Largement sous-diagnostiquée, la BPCO touche au moins 3 millions de personnes en France et est responsable d’une lourde morbimortalité. Grâce à une analyse effectuée à partir du Système national des données de santé, la HAS a identifié 7 pistes d’amélioration pour la prise en charge en ville, notamment en médecine générale.

 

La BPCO, bronchopneumopathie chronique obstructive, est à l’origine d’un grand nombre d’hospitalisations – qui ont augmenté de 15,5 % de 2007 à 2012 – et de décès (environ 18 000 en 2014).

Elle est désormais considérée comme une maladie non pas uniquement pneumologique mais systémique, nécessitant une prise en charge globale, coordonnée de manière conjointe par le médecin généraliste et le pneumologue. Après avoir publié le parcours de soins en 2020, la HAS a mené, à partir du Système national des données de santé, un travail d’identification des indicateurs permettant de mesurer la qualité des soins aux personnes à risque ou atteintes de BPCO. De ces résultats découlent 7 pistes d’amélioration pour la prise en charge en ville.

1. Améliorer le dépistage

Le dépistage de la BPCO repose sur la spirométrie ou les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR), qu’il faut faire chez tous les patients de plus de 40 ans ayant un symptôme et un facteur de risque (tabagisme, exposition professionnelle notamment à des toxiques ou irritants). L’objectif est de réduire l’exposition, de ralentir l’évolution de la maladie et de diminuer la fréquence et la sévérité des complications. Pourtant, seules 21,3 % des personnes identifiées à risque de BPCO en bénéficient (16 % de moins de 50 ans, 28 % dans la tranche d’âge 70-74 ans et 14 % après 85 ans).

En pratique : pensez à la BPCO devant tabagisme + symptômes + âge > 40 ans !

2. Vacciner contre la grippe 

La vaccination contre la grippe des patients atteints de BPCO prévient les exacerbations. On constate pourtant que seulement 52,7 % des patients sont vaccinés et que ce taux tombe à 33 % chez les moins de 65 ans. Pour rappel, tout patient ayant une pathologie respiratoire chronique doit être vacciné aussi contre le pneumocoque selon le schéma combiné Prevenar13 suivi au moins 8 semaines plus tard par Pneumovax.

3. Réaliser une spirométrie ou EFR une fois par an chez les patients atteints de BPCO

Cela est primordial pour surveiller la fonction respiratoire et ajuster ou renforcer les traitements si nécessaire. Elle n’est réalisée que pour 34,2 % des patients.

Les autres points concernent l’amélioration du suivi médical en ville après hospitalisation par exacerbation. Le retour à domicile est une période critique : une exacerbation qui nécessite une hospitalisation est un événement grave associé à un risque accru de décès et de réadmission.

4. Un contact avec le médecin traitant dans les 7 jours après la sortie de l’hôpital est essentiel pour assurer la continuité des soins. Cette consultation n’est mise en place que dans 41,9 % des cas.

5. Le suivi par le pneumologue dans les 60 jours permet de réévaluer les besoins du patient et d’ajuster le traitement à moyen terme ; il n’est réalisé que pour 30,9 % des patients.

6. Un traitement de BDLA (bronchodilatateur de longue durée d’action) doit être initié ou poursuivi dans les 90 jours : il vise à améliorer la fonction respiratoire des patients, donc leur qualité de vie. Ce traitement de référence est poursuivi ou initié par 74 % des patients, et seulement par 58 % des plus de 85 ans.

7. La mise en place d’un programme de réadaptation respiratoire est recommandée dans les 90 jours pour améliorer la qualité de vie et diminuer la mortalité et le risque de ré-hospitalisation. Seuls 31,1 % des patients y ont accès (42 % chez les plus de 85 ans).

Rappel de 10 messages clés pour la prise en charge optimale de la BPCO :

• Penser à la BPCO devant tabagisme + symptômes chez une personne de plus de 40 ans

• La spirométrie est nécessaire pour faire le diagnostic de BPCO

• Le traitement repose sur : sevrage tabagique + activité physique + vaccinations + bronchodilatateurs

• La réadaptation respiratoire doit être proposée à tout patient dyspnéique

• Bien expliquer le maniement du dispositif d’inhalation

• Ne pas prescrire de corticoïde inhalé seul

• Ne pas prescrire de corticoïde oral au long cours

• En cas d’exacerbation : l’antibiothérapie n’est pas systématique (prescrite uniquement s’il y a une augmentation de la purulence et/ou du volume de l’expectoration)

• L’oxygénothérapie n’est renouvelée que si hypoxémie sévère (< 60 mmHg)

• Aborder la question de la personne de confiance, des directives anticipées et des soins palliatifs suffisamment tôt dans le parcours de soins.

bb

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

HAS. BPCO : des indicateurs de qualité pour évaluer le parcours de soins des patients. 4 avril 2022.

HAS. Résultats des indicateurs de qualité du parcours des patients à risque ou atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). 3 mars 2022.

HAS. Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). 30 janvier 2020.

Peiffer G, Underner M, Perriot J. BPCO : pensez aussi aux causes professionnelles !Rev Prat 2018;68(1);74-8.

Nobile C. BPCO : à qui et comment prescrire une réadaptation respiratoire ?Rev Prat (en ligne) 2 décembre 2020.

Blanchard É, Andrejak C. BPCO, asthme, DDB : quels vaccins ?Rev Prat Med Gen 2021;35(1053);29-30.

Housset B, Zysman M. BPCO : nouvelles propositions de la SPLF.Rev Prat Med Gen 2016;30(970):768-9.