Les traitements de la douleur sont nombreux, même si les antalgiques ont été, ces dernières années, réduits en nombre. L’usage des antalgiques doit être guidé par une évaluation permettant de différencier les douleurs nociceptives et neuropathiques. C’est pour ces dernières, qui représentent 25 % des patients douloureux chroniques, que les antiépileptiques peuvent avoir une indication. Leurs mécanismes d’action sont de trois ordres : inhibition de la transmission glutamatergique, potentialisation de l’action inhibitrice GABAergique, blocage de canaux cationiques (cas de la carbamazépine et de la gabapentine). Les indications concernent les douleurs périphériques (névralgie faciale, polyneuropathie diabétique, algie post-zostérienne, membre fantôme) et centrales (douleurs post-contusion médullaire). Dans les douleurs non neuropathiques (lombalgie et lombosciatique, algo-dystrophie, fibromyalgie), leur efficacité n’a pas été démontrée et leur usage hors AMM a parfois été détourné à des fins récréatives ; en outre, ils sont souvent mal tolérés en raison d’importants effets indésirables. Au total, l’intérêt des antiépileptiques dans le traitement de la douleur est médiocre, leur durée doit être limitée, leur évaluation nécessaire et leur mésusage prévenu.Richard Trèves, service de rhumatologie, CHU Dupuytren, Limoges
10 novembre 2020