Par définition, un complément alimen­taire est une denrée dont le but est de compléter le régime alimentaire normal. Mais les motivations du grand public à consommer ce type de produits dépassent largement ce cadre : ils sont utilisés pour rester jeune et en bonne santé, pour prévenir une pathologie, pour se réapproprier sa maladie. La réglementation européenne, transposée dans le droit français, définit différents types d’allégation (nutritionnelle, de santé, de réduction du risque de mala­dies) dont certaines sont source de confu­sion avec le médicament. Les compléments alimentaires peuvent être utiles dans cer­taines situations particulières au cours du cycle de la vie (ex : acide folique chez la femme prévoyant une maternité, vitamine D chez la personne âgée…). Mais ils peuvent provoquer des effets indésirables, voire une véritable perte de chance, par leur mésu­sage, un surdosage, leur association entre eux ou avec des médicaments, leur mauvaise qualité, une confusion entre différentes espèces de plantes, la présence de substances masquées et illicites… Ces problèmes se rencontrent principalement pour des produits vendus sur internet. D’où l’impor­tance du dispositif de nutrivigilance auquel les professionnels de santé devraient adhé­rer plus fortement. Certaines molécules, plantes et extraits de plantes autorisés dans les compléments alimentaires ne devraient pas l’être, et la liste positive relative aux plantes doit être urgemment révisée. Enfin, les médecins, les pharmaciens et les diététi­ciens devraient être mieux formés à l’utili­sation de ces produits.

Pr Luc Cynober, nutrition, biochimie, hôpital Cochin, Paris, France

26 avril 2022