Des cas de botulisme alimentaire ont été signalés le 12 septembre 2023 par Santé publique France, chez des personnes ayant consommé des sardines en bocal de fabrication artisanale…

Tous les cas ont fréquenté le même établissement à Bordeaux entre le lundi 4 et le dimanche 10 septembre 2023, le restaurant « Tchin Tchin Wine Bar », et ont consommé des sardines en bocal préparées par le restaurateur. Le temps d’incubation du botulisme alimentaire pouvant aller de quelques heures à quelques jours, la survenue d’autres cas, dans les prochains jours, en lien avec cet établissement, n’est pas exclue.

À ce jour, une personne est décédée et 8 personnes sont hospitalisées (Bordeaux et Île-de-France) dont 7 personnes en réanimation ou en unité de surveillance continue.

Retour sur cette pathologie.

Mode de contamination

Le botulisme alimentaire, dû à l’ingestion de toxine botulique préformée (encadré 1) dans un nutriment, est la forme la plus fréquente en France. Les autres modes de transmission (par blessure, respiratoire, iatrogène) sont exceptionnels.

En cause : des aliments conservés permettant une croissance de C. botulinum avec production de toxine, mais aussi n’ayant pas subi de traitement thermique prolongé et non acide (pH > 4,5) tels que les conserves de préparation familiale, les salaisons (viande, poisson), les denrées sous vide et réfrigérées.

Quels signes ?

Paralysies flasques et baisse des sécrétions témoignent du botulisme alimentaire (encadré 2).

De façon caractéristique, les paralysies de type descendant débutent au niveau oculaire (troubles de l’accommodation, diplopie, ptosis), puis apparaissent une parésie pharyngée (dysphagie, dysphonie, sécheresse de la bouche), une parésie/paralysie des membres supérieurs puis inférieurs et une faiblesse musculaire, associées à une constipation. Les atteintes sévères se manifestent par une insuffisance respiratoire liée à la paralysie du diaphragme et des autres muscles respiratoires. Elle peut être mortelle en l’absence de traitement. Des formes frustes (avec uniquement des troubles visuels transitoires) sont possibles.

Quelle prise en charge ?

Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée.

L’administration de l’antitoxine botulique dans les heures ou les premiers jours après le début des symptômes peut permettre de raccourcir le temps d’hospitalisation.

La dispensation de l’antitoxine botulique se fait via une autorisation d’accès compassionnel (AAC). La demande de celle-ci s’effectue par les PUI sur la plateforme de dédiée de l’ANSM e-Saturne (https://icsaturne.ansm.sante.fr/).

Le stock d’antitoxine botulique relève du stock de l’État, géré par Santé publique France. Les demandes sont traitées 24 h/24 et 7 jours/7.

Encadre

1. Types de toxine botulique

A : à l’origine des formes les plus sévères

B : manifestations plus modérées ; c’est le type le plus fréquent en France, souvent associé à la consommation de jambon cru, salé et séché (préparation familiale ou artisanale)

E : lié à la consommation de poissons salés, séchés ou fermentés ; plus rarement autres aliments ; peu de cas en France

F : rares cas de botulisme humain

C et D : surtout chez l’animal (bovins, oiseaux d’eau sauvages et d’élevage)

G : aucun botulisme rapporté dans les conditions naturelles

Encadre

2. Signes cliniques

Botulisme alimentaire :

  • paralysie pharyngée (dysphagie, dysphonie, sécheresse de la bouche),
  • constipation,
  • parésie/paralysie des membres, faiblesse,
  • insuffisance respiratoire dans les formes sévères.

Botulisme infantile (colonisation intestinale par C. botulinum chez les moins de 1 an, le plus souvent d’origine environnementale) :

  • constipation,
  • évolution apyrétique,
  • insuffisance respiratoire dans les formes sévères.

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