Effets sur la mémoire épisodique et antérograde
La plainte la plus fréquente des usagers de benzodiazépines (alprazolam, oxazépam, diazépam, etc.) et molécules apparentées (zopiclone) concerne les effets sur la mémoire (figure). Ces effets amnésiants, variables d’une personne à l’autre, augmentent :
- avec l’âge ;
- avec la dose ;
- en cas d’association avec d’autres médicaments amnésiants, notamment les psychotropes ayant un effet anticholinergique (cyamémazine, clozapine, hydroxyzine, certains antidépresseurs, etc.).
Les benzodiazépines peuvent perturber la mémoire épisodique, c’est-à-dire la capacité à se souvenir d’événements passés, et à prévoir ceux à venir. Au quotidien, cela peut entraîner des oublis de RDV ou de la localisation d’objets, etc.
Les benzodiazépines peuvent aussi perturber la capacité à mémoriser de nouvelles informations et entraîner une amnésie dite antérograde. Cet effet est très marqué avec les benzodiazépines à demi-vie courte comme les Z-médicaments (zolpidem et zopiclone). Ces effets amnésiants peuvent être utilisés de manière criminelle et les benzodiazépines font partie des substances administrées à l’insu de la personne pour induire une soumission chimique. Du fait de l’amnésie, les personnes ne se souviennent plus d’avoir été victimes d’agression ou autre acte criminel, ce qui complique leur témoignage, notamment en cas de dépôt de plainte.
Benzodiazépines et stress post-traumatique
Du fait de ces effets amnésiants, il est vivement déconseillé de prendre des benzodiazépines pour diminuer l’anxiété immédiatement après l’exposition à un événement traumatique. Cela aggrave les perturbations aiguës de la mémoire générées par le trauma et augmente le risque de développer un trouble de stress post-traumatique.
Benzodiazépines et démence
Les effets amnésiants disparaissent en général rapidement après l’arrêt des benzodiazépines. Cependant, des études montrent qu’en cas d’exposition prolongée, des perturbations mnésiques peuvent persister plusieurs mois après l’arrêt.
Une association a été mise en évidence entre usage prolongé de benzodiazépine et risque augmenté de démence, notamment en cas d’exposition prolongée aux benzodiazépines à demie-vie longue. En l’état actuel des connaissances, on ne peut pas affirmer qu’il existe une relation de cause à effet dans l’apparition de ces déficits cognitifs. En effet, d’autres facteurs pourraient être impliqués chez les usagers de benzodiazépines, liés aux pathologies traitées. Néanmoins, par précaution, il convient de limiter autant que possible la durée de prescription des benzodiazépines.
Les règles de prescription sont rappelées dans l’encadré ci-dessous.
Règles de prescription des benzodiazépines
- Respect des posologies recommandées
- Monothérapie
- Arrêt progressif
- Durée limitée : de 4 à 12 semaines, sevrage inclus
- Réévaluation régulière
Chez le sujet âgé (> 65 ans) :
- Utiliser des molécules à demi-vie courte
- Posologies initiales divisées par 2
- Pas de renouvellement au-delà de 4 semaines sans réévaluation