En l’absence d’un vaccin pédiatrique contre le VRS, un vaccin bivalent inoculé à la femme enceinte pourrait améliorer la protection immunitaire des nourrissons par transfert des anticorps maternels au fœtus via le placenta, d’après une étude récente publiée dans le NEJM.

Le virus respiratoire syncytial (VRS) est la principale cause de bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans. À part le palivizumab, un anticorps monoclonal à l’efficacité limitée (environ 50 %) indiqué dans la prévention de la bronchiolite chez les prématurés, aucune prophylaxie contre le VRS n’existe à l’heure actuelle. La recherche d’un vaccin a été relancée à partir de 2013 par l’élucidation de la structure pré-fusion de la protéine RSV-F, cible principale des anticorps neutralisant le VRS.

En se basant sur un vaccin bivalent développé par Pfizer à base des protéines RSV-F des souches A et B du VRS, des chercheurs américains sponsorisés par l’entreprise ont mené un essai clinique de phase IIB, dont les résultats ont été publiés en avril dans NEJM. L’essai multicentrique, en simple aveugle et randomisé, a concerné 406 femmes et 403 nourrissons dans quatre pays. Les femmes enrôlées ont été assignées à 5 groupes : un groupe placebo et 4 groupes recevant entre 24 et 36 semaines de gestation une injection de 120 ou 240 µg de vaccin bivalent avec autant d’antigènes du VRS A que du VRS B, avec ou sans hydroxyde d’aluminium. Les femmes enceintes et les nourrissons étaient ensuite suivis jusqu’aux 12 mois de l’enfant.

Les auteurs ont rapporté une incidence similaire d’effets indésirables entre les groupes vaccinés et le groupe placebo chez les femmes comme chez les nourrissons. En plus de ne pas être nocif, le vaccin entraîne une multiplication par 9,7 à 11,7 de la moyenne géométrique du titre d’anticorps neutralisant le VRS A chez les nourrissons par rapport au groupe placebo, et une multiplication de 11,0 à 15,1 chez les mères, selon les groupes vaccinés. Des données similaires sont observées pour les anticorps neutralisant le VRS B.

Malgré ces premiers résultats encourageants, l’efficacité du vaccin contre la bronchiolite n’a pas pu être formellement établie, faute de puissance statistique. En effet, dans la cohorte étudiée, seuls 3 enfants ont développé une bronchiolite parmi les enfants de mères vaccinées, contre 5 parmi ceux nés de mères du groupe placebo.

 

Pour en savoir plus
Simões EA, Center KJ, Tita AT, et al. Prefusion F Protein–Based Respiratory Syncytial Virus Immunization in Pregnancy. N Engl J Med  2022;386:1615-26.