Dans un essai publié dans le Lancet Neurology, des chercheurs français ont mis au point un nouveau médicament contre les AVC ischémiques dont les résultats sont prometteurs.

Chaque année environ 140 000 personnes souffrent d’accident vasculaire cérébral (AVC) en France, dont 80 % d’AVC ischémiques. Pour ce type d’AVC, le traitement standard de la phase aiguë repose sur la thrombolyse (altéplase), avec ou sans thrombectomie mécanique. Malgré la grande efficacité de cette dernière, plus de 50 % des patients traités n’ont pas d’autonomie fonctionnelle à 3 mois.

Une start-up issue de l’Inserm, Acticor Biotech, a développé un fragment d’anticorps humanisé anti-glycoprotéine plaquettaire VI – une protéine membranaire exprimée par les plaquettes qui est impliquée dans la formation et la croissance de caillots, mais pas dans l’hémostase.

Une première étude de phase I chez des volontaires sains ayant montré un bon profil de sécurité pour ce candidat médicament appelé glenzocimab, un essai randomisé multicentrique en double aveugle contrôlé par placebo de phase Ib (escalade de dose) et IIa (confirmation de dose), ACTIMIS, a été mis en place. 

Dans la phase Ib, 60 patients adultes avec un diagnostic d’AVC ischémique potentiellement invalidant (score d’évaluation des déficiences neurologiques NIHSS > 6) et ayant reçu le traitement standard ont été répartis aléatoirement pour recevoir soit un placebo soit du glenzocimab (4 dosages : 125 mg, 250 mg, 500 mg ou 1 000 mg). Sur la base des résultats de cette étude en termes de sécurité et de pharmacocinétique, la dose de 1 000 mg a été retenue pour la phase IIa.

Dans ce dernier essai, suivant les mêmes conditions d’inclusion qu’en phase Ib, les patients recevaient, en plus du traitement standard, un placebo (N = 54, âge médian = 76,0 ans, 46 % de femmes) ou 1 000 mg de glenzocimab (N = 52, âge médian = 76,0 ans, 44 % de femmes). Les deux groupes avaient des caractéristiques similaires, quoique le groupe traité comportait moins de patients de plus de 80 ans (32 % vs 42 %). Les critères de jugement principaux étaient la sécurité (incidence et sévérité des effets indésirables, mortalité toutes causes à 3 mois, hémorragie intracrânienne, etc.), tandis que les critères secondaires comportaient la récupération neurologique avec le score NIHSS à 24 h, et le score mRS évaluant la sévérité du handicap à 90 jours.

Les résultats observés en phase IIa sont encourageants : la mortalité à 3 mois était significativement plus faible dans le groupe traité (7 %) que dans le groupe placebo (21 %) (p = 0,035) ; 33 % des patients avaient subi une hémorragie intracrânienne dans le groupe traité (dont aucune symptomatique), contre 60 % du groupe placebo (16 % d’entre elles étant symptomatiques). Le score NIHSS ne variait pas entre les groupes, ni la proportion de patients atteignant l’indépendance fonctionnelle à 3 mois (score mRS de 0 à 2). Calculée uniquement chez les patients ayant subi une thrombectomie, la recanalisation semblait plus fréquente après traitement. Les auteurs concluent de leur essai la sécurité de ce nouveau médicament, ainsi que la nécessité de confirmer son efficacité dans des essais de phase II/III, dont deux sont en cours (ACTISAVE et GREEN).