Le patient asthmatique doit pratiquer une activité physique – mais pas n’importe laquelle ni dans n’importe quelle condition. Par activité physique, on entend « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques entraînant une dépense énergétique ».1 Cette définition inclut donc l’exercice physique, les sports et les activités de la vie quotidienne.

Asthmatique = peu d’activité physique ?

Les données de la littérature sur le manque d’activité physique des asthmatiques sont peu nombreuses, et il n’existe pas de test de référence permettant une évaluation objective de la « limitation de l’activité et de la dyspnée à l’effort » chez ces patients.2 Les seules données que l’on possède sont donc fondées sur une autoévaluation.
Trois raisons principales expliquent cette situation :
– faiblesse des muscles respiratoires : l’activité persistante du muscle inspiratoire entraîne une augmentation des volumes pulmonaires et une hyperinflation aboutissant à une diminution de la force et de l’efficacité des muscles respiratoires ;
– impact négatif des corticostéroïdes sur la force des muscles respiratoires et du quadriceps ;
– bronchoconstriction et asthme sont induits par l’effort.3
En outre, l’effort entraîne toux et essoufflement, réduisant de ce fait les performances physiques des asthmatiques. Cette limitation d’activité physique a des conséquences importantes, tant médicales que psychologiques, à l’origine d’une diminution de la qualité de vie (fig. 1).

Quel exercice, quelles conditions ?

L’activité physique chez l’asthmatique améliore le contrôle de la maladie, la capacité d’exercice et la qualité de vie, réduit le risque d’exacerbations et diminue la fréquence et la sévérité de la bronchoconstriction induite par l’effort (fig. 2).5
Une méta-analyse publiée en 2016 montre que les enfants ayant une faible activité physique ont un risque plus élevé d’asthme ou de sifflements respiratoires comparés aux enfants plus actifs.6
Avant toute pratique d’une activité physique chez l’asthmatique, plusieurs conditions doivent être respectées :
– s’assurer du contrôle de l’asthme (Global Initiative for Asthma [GINA]) :
évaluer, en cas de bronchoconstriction induite à l’effort, l’intensité de l’exercice qui la déclenche et, le cas échéant, effectuer un réentraînement à l’effort (fig. 2) ;
– respecter certaines procédures non pharmacologiques :
• échauffement de 20 minutes avant l’effort : séquentiel (alternance séquences de 1 à 2 min de course lente et de marche) ; fractionné (alternance de course à l’effort maximal de 25 à 30 s avec récupération de 1 min 30 à 2 min) ; course continue de 15 minutes à faible allure (60 % de la VO2 max) ;
• réchauffement et humidification de l’air inhalé (masque, écharpe) ;
• prendre un traitement médical :
– bronchodilatateur de courte durée d’action (SABA) 15 minutes avant l’effort : le plus efficace (dans 90 % des cas, s’il est associé à l’échauffement). Attention ! parfois, on observe une perte d’effet en cas d’usage régulier ;
– ou bronchodilatateur de longue durée d’action (LABA) : même efficacité que le SABA mais également susceptible de perdre en efficacité après 4 semaines d’utilisation quotidienne ;
– ou antileucotriène (ALCT) 2 heures avant l’exercice, en cas d’échec d’un SABA.
Ces recommandations étant prises en compte, toute activité physique de la vie quotidienne est fortement recommandée ! Néanmoins, l’exercice ou les activités sportives sont responsables de bronchoconstriction dont les facteurs déterminants sont l’hyperventilation et l’environnement extérieur (qualité de l’air, température…). On oriente donc de préférence les patients vers certaines activités « sportives » plutôt que d’autres.
En particulier, on évite les sports où l’on hyperventile et où l’environnement est délétère, tels que :
– les sports d’hiver, type patinage ou ski de fond ;
les sports d’endurance, type vélo ou course ;
– les sports aquatiques (dont la natation).
Cas particulier : la plongée sous-marine avec bouteille. Elle fait l’objet de recommandations spécifiques élaborées par la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM) [fig. 3].
Si ces conditions sont remplies, il est rappelé au pratiquant qu’il doit renoncer à la plongée en période d’instabilité symptomatique de l’asthme, et attendre au moins 48 heures et jusqu’à 7 jours si nécessaire, après une crise d’intensité modérée.
Enfin, la rédaction d’un plan d’accueil individualisé (PAI) s’avère indispensable pour la pratique du sport chez le patient asthmatique, en particulier chez les enfants pour les cours d’éducation physique et sportive (EPS) (v. encadré).
Encadre

Exemple de PAI pour un enfant asthmatique – participation aux cours d’EPS

Je, soussigné Dr X…, assure suivre l’enfant M… pour un asthme.

Il suit un traitement de fond qui doit être pris tous les jours matin et soir.

L’activité physique n’est autorisée qu’en cas d’asthme « contrôlé ».

En cas d’activité physique, il faut respecter les règles suivantes :

– s’échauffer de façon progressive 15 minutes avant l’effort ;

– prendre, 15 minutes avant l’effort :

• Salbutamol spray, 2 bouffées.

En cas de crise d’asthme, prendre :

• Salbutamol spray, 2 bouffées renouvelées toutes les 2 minutes si la crise ne passe pas.

Si la crise ne passe pas malgré 12 bouffées de Salbutamol, donner :

• Prednisolone 60 mg.

Et appeler le SAMU.

Tous les sports sont autorisés avec respect des conditions ci-dessus, à l’exception de la plongée sous-marine avec bouteille.

Éviter les efforts intenses par temps trop froid, trop sec ou trop chaud et en cas d’alerte pollution.

Références
1. Caspersen CJ, Powell KE, Christenson GM. Physical activity, exercise, and physical fitness: definitions and distinctions for health-related research. Public Health Rep. 1985 Mar-Apr;100(2):126-31. PMID: 3920711; PMCID: PMC1424733.
2. Lam KM, Yang YH, Wang LC, et al. Physical Activity in School-Aged Children with Asthma in an Urban City of Taiwan. Pediatr Neonatol 2016;57(4):333-7. doi: 10.1016/j.pedneo.2015.05.003. Epub 2016 Jan 6. PMID: 27118301.
3. de Aguiar KB, Anzolin M, Zhang L. Global prevalence of exercise-induced bronchoconstriction in childhood: A meta-analysis. Pediatr Pulmonol 2018;53(4):412-25. doi: 10.1002/ppul.23951. Epub 2018 Jan 24. PMID: 29364581.
4. Young A. Rehabilitation of patients with pulmonary disease. Ann Acad Med Singap 1983;12(3):410-6. PMID: 6378052.
5. Côté A, Turmel J, Boulet LP. Exercise and Asthma. Semin Respir Crit Care Med 2018;39(1):19-28. doi: 10.1055/s-0037-1606215. Epub 2018 Feb 10. PMID: 29427982.
6. Lochte L, Nielsen KG, Petersen PE, et al. Childhood asthma and physical activity: a systematic review with meta-analysis and Graphic Appraisal Tool for Epidemiology assessment. BMC Pediatr 2016;16:50. doi: 10.1186/s12887-016-0571-4. PMID: 27091126; PMCID: PMC4836150.

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