Depuis 2021, la primo-prescription et le renouvellement de la prophylaxie préexposition contre le VIH (PrEP) peuvent être faits par les médecins de ville. Un rapport récent d’Épiphare témoigne d’un élargissement des initiations de PrEP grâce à cette mesure, notamment en médecine générale, mais recommande certaines améliorations des pratiques.

Depuis 2017, Épiphare (groupement d’intérêt scientifique ANSM-Cnam) suit l’évolution de l’utilisation de la PrEP contre le VIH (Truvada et génériques) en France, à partir des données du Système national des données de santé (SNDS). Leur nouveau rapport vient d’être publié, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida.

Primo-prescription en augmentation, surtout en MG

Le rapport révèle une augmentation de 31 % de l’initiation d’une PrEP entre juin 2022 et 2023. Entre janvier 2016 et juin 2023, 84 997 personnes au total ont initié une PrEP, soit 20 129 de plus qu’au 30 juin 2022 (augmentation de 31 %). En comparaison, entre le 30 juin 2021 et le 30 juin 2022, le nombre d’initiations de PrEP avait été de 18 380.

Au premier semestre 2023, plus spécifiquement, le nombre d’utilisateurs et utilisatrices de PrEP s’élevait à 52 802, dont 19 % en primo-prescription (v. figure).

La part d’initiations et renouvellements de PrEP effectués en ville était de 42 % au premier semestre 2023, dont la quasi-totalité (90 %) par des médecins généralistes.

Quels sont les patients concernés ?

Parmi les 84 997 personnes ayant initié une PrEP sur la période, 41 % résidaient en Île-de-France. Cependant, poursuivant la tendance des années précédentes, la part des patients prenant la PrEP et résidant à Paris ou sa petite couronne et en PACA a continué de diminuer cette dernière année au profit d’autres régions métropolitaines, notamment Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France, Normandie, Pays de la Loire.

La quasi-totalité des patients (97 %) étaient des hommes, âgés de 36 ans en moyenne. Seuls 8 % étaient bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS) et 1 % de l’aide médicale d’État (AME).

La part des femmes, bien qu’encore très minoritaire, a augmenté pour atteindre 4,6 % au premier semestre 2023. Parmi elles, 9 % étaient bénéficiaires de la CSS (en hausse aussi).

Éléments à améliorer

Si un contrôle de la fonction rénaleest recommandé à l’initiation de la PrEP (puis à 1 mois, 4 mois et ensuite tous les 3 mois durant le traitement ; v. encadré), selon ce rapport seuls 67 % des patients en ont bénéficié lors de la primo-prescription entre 2016 et juin 2023. Ce contrôle était, de plus, en baisse pour les prescriptions initiées au premier semestre 2023 (61 %).

Par ailleurs, la comédication par des traitements néphrotoxiques à l’initiation de la PrEP a concerné 17 % des patients sur l’ensemble de la période (proportion restée stable en 2023 : 16 %).

Cependant, ce rapport ne renseigne pas sur les examens de suivi, que ce soit de la fonction rénale ou des IST, recommandés au cours du traitement par PrEP.

Enfin, il révèle que le renouvellement des PrEP qui ont été initiées en 2022 a connu une légère baisse par rapport à l’année précédente (2,4 délivrances de renouvellement en moyenne, dans les 6 mois suivant la primo-prescription, versus 2,6 auparavant). La proportion de personnes n’ayant eu aucun renouvellement dans les 6 mois suivant l’initiation était en hausse (27,6 % versus 23,5 %).

En conclusion, l’utilisation de la PrEP a progressé en France depuis que sa primo-prescription est possible en ville. Néanmoins, la diffusion à toutes les catégories de population qui pourraient en bénéficier – femmes, personnes en situation de précarité – reste encore limitée et à améliorer. Une attention particulière doit aussi être portée aux contrôles à effectuer à l’initiation de ce traitement et pendant son suivi.

Encadre

Prescription et renouvellement de la PrEP, en pratique

Pour en savoir plus
Épi-Phare. Suivi de l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH.  29 novembre 2023.

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