Le gigantisme hypophysaire est une affection très rare qui se développe avant la fin de la période pubertaire, liée à un excès d’hormones de croissance, en général sécrétées par un adénome de l’hypophyse. Cette maladie parfois très impressionnante s’accompagne d’une réduction significative d’espérance de vie. Jusqu’à très récemment, peu d’études scientifiques avaient été consacrées aux géants, vraisemblablement en raison de leur rareté et de la difficulté d’en assembler de grandes séries. À la suite des travaux sur le FIPA (Familial Isolated Pituitary Adenoma) et la découverte des mutations du gène AIP (Aryl Hydrocarbon Receptor-Interacting Protein), il est devenu évident que les patients atteints d’une mutation du gène AIP présentent des adénomes hypophysaires sécrétant préférentiellement l’hormone de croissance. Ces adénomes sont agressifs et conduisent à un développement précoce de la maladie, fréquemment avant la fin de la puberté, conduisant au gigantisme. 

Ces travaux ont stimulé la réalisation d’études scientifiques et notamment génétiques sur les géants. Plusieurs causes génétiques du gigantisme sont maintenant connues : la plus fréquente est une mutation du gène AIP (environ 30 % des cas). Dans 10 % des cas, la cause est une duplication du gène GPR101, responsable du syndrome X-LAG (X-Linked Acrogigantism). Ce syndrome, découvert très récemment, comprend les formes les plus extrêmes de gigantisme humain (avec des tailles supérieures à 2,50 m), tel le géant Julius Koch alias «le Géant Constantin» (2,59 m) décédé à 30 ans en 1902. Une étude soigneuse de son ADN a en effet affirmé le diagnostic. Ces travaux sur X-LAG ont permis de faire progresser notre compréhension sur la physiologie de la croissance et sur les mécanismes patho­logiques hypothalamo-hypophysaires qui gouvernent la formation des adénomes somatotropes.

Albert Beckers, service d’endocrinologie, centre hospitalier universitaire de Liège, domaine universitaire de Sart-Tilman, Liège, Belgique

29 mars 2022