L’infection congénitale par le cytomégalo­virus (CMV) est la deuxième cause de retard mental et de surdité neurosensorielle après les causes génétiques. Les cibles pré­férentielles du virus au sein de l’oreille in­terne sont les cellules de la strie vasculaire, de la membrane de Reissner et des cellules sombres du labyrinthe ; ces cellules ont en commun de faire partie des structures régulatrices du potassium du secteur endolymphatique de l’oreille interne. Les atteintes de l’oreille interne sont auditives (surdité neurosensorielle), vestibulaires (fatigabilité à la marche, difficultés de sta­bilisation du regard, atteinte du graphisme fin, atteinte de l’orientation dans l’espace, gêne à la lecture). Les traitements par mo­lécules antivirales ont montré leur efficaci­té dans le ralentissement de la dégradation de l’audition chez les enfants symptoma­tiques ; ils permettent, dans certains cas, une récupération partielle du seuil auditif et plus souvent une stabilisation de l’audi­tion. Les modalités optimales de durée du traitement et d’administration ne sont pas encore définies. En revanche, le traite­ment des enfants asymptomatiques n’a pas démontré sa pertinence. Malgré l’avis défavorable du Haut Conseil de la santé publique, l’instauration d’un dépistage viral systématique à la naissance permet­trait de repérer les enfants asymptoma­tiques et ainsi, à terme, de cibler les enfants susceptibles d’avoir une dégradation audi­tive pour leur proposer une surveillance rapprochée et une prise en charge adaptée.

Natacha Teissier, ORL et chirurgie cervicofaciale pédiatrique, hôpital Robert-Debré, Paris

1er octobre 2019