvelle est très souvent source de malaise pour le pédiatre. Une situation d’autant plus complexe que ce praticien doit systématiquement s’adresser, d’une part, aux parents et, d’autre part, à l’enfant ou à l’adolescent. Si elle n’est pas faite dans de bonnes conditions, elle peut avoir une portée traumatique et pathologique importante. Cela dépend de la capacité psychique du patient à la recevoir, mais aussi de la manière dont elle a été faite. Les pédiatres sont souvent désemparés dans cette situation, parfois même totalement déstabilisés.1
Un moment clé. Au-delà de la définition de la HAS, pour qui « Une mauvaise nouvelle est celle qui change radicalement et négativement l’idée que se fait le patient de son […] être et de son […] avenir », cette annonce incontournable est un moment de bascule constructive qui permet à l’enfant ou à l’adolescent aux côtés de ses parents de mieux gérer le cours de sa maladie en en prenant connaissance. C’est une étape cruciale dans la relation médecin-patient.
Une annonce maladroite ou mal gérée peut être source de souffrance importante, devenant totalement contre-productive. On connaît bien la sidération psychique, qui empêche l’écoute du contenu de l’annonce, engendrant un processus de déni ou de défense psychique. Mal préparée, elle peut générer un syndrome post-traumatique chez l’enfant et/ou ses parents, avec des conséquences importantes et délétères.
Principaux écueils. Le pédiatre peut se trouver en grande difficulté lors de l’annonce elle-même quand il ne s’est pas suffisamment préparé à la faire dans de bonnes conditions : quand, où, que sait-il du pronostic de la pathologie, comment faire pour que l’enfant ou l’ado puisse prendre une place active dans ses propres soins et aux côtés de son (ou ses) parent(s). La sidération qui suit une annonce peu préparée et/ou faite trop rapidement est mal repérée, voire pas du tout, par un praticien qui n’a pas été formé à l’écoute. Par ailleurs et parfois dans le même temps, cette annonce peut le confronter à ses propres angoisses et émotions. Très déstabilisé, il répond de façon inadéquate, vivant lui aussi une situation de traumatisme psychique personnel, risquant de retentir sur les annonces à venir.
Tumeur ou tu meurs ? Au cours du processus d’annonce, le pédiatre ne respecte pas toujours le temps nécessaire à l’élaboration pour les protagonistes. Ainsi, pressé d’en finir avec ce « mauvais moment à passer », il s’en débarrasse parfois rapidement, ou dans un débit de parole ininterrompue qui ne laisse aucune place aux questions, ou bien y répondant de façon inappropriée car trop spontanément. Les interrogations sur la gravité de la maladie ou la mort sont particulièrement source de malaise et d’évitement. Pour la même raison, il peut employer des mots inappropriés car trop techniques ou difficiles à comprendre : évoquer par exemple une « masse » ou une « biopsie »...
Enfin, le vocabulaire employé par le pédiatre peu préparé ou non formé peut trahir ses propres angoisses ou son malaise. Exemple : «Non ce n’est pas grave, c’est une “petite” tumeur»: petite pour minimiser et dénier la gravité, et « tumeur », dont le signifiant « tu meurs » peut totalement sidérer un enfant s’il entend le sens métaphorique de la mort comme cela est fréquent…
Suggestion de bonnes pratiques Dans un cadre adapté et confortable pour un entretien confidentiel, le praticien doit maîtriser les réponses que les parents et l’enfant ou l’adolescent attendent (évolution, options thérapeutiques, prises en charge, pronostic, suite du cours de la vie, etc.). Le vocabulaire doit être simple, adapté et rassurant. Il doit tenir compte des capacités intellectuelles de chacun, et surtout de la maturité de l’enfant et de son aptitude à comprendre. Il est essentiel que ce dernier puisse se représenter la maladie afin de faire face à ses conséquences.
Le pédiatre reste à l’écoute. Sans juger ni se laisser déborder par les familles. Il doit contenir et accompagner l’enfant et ses parents, en les informant du mieux qu’il peut, dans les limites de son savoir. S’il s’agit d’un(e) ado, proposer de le voir ensuite seul.
Lors de l’annonce, la sidération peut être empêchée en réintroduisant « le présent du quotidien » : ramener à « ici et maintenant » est en effet nécessaire (en s’enquérant par exemple du mode de vie de l’enfant, ce qu’il aime en général, s’il va à l’école ou s’il fait du sport…). Par ailleurs, le pédiatre ne doit pas se laisser « déborder » ni par le temps de l’entretien ni par les questions angoissées des parents qu’il doit maîtriser et canaliser : rester à sa place de médecin tout en ayant une écoute bienveillante (ne pas hésiter aussi à se faire accompagner par un professionnel de l’écoute si nécessaire).
Une annonce maladroite ou mal gérée peut être source de souffrance importante, devenant totalement contre-productive. On connaît bien la sidération psychique, qui empêche l’écoute du contenu de l’annonce, engendrant un processus de déni ou de défense psychique. Mal préparée, elle peut générer un syndrome post-traumatique chez l’enfant et/ou ses parents, avec des conséquences importantes et délétères.
Principaux écueils. Le pédiatre peut se trouver en grande difficulté lors de l’annonce elle-même quand il ne s’est pas suffisamment préparé à la faire dans de bonnes conditions : quand, où, que sait-il du pronostic de la pathologie, comment faire pour que l’enfant ou l’ado puisse prendre une place active dans ses propres soins et aux côtés de son (ou ses) parent(s). La sidération qui suit une annonce peu préparée et/ou faite trop rapidement est mal repérée, voire pas du tout, par un praticien qui n’a pas été formé à l’écoute. Par ailleurs et parfois dans le même temps, cette annonce peut le confronter à ses propres angoisses et émotions. Très déstabilisé, il répond de façon inadéquate, vivant lui aussi une situation de traumatisme psychique personnel, risquant de retentir sur les annonces à venir.
Tumeur ou tu meurs ? Au cours du processus d’annonce, le pédiatre ne respecte pas toujours le temps nécessaire à l’élaboration pour les protagonistes. Ainsi, pressé d’en finir avec ce « mauvais moment à passer », il s’en débarrasse parfois rapidement, ou dans un débit de parole ininterrompue qui ne laisse aucune place aux questions, ou bien y répondant de façon inappropriée car trop spontanément. Les interrogations sur la gravité de la maladie ou la mort sont particulièrement source de malaise et d’évitement. Pour la même raison, il peut employer des mots inappropriés car trop techniques ou difficiles à comprendre : évoquer par exemple une « masse » ou une « biopsie »...
Enfin, le vocabulaire employé par le pédiatre peu préparé ou non formé peut trahir ses propres angoisses ou son malaise. Exemple : «Non ce n’est pas grave, c’est une “petite” tumeur»: petite pour minimiser et dénier la gravité, et « tumeur », dont le signifiant « tu meurs » peut totalement sidérer un enfant s’il entend le sens métaphorique de la mort comme cela est fréquent…
Suggestion de bonnes pratiques Dans un cadre adapté et confortable pour un entretien confidentiel, le praticien doit maîtriser les réponses que les parents et l’enfant ou l’adolescent attendent (évolution, options thérapeutiques, prises en charge, pronostic, suite du cours de la vie, etc.). Le vocabulaire doit être simple, adapté et rassurant. Il doit tenir compte des capacités intellectuelles de chacun, et surtout de la maturité de l’enfant et de son aptitude à comprendre. Il est essentiel que ce dernier puisse se représenter la maladie afin de faire face à ses conséquences.
Le pédiatre reste à l’écoute. Sans juger ni se laisser déborder par les familles. Il doit contenir et accompagner l’enfant et ses parents, en les informant du mieux qu’il peut, dans les limites de son savoir. S’il s’agit d’un(e) ado, proposer de le voir ensuite seul.
Lors de l’annonce, la sidération peut être empêchée en réintroduisant « le présent du quotidien » : ramener à « ici et maintenant » est en effet nécessaire (en s’enquérant par exemple du mode de vie de l’enfant, ce qu’il aime en général, s’il va à l’école ou s’il fait du sport…). Par ailleurs, le pédiatre ne doit pas se laisser « déborder » ni par le temps de l’entretien ni par les questions angoissées des parents qu’il doit maîtriser et canaliser : rester à sa place de médecin tout en ayant une écoute bienveillante (ne pas hésiter aussi à se faire accompagner par un professionnel de l’écoute si nécessaire).
1. Crosnier-Schoedel C, Trocmé N, Carbajal R, Leverger G. Le vécu par le pédiatre de l’annonce d’une « mauvaise nouvelle » à l’enfant et à l’adolescent. Arch Pediatr 2018;25:100-6.