Une appendicectomie programmée dans les 24 h post-admission hospitalière est non inférieure en taux de perforation appendiculaire à une appendicectomie programmée dans les 8 h post-admission, selon une étude parue mi-septembre dans le Lancet.
Si le traitement de l’appendicite aiguë (AA) non compliquée reste l’appendicectomie, l’urgence à laquelle cette opération doit être effectuée reste discutée faute de preuves solides, avec des recommandations internationales variant entre une chirurgie sans délai après admission aux urgences ou dans un délai de 24 h. Pour statuer sur ce sujet, des chercheurs finlandais et norvégiens ont réalisé un essai clinique de non-infériorité entre une chirurgie dans les 24 h post-admission hospitalière et une chirurgie en moins de 8 h. Les résultats de cette étude randomisée, multicentrique et ouverte viennent d’être publiés en septembre dans le Lancet.
Entre mai 2020 et décembre 2022, 1 822 patients adultes de deux hôpitaux finlandais et d’un hôpital norvégien présumés atteints d’AA non compliquée ont été randomisés à leur arrivée à l’hôpital par le chirurgien en service entre deux groupes subissant une appendicectomie soit dans les 8 h, soit dans les 24 h post-admission. Les femmes enceintes et les cas suspects d’AA compliquée et de perforation appendiculaire ont été exclus ; 1 803 patients ont été inclus dans l’analyse finale : 907 dans le groupe < 8 h (35 ans d’âge médian, 43 % de femmes) et 896 dans le groupe < 24 h (35 ans d’âge médian, 47 % de femmes). Les deux groupes avaient des démographies et des tableaux cliniques semblables.
Le critère de jugement principal était le taux de perforation appendiculaire diagnostiquée pendant la chirurgie, tandis que les critères secondaires incluaient le taux de complication à 30 jours ou encore la douleur reportée par les patients en attente de la chirurgie. La marge de non-infériorité, c’est-à-dire la plus grande différence d’efficacité tolérée a priori entre les deux groupes testés, était de 5 %.
Le taux de perforation appendiculaire était similaire entre les deux groupes (8 % dans le groupe < 8 h et 9 % dans le groupe < 24 h), de même que le taux de complication à 30 jours. Toutefois, l’attente entraînait une plus grande douleur reportée par les patients du groupe < 24 h sur leur durée totale d’attente. Ainsi, 24 % du groupe < 24 h a été traité en moins de 8 h, puisque les auteurs ont jugé qu’il n’était pas éthique de faire attendre les patients si l’occasion se présentait de les traiter plus vite.
Les auteurs concluent que chez les patients présumés d’AA non compliquée, la prise en charge dans les 24 h n’augmente pas le risque de perforation appendiculaire. Une conclusion qui renforce les recommandations publiées en 2020 par les sociétés françaises de chirurgie digestive (SFCD) et d’imagerie abdominale et digestive (SIAD) : ces dernières indiquent en effet que « la chirurgie peut être différée jusqu’à 24 h après le diagnostic d’AA non compliquée sans exposer le patient à un sur-risque de complication secondaire ».