Définitions
L’athérosclérose est l’association variable de remaniements de l’intima des artères de gros et moyen calibre, consistant en une accumulation focale de lipides, de glucides complexes, de sang et de produits sanguins, de tissu fibreux et de dépôts calcaires, le tout s’accompagnant de modifications de la média (définition de l’Organisation mondiale de la santé [OMS], 1958).
L’artériosclérose (du latin arteria, « artère » et du grec sklêrôsis, « durcissement ») est un état pathologique caractérisé par un épaississement de la tunique interne, un durcissement progressif des artères.
Épidémiologie
Dans les pays développés, le taux de mortalité est plus élevé en Europe du Nord et de l’Est, moindre en Amérique du Nord, moindre encore en Europe du Sud, en Chine et au Japon. L’incidence et la prévalence des maladies athéromateuses augmentent dans les pays en voie de développement (transition épidémiologique). Ces variations sont plus dues à des facteurs nutritionnels et environnementaux qu’à des facteurs génétiques. Le développement de l’athérome est favorisé par la présence de facteurs de risque cardiovasculaire (cf. item 222, Facteurs de risque cardiovasculaire et prévention).
L’incidence des maladies cardiovasculaires est 3 à 5 fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes, mais l’incidence des syndromes coronariens aigus augmente chez les femmes jeunes du fait de l’augmentation du tabagisme. La différence d’incidence entre les hommes et les femmes diminue avec l’âge.
La prévalence des maladies cardiovasculaires augmente avec l’âge.
La maladie athéromateuse est fréquemment révélée par un événement vasculaire aigu localisé (infarctus du myocarde, AVC…). Mais l’athérome est une maladie générale, avec fréquemment des localisations vasculaires multiples. Dans le registre REACH, chez plus de 65 000 patients vasculaires, 25 % des patients coronariens, 40 % des patients ayant présenté un AVC ischémique ou un accident ischémique transitoire (AIT) et 60 % des patients présentant une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) symptomatique présentaient d’autres localisations vasculaires symptomatiques.
Mécanismes physiopathologiques
Formation de la plaque d’athérome
- accumulation des LDL (low density lipoproteins) dans l’intima artérielle ;
- oxydation des LDL par des mécanismes enzymatiques et non enzymatiques ;
- dysfonction endothéliale, avec expression de molécules d’adhérence (intercellular adhesion molecule [ICAM], vascular cell adhesion molecule [VCAM]) ;
- adhésion des monocytes à l’endothélium, puis pénétration dans l’espace sous-endothélial ;
- transformation des monocytes en macrophages et en cellules spumeuses ;
- production de cytokines pro-inflammatoires (interleukine 1 [IL-1], tumor necrosis factor [TNF]...) par les macrophages entraînant une réaction inflammatoire locale, réponse coordonnée avec les lymphocytes T ;
- captation des LDL oxydées par les scavenger receptors (« récepteurs éboueurs ») à la surface des macrophages. La plaque comporte :
- un cœur lipidique, fait du regroupement des lipides intra- et extracellulaires ;
- et une chape fibreuse ou fibromusculaire, qui entoure le cœur lipidique et le sépare de la lumière artérielle ; les cellules musculaires lisses et les protéines de la matrice extracellulaire (collagène, élastine, protéoglycanes...) sont les principaux constituants de la chape fibreuse ; la chape joue un rôle fondamental dans la stabilité de la plaque d’athérome.
Histoire naturelle de la plaque d’athérome
- la rupture (v. infra) ;
– une hémorragie dans la plaque : elle correspond à un hématome au sein de la lésion athéroscléreuse, par rupture des vasa vasorum ; elle provoque une brusque augmentation du volume de la plaque, qui peut entraîner une rupture de la chape fibreuse ;
- une régression : on l’a observée expérimentalement chez l’animal, mais cela n’est pas démontré chez l’homme.
La dysfonction endothéliale peut être à l’origine d’une réponse vasomotrice paradoxale sur les cellules musculaires lisses, responsable d’un vasospasme.
Rupture de la plaque d’athérome
- extrinsèques : poussée hypertensive, effort important ;
- intrinsèques :
. apoptose des cellules endothéliales ou musculaires lisses ;
. rupture des néovaisseaux contenus dans la plaque d’athérome : hématome intrapariétal pouvant conduire à la rupture de plaque ;
. infections (Chlamydia pneumoniae, cytomégalovirus [CMV]…) : favorisent la réaction inflammatoire et la croissance de la plaque d’athérome.
La rupture de plaque est une complication brutale, à l’origine des accidents cliniques aigus (syndrome coronarien aigu, accident vasculaire cérébral). La rupture est d’autant plus probable que la plaque est « jeune », très lipidique et très inflammatoire, elle concerne donc souvent des plaques d’athérome peu sténosantes (+++). La rupture ou l’érosion de la chape fibreuse met en contact direct le centre lipidique avec le sang. Elle peut se compliquer d’une thrombose aiguë de plaque pouvant évoluer vers un état subocclusif ou occlusif ; ce phénomène n’est pas constant et peut être corrigé par la fibrinolyse physiologique ou médicamenteuse (infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral) ; les antiagrégants plaquettaires (aspirine, clopidogrel) préviennent l’événement thrombotique. Le thrombus peut se fragmenter et créer des embolies.
Des facteurs favorisent la thrombose : la libération de facteur tissulaire, une thrombopathie, des troubles de la coagulation… Le phénomène thrombotique débute par l’activation plaquettaire : libération d’adénosine diphosphate (ADP) et de thromboxane A2 (TXA2), entraînant le recrutement plaquettaire et la formation d’un thrombus plaquettaire ; dans un second temps, l’activation des facteurs de coagulation consolide le thrombus initial.
Des ruptures de plaques concomitantes sont souvent constatées : thrombus dans deux artères coronaires distinctes, association AVC ischémique et syndrome coronaire aigu…
De nombreuses ruptures de plaques restent asymptomatiques.
Localisations préférentielles et évolution de l’athérome
Prise en charge du malade polyathéromateux (ou polyvasculaire)
Définition
Évaluation des facteurs de risque cardiovasculaire
- facteurs de risque modifiables : tabagisme, hypertension artérielle, dyslipidémie, diabète ;
- facteurs de risque non modifiables : âge, sexe masculin, antécédents familiaux ;
- facteurs prédisposants : obésité, sédentarité, stress et conditions psychosociales ;
- calcul du risque cardiovasculaire global.
Bilan d’extension de la maladie athéromateuse
Prise en charge thérapeutique
Éducation :
- compréhension de ce qu’est la maladie athéromateuse ; connaissance des signes d’appel des diverses complications (douleur thoracique, déficit neurologique…) ;
- raison des mesures hygiénodiététiques et des traitements médicamenteux ; importance d’une bonne adhésion thérapeutique ;
- apprentissage de l’intensité et de la régularité de l’activité physique ;
- fixation d’objectifs de prévention et évaluation régulière de l’atteinte de ces objectifs.
Contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire : équilibrer la glycémie, la dyslipidémie et la pression artérielle.
Médicaments qui diminuent la morbimortalité : statines, antiagrégants plaquettaires, bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II (inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II).
La prise en charge spécifique des diverses localisations est détaillée dans les items correspondants.
POINTS FORTS À RETENIR
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès dans le monde. Elles sont principalement dues à l’athérome.
La plaque d’athérome peut se rompre. Elle peut se compliquer d’une thrombose aiguë de plaque, qui peut évoluer vers une subocclusion ou une occlusion, à l’origine des accidents cliniques aigus (syndrome coronarien aigu, AVC).
La maladie athéromateuse atteint principalement 4 territoires : les artères coronaires, les artères carotides, les artères des membres inférieurs et l’aorte abdominale.
Les statines, les antiagrégants plaquettaires et les bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II sont les médicaments à prescrire en prévention secondaire.
Athérome : épidémiologie et physiopathologie. Le malade polyathéromateux
À ma connaissance, cet item n’a pas fait l’objet d’un dossier aux ECN. Il peut bien sûr être l’objet de questions isolées ou de questions dans un dossier sur une artériopathie périphérique, un syndrome coronaire aigu avec ou sans sus-décalage de ST, un syndrome coronaire chronique, etc.
C’est un item « court » (8 pages dans le livre du Collège de médecine cardiovasculaire, 47 pages pour les valvulopathies).
Références
Collège national des enseignants de cardiologie. Médecine cardiovasculaire. Elsevier Masson 2019.
Emmerich J, Bruneval P, Mallat Z. Athérosclérose. EMC - Cardiologie 2019;14(1):1-11 [article 11-605-A-10].
Recommandations de la Haute Autorité de santé :
Artériopathie oblitérante des membres inférieurs (2007).
Maladie coronarienne stable (2017).
Prévention vasculaire après un infarctus cérébral ou un accident ischémique transitoire (2018).
Recommandations de la Société européenne de cardiologie (recommandations endossées par la Société française de cardiologie) :
Maladies de l’aorte (2014).
Syndromes coronaires aigus sans sus-décalage de ST (2015).
Artériopathies périphériques (dont les artères à destinée cérébrale) (2017).
Infarctus du myocarde avec sus-décalage de ST (2017).
Syndromes coronaires chroniques (2019).