À l’exception des voisins de la Chine (naturellement méfiants…), la plupart des pays ont été surpris par l’épidémie de Covid-19, même si tous n’ont pas été touchés de la même façon. En Europe et jusqu’à ce que l’Italie du Nord soit submergée par le virus, l’infection qui, en Chine, n’avait fait officiellement que moins de 5 000 victimes, n’avait pas paru une menace sérieuse, d’où les débats du début d’année comparant sa gravité à celle de la grippe. Si l’hypothèse de l’émergence de nouvelles maladies infectieuses est dans tous les esprits depuis 40 ans, le risque actuel a été sous-estimé par la quasi-totalité des infectiologues. L’étonnement devant le reflux (temporaire ?) de l’épidémie depuis la phase de déconfinement est à la mesure de celui qui a été le nôtre lors de la prise de conscience de son développement exponentiel. Une double surprise, qui traduit la difficulté à analyser un phénomène si brutal qu’il ne nous a laissé qu’une seule issue, celle de nous confiner pendant 2 mois, ce dont nous mettrons au minimum 2 ans à nous relever sur le plan social et économique.
Au-delà de la « crise du masque », si nous voulons tirer honnêtement les leçons de notre impréparation, ce sont 30 ans de politique de la santé qu’il faudrait investiguer. Sinon, serons-nous capables de réagir correctement face aux prochaines crises sanitaires alors que l’Europe de la santé n’existe pas et que la désinformation pendant la crise du Covid a atteint des sommets, au point même que la Commission européenne accuse ouvertement à ce sujet la Chine et la Russie ?
Face au Covid, le monde de la santé a tenu, et les soignants ont été temporairement applaudis. Mais certains phénomènes ont pris une dimension inquiétante. C’est le cas du débat sur l’hydroxychloroquine qui, par son retentissement mondial, paraît presque paradigmatique de la pression qui s’exerce désormais sur le raisonnement médical. Deux écueils sont apparus, l’un déjà bien connu, l’autre nouveau. Le premier est celui de l’inconduite scientifique incarnée par le retrait de l’article négatif du Lancet et les conclusions hâtives qui en ont été tirées par les organismes chargés de la santé, avant même tout regard critique sur son contenu. Le second est le recours retentissant à la vérité alternative pour imposer des conclusions opposées. La façon dont une partie du personnel politique, en France et dans le monde, a pris pour vérité le raisonnement attestant que le médicament était efficace, est lourd de conséquences.
Avec l’apparition du sida, de puissants mouvements associatifs s’étaient constitués. Leurs militants investis (souvent spectaculairement) dans la gestion de l’épidémie participaient pleinement au débat scientifique sans le dénaturer mais en remettant en cause ce qu’ils percevaient comme des blocages. L’intervention des associations, qui fut utile aux soignants, permit d’avancer vite, au bénéfice des malades, et de limiter bien des dérives. Sous leur pression, le débat sur l’hydroxychloroquine ne se serait pas construit de cette façon. La soudaineté de l’épidémie de Covid-19 n’a pas permis qu’une parole semblable se constitue. À défaut, ce sont les réseaux sociaux qui ont pris l’initiative, pour le pire le plus souvent… Nous pensions que le mouvement de la science ne se faisait que dans un sens, mais est-ce toujours aussi sûr ?
Au-delà de la « crise du masque », si nous voulons tirer honnêtement les leçons de notre impréparation, ce sont 30 ans de politique de la santé qu’il faudrait investiguer. Sinon, serons-nous capables de réagir correctement face aux prochaines crises sanitaires alors que l’Europe de la santé n’existe pas et que la désinformation pendant la crise du Covid a atteint des sommets, au point même que la Commission européenne accuse ouvertement à ce sujet la Chine et la Russie ?
Face au Covid, le monde de la santé a tenu, et les soignants ont été temporairement applaudis. Mais certains phénomènes ont pris une dimension inquiétante. C’est le cas du débat sur l’hydroxychloroquine qui, par son retentissement mondial, paraît presque paradigmatique de la pression qui s’exerce désormais sur le raisonnement médical. Deux écueils sont apparus, l’un déjà bien connu, l’autre nouveau. Le premier est celui de l’inconduite scientifique incarnée par le retrait de l’article négatif du Lancet et les conclusions hâtives qui en ont été tirées par les organismes chargés de la santé, avant même tout regard critique sur son contenu. Le second est le recours retentissant à la vérité alternative pour imposer des conclusions opposées. La façon dont une partie du personnel politique, en France et dans le monde, a pris pour vérité le raisonnement attestant que le médicament était efficace, est lourd de conséquences.
Avec l’apparition du sida, de puissants mouvements associatifs s’étaient constitués. Leurs militants investis (souvent spectaculairement) dans la gestion de l’épidémie participaient pleinement au débat scientifique sans le dénaturer mais en remettant en cause ce qu’ils percevaient comme des blocages. L’intervention des associations, qui fut utile aux soignants, permit d’avancer vite, au bénéfice des malades, et de limiter bien des dérives. Sous leur pression, le débat sur l’hydroxychloroquine ne se serait pas construit de cette façon. La soudaineté de l’épidémie de Covid-19 n’a pas permis qu’une parole semblable se constitue. À défaut, ce sont les réseaux sociaux qui ont pris l’initiative, pour le pire le plus souvent… Nous pensions que le mouvement de la science ne se faisait que dans un sens, mais est-ce toujours aussi sûr ?