En ce début d’année : effervescence autour du Dry January ou Janvier sec, Soit un mois sans (ou avec moins) d’alcool ! Pourquoi tant de remous ? Plus inquiétant, pourquoi le pouvoir exécutif et les autorités sanitaires ont-ils lâché cette initiative, après avoir annoncé son lancement cet été ? Et s’être défaussés sur le monde associatif et ses bonnes volontés...
Tout a commencé le 14 novembre avec les propos d’Emmanuel Macron dans un restaurant étoilé d’Épernay – propos rapportés par des représentants du milieu viticole champenois et jamais démentis par l’Élysée. Au menu : la « menace » agitée par le ministère de la Santé d’organiser un Dry January à la française, au lendemain des fêtes.
Loin de prôner une abstinence totale, cette campagne d’origine britannique consiste à proposer une pause avec l’alcool et, le cas échéant, d’en constater les bénéfices sur la santé. S’interroger sur sa consommation et, plus généralement, prendre conscience du rapport que nous entretenons avec les boissons alcooliques.
On attendait l’opinion du président – lui qui, candidat, clamait haut et fort les vertus de la prévention. « Le président de la République nous a affirmé qu’il n’y aurait pas de “Janvier sec” et que nous pouvions le faire savoir », rapporta Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne à l’issue du déjeuner. Début novembre, une action avait été menée par la filière des vins spiritueux auprès d’Édouard Philippe, pour s’opposer au projet alors porté par Santé publique France. « Cette opération remet en question la politique de santé publique favorisée jusqu’à présent par les autorités françaises, en substituant la notion d’abstinence à celle de modération. »
Dès le lendemain, une réplique musclée des présidents de 4 associations de lutte contre les addictions1 exhortait le gouvernement à ne pas céder à la pression des lobbies alcooliers. Riposte de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, « très opposé au mois de janvier sans vin » (sic). « Je trouve ça aberrant. Je préfère la modération toute l’année que l’interdiction et la prohibition un mois de l’année », rappelant par ailleurs son engagement total dans la lutte contre toutes les addictions.
Qui allait l’emporter ? Officiellement, le Dry January à la française était bien soutenu par Santé publique France comme l’avait annoncé Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) en juin. Cinq médecins s’adressèrent alors solennellement à Emmanuel Macron 2. « Il serait incompréhensible, pour les professionnels de santé que nous sommes mais aussi pour l’opinion, que cette opération soit annulée sous la pression d’un lobby qui n’en comprend visiblement pas l’enjeu. Ce groupe de pression se prévaut de sa proximité avec la présidence pour faire échouer une action de prévention en santé publique.»
Silencieuse durant tous ces échanges, Agnès Buzyn tenta, en vain, de justifier ce qui ne pouvait plus l’être. Elle expliqua qu’elle n’avait pas encore validé une campagne « qui ne lui avait pas été proposée ». Que tout ceci serait étudié en février lors d’un comité interministériel dédié à la prévention en santé. Autant d’éléments contestés par la partie adverse, révélant que la ministre était parfaitement au fait du sujet et qu’un financement avait été débloqué pour soutenir l’opération.
Faute du soutien de la puissance publique, un collectif d’une trentaine associations a lancé, in extremis et dans une certaine précipitation, #LeDefiDeJanvier. Rien ne permet de dire quel sera l’écho de ces campagnes originales dont les effets ne pourront sans doute guère être évalués. Et dans un an, quelle sera l’attitude du gouvernement ? Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ?
Tout a commencé le 14 novembre avec les propos d’Emmanuel Macron dans un restaurant étoilé d’Épernay – propos rapportés par des représentants du milieu viticole champenois et jamais démentis par l’Élysée. Au menu : la « menace » agitée par le ministère de la Santé d’organiser un Dry January à la française, au lendemain des fêtes.
Loin de prôner une abstinence totale, cette campagne d’origine britannique consiste à proposer une pause avec l’alcool et, le cas échéant, d’en constater les bénéfices sur la santé. S’interroger sur sa consommation et, plus généralement, prendre conscience du rapport que nous entretenons avec les boissons alcooliques.
On attendait l’opinion du président – lui qui, candidat, clamait haut et fort les vertus de la prévention. « Le président de la République nous a affirmé qu’il n’y aurait pas de “Janvier sec” et que nous pouvions le faire savoir », rapporta Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne à l’issue du déjeuner. Début novembre, une action avait été menée par la filière des vins spiritueux auprès d’Édouard Philippe, pour s’opposer au projet alors porté par Santé publique France. « Cette opération remet en question la politique de santé publique favorisée jusqu’à présent par les autorités françaises, en substituant la notion d’abstinence à celle de modération. »
Dès le lendemain, une réplique musclée des présidents de 4 associations de lutte contre les addictions1 exhortait le gouvernement à ne pas céder à la pression des lobbies alcooliers. Riposte de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, « très opposé au mois de janvier sans vin » (sic). « Je trouve ça aberrant. Je préfère la modération toute l’année que l’interdiction et la prohibition un mois de l’année », rappelant par ailleurs son engagement total dans la lutte contre toutes les addictions.
Qui allait l’emporter ? Officiellement, le Dry January à la française était bien soutenu par Santé publique France comme l’avait annoncé Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) en juin. Cinq médecins s’adressèrent alors solennellement à Emmanuel Macron 2. « Il serait incompréhensible, pour les professionnels de santé que nous sommes mais aussi pour l’opinion, que cette opération soit annulée sous la pression d’un lobby qui n’en comprend visiblement pas l’enjeu. Ce groupe de pression se prévaut de sa proximité avec la présidence pour faire échouer une action de prévention en santé publique.»
Silencieuse durant tous ces échanges, Agnès Buzyn tenta, en vain, de justifier ce qui ne pouvait plus l’être. Elle expliqua qu’elle n’avait pas encore validé une campagne « qui ne lui avait pas été proposée ». Que tout ceci serait étudié en février lors d’un comité interministériel dédié à la prévention en santé. Autant d’éléments contestés par la partie adverse, révélant que la ministre était parfaitement au fait du sujet et qu’un financement avait été débloqué pour soutenir l’opération.
Faute du soutien de la puissance publique, un collectif d’une trentaine associations a lancé, in extremis et dans une certaine précipitation, #LeDefiDeJanvier. Rien ne permet de dire quel sera l’écho de ces campagnes originales dont les effets ne pourront sans doute guère être évalués. Et dans un an, quelle sera l’attitude du gouvernement ? Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ?