Les cyanobactéries, micro-algues d’eau douce, ou algues bleues, peuvent parfois se développer en très grand nombre, donnant une couleur bleue à l’écume de l’eau. Cette prolifération est favorisée par la présence d’éléments nutritifs (azote, phosphore), une température de l’eau dépassant 15 °C, un ensoleillement important, des précipitations, une turbidité élevée de l’eau et l’absence de prédateurs. Ces cyanobactéries produisent diverses toxines (hépatotoxines, neurotoxines, dermatotoxines) qui peuvent provoquer – après ingestion accidentelle d’eau contaminée – des irritations cutanées, des conjonctivites, des céphalées, des diarrhées et des vertiges. Des contrôles réguliers* sont réalisés par les services sanitaires, qui interdisent la baignade et la consommation des poissons au-delà de 100 000 cellules/mL.
Giardia intestinalis est un protozoaire flagellé intestinal. La forme végétative est située dans le duodénum et les formes kystiques, éliminées avec les selles et disséminées dans la nature, sont absorbées avec l’eau et les crudités. L’incubation s’étend de 7 à 20 jours. La giardiose se manifeste par des épigastralgies périodiques pouvant évoquer un ulcère d’estomac. Le diagnostic est affirmé par l’examen parasitologique des selles et le traitement repose sur la prise d’un dérivé imidazolé (métronidazole par exemple).
La dermatite des nageurs, constatée dans plusieurs lacs de l’est de la France, est due à une pénétration transcutanée de formes larvaires de schistosomes d’oiseaux aquatiques (canards, cygnes, oies), Trichobilharzia ocellata. Sur une peau humaine, ces larves ne peuvent évoluer pour accomplir leur cycle complet et ne provoquent que des lésions cutanées. Le sujet infesté se plaint alors de prurit diffus et d’une éruption maculopapuleuse. Le traitement est symptomatique (antihistaminiques), essentiellement pour calmer le prurit. En prévention, il est fortement recommandé de prendre une douche dès la sortie du bain et de s’essuyer pour éliminer les cercaires restant éventuellement sur la peau.
La bilharziose est une affection répandue en Afrique, à Madagascar et en Amérique du Sud. Cependant, un foyer de bilharziose urinaire, due à Schistosoma haematobium, a été détecté en Corse, dans la rivière Cavu au nord de Porto-Vecchio, il y a quelques années. L’homme s’infeste par pénétration des formes parasitaires à travers la peau lors d’un bain en eau douce. La maladie se manifeste par une hématurie. Le diagnostic est établi par la recherche des parasites dans les urines ; le traitement repose sur une cure de praziquantel (40 mg/kg de Biltricide), traitement efficace et bien toléré.
La mélioïdose, due à Burkholderia pseudomallei, ou bacille de Whitmore, est endémique dans les étangs et rizières d’Asie du Sud-Est, mais des cas sont retrouvés en Europe. L’homme s’infeste par voie transcutanée (plaies, brûlures) ou par ingestion ou inhalation d’eau. La maladie provoque une infection respiratoire mais parfois aussi une septicémie. Le diagnostic est affirmé par la mise en évidence du germe dans le sang. Un traitement antibiotique est nécessaire.
En zone tropicale, la contamination des cours d’eau par les matières fécales est une source fréquente d’infestation par les amibes, de l’espèce Entamoeba histolytica, qui provoque des diarrhées sérosanglantes. En France, une petite épidémie est survenue il y a quelques années dans un cours d’eau d’une station thermale contaminé par des sujets revenant d’une zone tropicale.
En Europe, il existe une amibe proliférant dans les eaux de rivière réchauffées par les rejets des usines. Du genre Acanthamoeba, elle est relativement rare mais grave, car elle pénètre par les voies nasales lors de plongeon ou de saut en rivière et provoque une atteinte cérébrale. D’autres espèces peuvent provoquer des troubles oculaires graves chez les porteurs de lentilles.
Enfin, rappelons que la leptospirose, affection cosmopolite, atteint 600 à 800 personnes en France par an, dont 60 % de sujets ayant pratiqué une activité aquatique estivale.
*Les eaux de baignade sont régulièrement contrôlées par les ARS qui affichent les résultats à proximité des lieux concernés. À titre d’exemple, l’ARS d’Occitanie a contrôlé 293 points de baignade en eau douce : 212 étaient excellents, 41 bons, d’autres considérés comme insuffisants et 7 ont été fermés au public.
Aussi des risques traumatiques
Toute baignade, en mer ou en eau douce, est associée à un risque de noyade si le nageur s’est affolé (quel que soit le motif), ou a avalé une quantité importante d’eau, ou a plongé dans un plan d’eau sans avoir apprécié sa profondeur. Une promenade en lac ou en rivière calme, en barque, en canoë ou encore en kayak est également à risque en cas de chavirage ou de prise dans un courant fort, car les conditions météorologiques peuvent évoluer très rapidement. Une hydrocution est possible en cas de forte chaleur, car l’eau de rivière, résultat de la fonte des neiges, est souvent assez froide.
Les passionnés d’activités sportives font du rafting, du canyoning ou autre sport aquatique dans les rivières, les torrents, les gorges, etc. Les rivières sont d’ailleurs classées de I (courant rapide, peu de vagues, obstacles facilement évitables, récupération facile en cas de problème) à VI (parcours difficile, récupération difficile, réservé à des sportifs expérimentés, et toujours après une reconnaissance préalable du niveau de l’eau).
Le rafting consiste à naviguer en équipe, sur un bateau gonflable, sur des cours d’eau ayant un gros débit, avec des vagues et des obstacles, pour se procurer une sensation de glisse sur l’eau et de vitesse. Le canyoning est un sport complet, associant la randonnée pédestre, l’alpinisme, la spéléologie et la nage, procurant des sensations d’escalade en milieu insolite. Il se pratique sur des torrents de montagne encaissés, avec des cascades à descendre en rappel ou en toboggan, nécessitant une bonne forme physique, car la dépense énergétique est très importante.
Ces descentes de rivière peuvent provoquer des chutes ou des glissades responsables de blessures diverses. Le vaccin antitétanique doit être à jour. Par exemple, le « drossage », dû à un fort courant dans une courbe de rivière, entraîne, par la pression de l’eau, un plaquage du sportif contre les parois rocheuses de la rivière. Le « rappel » peut survenir lorsqu’une eau rapide, franchissant un seuil avec une inclinaison importante, augmente très rapidement son débit en créant des tourbillons difficiles à contrôler. Le « coincement » quand l’embarcation est plaquée par le courant contre des amas de pierre et des troncs d’arbres, avec un risque de rupture et de chavirage.
Aussi, pour pouvoir réaliser ces sports en évitant au maximum les risques traumatiques, il faut, outre une bonne santé physique, ne rien négliger concernant l’équipement et le matériel (gilet de sauvetage, chaussures antidérapantes, combinaison en néoprène, casque, matériel vérifié et sécurisé). En outre, il est fortement conseillé d’effectuer ces activités avec un moniteur chevronné et en respectant au maximum les règles de sécurité.
Pr Patrice Bourée, Institut Alfred-Fournier, 75014 Paris.
Pour en savoir plus :
Bourée P. Syndrome pseudo-grippal après rafting ?Rev Prat (en ligne) août 2021.
Berry A, Fillaux J. Schistosomose en Corse.Rev Prat Med Gen 2018;32(993);18-9.