Alors que les négociations conventionnelles avec l’Union nationale des caisses d’assurance maladie ont tourné court et qu’une partie de la profession médicale attend désormais un règlement arbitral, les pédiatres planchent sur les Assises de la santé de l’enfant.1 Annoncées par le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, elles interviennent, dans un contexte de tension extrême dans les services d’urgence pédiatrique, une situation structurelle hospitalière très dégradée, une impossibilité pour les médecins libéraux d’assurer la prise en charge des enfants en ambulatoire et une médecine communautaire (protection maternelle et infantile [PMI] et santé scolaire) en asphyxie chronique.
Les soignants avaient interpellé le président de la République en octobre 2022 avec ces mots forts : « Nous dénonçons ici la dégradation criante des soins apportés aux enfants qui les met quotidiennement en danger », renvoyant aux précédents rapports, dont celui de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) de 20212, et aux propositions enterrées par la suite.
Ces assises, qui se tiendront au printemps 2023, doivent apporter des réponses concrètes pour la pédiatrie mais aussi de manière plus large pour la santé mentale, physique et sociale des enfants et adolescents en France. Elles font l’objet de contributions et concertations les plus larges possible, des ministères concernés à toutes les parties prenantes. Le comité d’orientation de ces assises, coprésidé par Adrien Taquet, ancien secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, et la professeure Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie, doit recueillir les propositions en vue de l’élaboration d’une « feuille de route » qui sera remise au ministre de la Santé. Le travail s’articule autour de six axes1, centrés sur les besoins de l’enfant, et chacun animé par des médecins hospitaliers, pédiatres libéraux, médecins de PMI, médecins généralistes, infirmiers puériculteurs.
Une plateforme, destinée à recueillir les contributions a été mise en ligne.3 Début mars 2023, plus de 1 500 contributions avaient été déposées.
Le Groupe de Pédiatrie Générale sociale et environnementale (GPGse),4 qui regroupe les médecins de l’enfant ayant des modes d’exercice différents (hôpital, ville, médecine communautaire), va contribuer à ces assises sur des thématiques majeures comme la prévention et la recherche en apportant un regard transversal sur la santé de l’enfant.
Les attendus des médecins sont immenses. Nous espérons une analyse approfondie des failles de notre système de santé de l’enfant qui ont été révélées par les crises successives de la pandémie de Covid-19 et de l’épidémie de bronchiolite de l’hiver 2022-2023. À l’heure où les aspirations des jeunes médecins ont évolué, il ne faudrait pas retomber dans les écueils habituels : que la montagne accouche d’une souris, que le corporatisme, l’individualisme, la méconnaissance des expertises des uns et des autres et le manque d’ambition politique ne soient responsables d’un semblant de réforme. Misons sur nos forces à travailler ensemble (médecins libéraux, hospitaliers, communautaires mais aussi tous les professionnels de santé) pour penser la médecine de demain, et pour que la santé des enfants et des adolescents puisse s’intégrer dans la santé en général. Restons attentifs à ce qui se passe en médecine libérale, aux changements à venir qui auront un impact sur le parcours de soins global. Œuvrons à un décloisonnement de nos spécialités et métiers afin de nous unir pour que les mesures qui seront prises soient efficaces et pérennes.
Références
1. Les Assises de la santé de l’enfant, Société française de pédiatrie (SFP). https://vu.fr/lsTz
2. Rapport de l’Igas. La pédiatrie et l’organisation des soins de l’enfant en France, mai 2021. https://vu.fr/aifM
3. Contributions écrites aux Assises de la santé de l’enfant. https://vu.fr/kNbi
4. Groupe de pédiatrie générale sociale et environnementale. https ://gpg.sfpediatrie.com/accueil-gpgse