Le but de cette étude prospective, réalisée entre janvier et mai 2021 et publiée récemment dans le JAMA Internal Medicine, était d’évaluer la sensibilité des autotests antigéniques – utilisant la protéine de nucléocapside (N) comme cible – chez des personnes ayant un Covid confirmé, en la comparant à celle des tests PCR, et en fonction du temps passé depuis le début de l’infection.
Les chercheurs ont recruté 225 sujets (âge médian : 29 ans ; 52 % de femmes) appartenant à 107 ménages et ayant une infection par le SARS-CoV-2 confirmée par un test PCR positif ; 91 % étaient symptomatiques et seuls 2 % ont été hospitalisés. La grande majorité des personnes (86 %) n’étaient pas vaccinées.
Chaque participant était suivi pendant 15 jours. Quels que soient les symptômes, un test PCR sur prélèvement nasopharyngé était effectué à l’inclusion et un autre 14 jours après, et chacun devait faire un autotest antigénique quotidien pendant toute la durée du suivi (pour les enfants, il pouvait être réalisé par les parents). Un sous-groupe (10 % des sujets) faisait également des tests PCR quotidiens durant les 7 premiers jours après l’inclusion.
La sensibilité globale des autotests était estimée à 50 % ; elle était plus élevée chez les personnes symptomatiques (53 %) par rapport aux asymptomatiques (20 %). Les chercheurs expliquent cette valeur basse par le fait que dans l’évaluation globale tous les tests quotidiens réalisés sur la période étaient pris en compte – or une grande partie d’entre eux était réalisée à des stades tardifs de l’infection, lorsque la sensibilité est moins élevée. En effet, lorsqu’elle était comparée à celle des tests PCR réalisés le même jour, la sensibilité des autotests était meilleure que la moyenne globale : 64 % (mais toujours plus faible que celle des PCR : 84 %).
Par ailleurs, le taux de positivité des autotests atteignait un pic (77 %) à 4 jours du début de l’infection, contre 3 jours pour les PCR (à 95 %). Là encore, les autotests étaient plus sensibles chez les cas symptomatiques (pic à 80 %) que chez les asymptomatiques (50 %). Les taux de positivité étaient également plus élevés chez les infectés non vaccinés, comparés aux infectés qui avaient reçu au moins une dose. Selon les auteurs, ces écarts seraient dus aux différences de charge virale. Enfin, le taux de positivité décroissait plus rapidement avec les autotests qu’avec les PCR : 6 jours après l’apparition de la maladie, il était de 61 %, et à 11 jours de 16 % (versus 86 % dans les deux cas pour la PCR).
Les auteurs ont également constaté que la fréquence et le moment de réalisation des autotests avaient une incidence sur leur efficacité diagnostique : faire deux tests à 2 jours d’intervalle, ou encore sur 2 jours consécutifs, s’avérait plus efficace que réaliser un seul test, et ces différences étaient plus marquées lorsque les tests étaient faits au cours des 3 premiers jours de la maladie.
En bref : les résultats de cette étude montrent une plus grande sensibilité des autotests chez les personnes symptomatiques, dans les 4 premiers jours de l’infection, et lorsqu’ils sont réalisés à répétition.
Pour rappel, en France, la stratégie actuelle de dépistage (depuis mi-mars) pour les cas contacts est de réaliser un seul test à J2 de la notification du statut du contact (antigénique, PCR ou autotest), alors que la stratégie précédente prônait d’en faire au moins deux…
Finalement, bien que la période de réalisation de l’étude corresponde à la prédominance du variant alpha (plus de 50 % des cas recensés chez les participants) – limitant ainsi la généralisation de ses résultats –, d’autres études suggèrent que les autotests antigéniques restent efficaces en présence du variant omicron.